Programme Oasis Sud - Une expérience marocaine de développement durable

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Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement Agence pour la Promotion et le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume

Programme Oasis Sud Une expérience marocaine de développement durable

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C A H I E R S

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Haute Sollicitude Royale pour la sauvegarde et le développement des oasis du Maroc saharien

Sa Majesté le Roi Mohammed VI offrant un broyeur pour compostage à une coopérative de l’oasis d’Akka, en décembre 2007.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI visitant l’oasis de Tighmert, en décembre 2007.

Lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI des travaux du barrage Sidi El Mahjoub, en décembre 2007.

Sa Majesté le Roi Mohammed VI s’enquérant de l’état d’avancement du projet de réhabilitation du Ksar d’Assa, en décembre 2007.


«...Mon pays s’est employé à relever les défis posés par les effets néfastes des changements climatiques, de la sécheresse et de la désertification, mettant en oeuvre, à cet effet, un plan national ambitieux et réaliste fondé sur une approche démocratique et participative et des programmes d’action voués à la protection de l’environnement et de la biodiversité. Il s’est attaché, parallèlement, à remplir ses engagements internationaux relatifs au développement durable. Ainsi, il a accueilli une série de rencontres internationales, notamment la 7ème Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, qui a fait du Protocole de Kyoto, un accord opérationnel...»

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du Sommet mondial sur le développement durable Johannesburg, 2 septembre 2002

«...La première consiste [pour l’Agence du Sud] ...à focaliser ses missions sur la réalisation de projets de développement humain et la mise en oeuvre de programmes locaux, générateurs d’emplois pour les jeunes et propres à consolider la justice sociale...»

Discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 35ème anniversaire de la Marche Verte 6 novembre 2010


Ce document a été réalisé à la demande et sur financement de : UNDP Drylands Development Centre / Coopération Finlandaise

Drylands Development Centre

Conception et coordination : Mounya Nejjar Comité de rédaction :

Mounya Nejjar Mohamed Houmymid Karim Anegay Ahmed Joumani

Mise en page / réalisation :

Georgi Dimov / DTG SN

Crédit iconographique : Rémy Amann à l’exception de : Hervé Nègre Saâd Tazi Jean Madeyski David Goery / Salima Naji MAP Archives Agence du Sud

pages 185 en bas, 187 en bas, 188, 189, 191 en haut et au milieu, 192, 193 pages 73 en bas, 116 en haut pages 255, 259 pages 91 en bas, 92, 93, 94, 122, 123, 154, pages 3, 186 en haut, 187 en haut, 195, 230 en haut, 274 pages 26, 27, 31 en haut, 42, 50, 51, 72, 73 en haut, 82, 89, 95 en bas, 97, 104, 105, 106, 118, 121 en haut et au milieu, 124, 125 en haut à gauche, 129, 130, 132, 133, 137 au milieu et en bas, 146, 147, 148, 151, 156, 157 en haut, 158, 161, 163 en bas, 164, 165, 178, 179, 183, 186 au milieu et en bas, 202, 203, 217 au milieu, 227, 230 en bas, 231, 232, 234, 237, 245, 250, 251, 254, 256 à gauche, 257, 258, 265 en bas, 275, 276, 277, 278, 279, 283, 284, 285, 286 en bas, 287 en bas à droite, 300, 304, 306, 307

Ce document n’aurait pu être produit sans l’implication des équipes du Programme Oasis Sud pour la collecte et de la mise à disposition des données.


Royaume du Maroc Le Chef du Gouvernement Agence pour la Promotion et le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume

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Le mot du Directeur national du Programme Oasis Sud

Depuis près d’une décennie, les équipes du Programme Oasis Sud sont à pied d’œuvre sur le terrain et ne ménagent pas leurs efforts, aux côtés de partenaires nationaux, internationaux et surtout locaux, au profit du développement durable et équitable du Maroc saharien. Elles s’attellent au quotidien à transcrire concrètement et à décliner du mieux qu’elles peuvent, les grandes orientations du Royaume en matière de politiques publiques territoriales. Elles en constatent régulièrement les effets et les impacts sur la vie des femmes et des hommes, et observent la constante et bénéfique métamorphose des territoires. Nous n’en avons pas moins été, nous tous, à l’Agence du Sud, à la fois surpris et honorés de la sollicitation du PNUD pour l’élaboration d’un document relatant les bonnes pratiques du Programme Oasis Sud, en vue de partager ses success stories et ses enseignements dans le cadre du partenariat Sud-Sud. Surpris, car nous avions comme parti-pris dans notre politique de publication, de focaliser sur la valorisation du Maroc saharien, de ses composantes naturelles et culturelles, de ses traditions et de ses savoir-vivre, sans jamais mettre en avant les mécanismes de fonctionnement qui soustendent nos différentes interventions dans ces territoires et sans jamais nous inscrire dans une quelconque logique d’autosatisfaction. Car ce n’est pas là notre mission. Honorés de savoir que cette expérience marocaine de développement durable et équitable de territoires fragiles, puisse faire l’objet de partage à l’international et être citée comme un exemple de bonnes pratiques. Je vous laisse découvrir une description du Programme Oasis Sud, de ses fondements et de ses caractéristiques. Vous constaterez, sans nul doute, que là encore, la parole est donnée d’abord à la population locale avec ses porteurs de projets, ses acteurs de développement et ses élus, ainsi qu’à nos partenaires, et que la voix des représentants de l’Agence du Sud ne se fait entendre que lorsqu’elle est indispensable à la construction du sens. Je ne veux en aucun cas ici me substituer au document ni à l’approche analytique dont il a su faire preuve pour révéler les spécificités du Programme Oasis Sud. Je souhaite néanmoins souligner que l’identité génétique de ce programme résilient, multiscalaire, multifonctionnel, systémique, innovant et crédible découle tout naturellement de l’ADN de sa structure mère : l’Agence pour la Promotion et le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume. Il me semble à ce propos utile, afin de compléter la vision autour de ce programme de développement, d’évoquer quelques autres projets et actions de l’Agence du Sud tels les programmes de développement urbain (PDU) et rural (PDR), avec leurs multiples composantes

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allant des nécessaires équipements collectifs jusqu’à la voirie, les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires, les ouvrages de mobilisation hydrique en zones montagneuses et désertiques... La filiation entre l’Agence du Sud et le Programme Oasis Sud permet par ailleurs à celle-ci de dupliquer, hors des territoires d’intervention du POS, des actions et des projets pertinents ayant fait leurs preuves à l’image du programme de l’économie sociale, issu du périmètre oasien et généralisé progressivement, à partir de 2009, à toutes les provinces du Maroc saharien. A mon sens, la force première de ce document qui est voué au partage, réside dans le fait que sa structure est définitivement imprégnée de sa vocation didactique : il se présente, en effet, comme une véritable boîte à outils, avec des éléments modulaires qui permettent à la fois une appréhension linéaire et une exploitation à la carte au gré des circonstances et des besoins.

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Le lecteur voit ainsi se déployer sous ses yeux une certaine recette de la réussite d’un programme de développement durable et équitable. Elle est faite de composants multiples et de modes opératoires complexes et précis. Mais la recette seule ne suffit pas, aussi documentée soit-elle, car elle ne saurait dire l’ingrédient majeur et presque magique, celui de l’effervescence de tous les instants, générée par les apports et l’énergie de tout un chacun, au sein des équipes dédiées, et à l’heureuse alchimie les liant tous aux autres intervenants quels qu’ils soient : élus, ONG locales , porteurs de projets, population, départements ministériels et autres institutions gouvernementales, sans oublier la coopération internationale avec ses divers représentants, et surtout le PNUD, notre partenaire stratégique. Lorsque l’on prend conscience de cela, l’on ne peut qu’être convaincu que le développement territorial ne se décrète pas, qu’il ne peut émaner seulement de décisions de managers, aussi fondées soient - elles. Pour s’engager et cheminer sur les sentiers sinueux et âpres du développement durable, il ne suffit pas non plus de disposer de fonds, aussi conséquents soient-ils, même s’ils sont accompagnés dans leur gestion d’une vision holistique partagée, de savoir-faire techniques, s’ils ne sont l’objet, à chaque instant, de l’engagement de chacun. Et puisque ce document nous amène à faire part des enseignements acquis à travers l’expérience que nous menons au sein de l’Agence du Sud, je vais me permettre de dire que l’enseignement majeur est, pour moi, de me nourrir de cette vérité et d’en faire ma doctrine au quotidien. En somme, le développement territorial durable est fait d’un zeste de technicité, d’un brin de compétence, d’une touche de créativité, d’une grande capacité d’écoute, d’une ferme volonté et, surtout, d’une infinie humilité, celle que nous dicte à tous, le Maroc saharien, avec son histoire séculaire et retentissante, avec sa culture particulière et précieuse, avec ses femmes et ses hommes au service desquels nous sommes tous, constamment conduits en cela par la clairvoyance des Hautes Orientations Royales.

Ahmed HAJJI, Directeur général de l’Agence pour la Promotion et le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume, Directeur national du Programme Oasis Sud

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Le mot du Représentant-Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc

Depuis sa genèse en 2006, le Programme des Oasis du Sud (POS) s’est fixé le défi de contribuer à une transformation des communautés et des espaces et d’apporter une amélioration tangible dans la vie de leurs habitantes et habitants. Issu d’un partenariat proche et confiant entre PNUD, Agence du Sud, élus locaux, société civile, secteur privé, agents d’autorité et représentants des services extérieurs de l’Etat, il projetait la vision d’un développement participatif, intégré et durable. Le Maroc marche à grands pas depuis le début de ce siècle, et les oasis du Sud peut-être encore plus vite. Il a fallu au POS une relecture constante de la dynamique locale pour pouvoir accompagner l’évolution des attentes des femmes et des hommes, et réconcilier besoins pressants et contraintes de la résilience. Son approche systémique et sa capacité d’adaptation lui ont permis de répondre efficacement aux problématiques du développement d’une zone écologiquement et économiquement vulnérable. Au cours des cinq dernières années, chacune de mes visites du POS m’a stimulé, ému, encouragé, rappelant encore et toujours à quel point le miracle des oasis dépend non pas d’un don de la nature mais d’un labeur séculaire, exemple exceptionnel d’adaptation à un climat extrême. A travers le POS, ces mêmes talents humains, cette même détermination à triompher des circonstances se sont appliqués à de nouveaux défis. Cet ouvrage tente d’en capturer les bonnes pratiques les plus marquantes. Deux dimensions me frappent particulièrement. Sur le plan de l’économie locale, le POS a apporté une réponse effective à la demande des acteurs locaux pour un modèle de développement qui soit en même temps et générateur d’emplois immédiats, notamment pour les jeunes et les femmes, et porteur d’une dynamique territoriale solide et durable. Ces axes d’intervention d’économie sociale valorisent les potentialités et richesses du territoire en encourageant le développement de partenariats public-privé. Couronnement de ces efforts, exemple entre tous, dans le domaine des produits du terroir, la mise en œuvre d’un concept particulièrement prometteur : le Cluster Oasis du Sahara. Fédéralisées par un parti pris d’authenticité envers leur héritage local et par un cadre commun d’exigences de haute qualité, ce groupe de coopératives, toutes de petite taille et souvent gérées par des femmes, offre aujourd’hui une gamme de produits, un volume de production, une qualité d’emballage et de marketing, et un réseau de distribution de tout premier ordre.

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Devenu acteur de taille nationale, le Cluster est désormais à même d’éliminer les intermédiaires pour retenir au niveau local un maximum de la valeur ajoutée et rémunérer ces vraies professionnelles à leur juste prix. Dans le domaine de la gouvernance démocratique locale, le POS a encouragé une démocratie appliquée ancrée dans l’élaboration participative et inclusive des Plans Communaux de Développement (PCD). Cette méthodologie renforce les bases de la démocratie locale en instituant une coopération constructive entre société civile, autorités locales et secteur privé. D’où, pour la commune, une trajectoire de développement qui tire pleinement parti du potentiel local, et un climat social productif et apaisé. Le POS est donc, fondamentalement, un modèle d’approche partenariale multi-acteurs, rassemblant autour de problématiques partagées institutions publiques et privées, collectivités territoriales, acteurs non étatiques et partenaires techniques et financiers. Un effort particulier a été fait, au sein du POS, pour encourager les échanges d’expérience entre les régions du Maroc, tant au niveau des élus que des organisations de la société civile, et pour capturer et partager les leçons apprises. Le présent ouvrage contribue à cette démarche.

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Le POS présente, enfin, le succès d’un savoir et d’un savoir-faire susceptibles d’être adoptés et adaptés dans des contextes oasiens au niveau national et à l’échelle du Sahel tout entier. Le PNUD continuera de s’en faire le promoteur dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Dans le cadre du POS, le rôle adopté par le PNUD reflète fermement notre avantage comparatif lorsque aide au développement ne rime plus avec financement extérieur. En concertation avec ses partenaires, le PNUD s’est donc concentré sur l’apport et l’échange d’expérience à l’international mais aussi entre projets au niveau national. D’un total cumulé à ce jour de plus de 76 millions de Dollars US, le budget de l’Etat a assuré l’essentiel, avec des apports techniques et financiers stratégiques du African Adaptation Programme du Drylands Development Centre du PNUD, soutenu par la Finlande, et des dons complémentaires du Gouvernement Japonais et du PNUD. Plusieurs Agences de l’ONU (UN Femme, UNESCO, ONUDI, FNUAP) ont aussi apporté leurs compétences au POS dans le cadre des projets MDG-F Genre (« Tamkine ») et Culture et Développement financés par la Coopération Espagnole. Tous nos partenaires nous sont chers. Qu’ils soient ici remerciés de leur engagement. Un remerciement tout particulier est dû à M. Ahmed Hajji, Directeur général de l’Agence pour le Développement socio-économique des Provinces du Sud, qui a parrainé le POS depuis ses premiers pas, ainsi qu’aux walis et gouverneurs, présidents de conseils régional, provinciaux et communaux qui nous ont guidés au long des années. Le Maroc continue d’avancer. Une nouvelle phase du POS se profile, toujours différente mais toujours aussi riche, sans nul doute, de nouveaux partenariats et de nouveaux succès. Les femmes et les hommes des oasis du Sud marocain en seront encore les porteurs, et les bénéficiaires. Le PNUD sera à leurs côtés, déterminé à continuer de mériter la confiance dont ils nous honorent.

Bruno POUEZAT Coordonnateur Résident du système des Nations Unies au Maroc, Représentant Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc

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S o m m a i r e Le mot du Directeur national du Programme Oasis Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Le mot du Représentant-Résident du Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . 11 Première partie: Un territoire et son programme de développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Arrêt sur image . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Le dessous des cartes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Naissance et évolution d’un programme : le POS en chiffres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 De 2006 à 2007 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 De 2008 à 2010 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 De 2011 à 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Depuis 2013 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 Deuxième partie: Lecture analytique du Programme Oasis Sud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 I. Un programme résilient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Identité de la ressource humaine du programme : au delà de la compétence et de la connaissance, l’empathie . . . . 63 La compétence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 La connaissance des territoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 L’empathie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Un management sur mesure et une forte adaptabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 L’encadrement stratégique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Un management de proximité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Autocritique et adaptabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Zoom - La résilience induit le changement des mentalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96 II. Un programme systémique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Des actions respectueuses du micro-système de la parcelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Des actions intégrées pour une oasis revivifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 Le système montagne - oasis - steppe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Dynamiser l’économie rurale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Une gestion de l’eau équitable intégrant l’ensemble du territoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Zoom - Tourisme et patrimoine : l’héritage de tous, le bénéfice de chacun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 Zoom - Lutte contre la désertification, adaptation aux changements climatiques et gestion de l’eau . . . . . . . . 134

L’oasis de Taghjijt, province de Guelmim

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III. Un programme inclusif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 La planification stratégique ou un processus participatif exemplaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Placer au cœur du processus de développement, des thématiques jusque-là ignorées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 Zoom - Inclure la mère, la femme, la fille dans le développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174 Zoom - La tente officielle du Moussem de Tan Tan : Connaître et reconnaître le savoir-faire d’une région . . . 180 IV. Un programme multiscalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 L’approche multiscalaire, un fondement de l’évolution du POS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 Du bassin électoral à la vocation territoriale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199 De la gestion par projet à la gestion par programme d’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 Des ONG interfaces pour une gestion efficiente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 V. Un programme multifonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219 Les études stratégiques, sectorielles et thématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221 La mobilisation des ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 La promotion et le marketing des territoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 Zoom - Un programme multifonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 VI.Un programme innovant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Du produit du terroir à la recette gastronomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 De l’objet artisanal à l’objet de design . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 VII. Un programme crédible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 Une appropriation locale du POS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269 Le POS : un développement quantitatif et qualitatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271 Labellisations et prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273 Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276 VIII. Un programme d’avenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291 Plus qu’un souhait, une vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293 Une territorialisation des filières anciennes et nouvelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 295 Une nouvelle échelle de développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 297 Une stratification des structures de commercialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 303 La mise en valeur du patrimoine et la mise à niveau de l’écotourisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307 La documentation et le marketing territorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 311

15


N Données monographiques de la zone d’action du POS Superficie

81 230 km2

Superficie agricole utile

196 076 Ha

Provinces 5 Communes urbaines

11

Communes rurales

45

Population

430 000 habitants

Taux d’accroissement moyen annuel

1,8 %

(Source : Cabinet McKinsey)

Ait Boufouln Targa Wassay

Tagant Abaynou

Ti Tiliouine Assaka Leksabi GUELMIM Tagoust Echatea Fask Labyar Asrir Labyad Province de Guelmim Ras Oumlil El Ouatia

Aferket

Ben Khlil

Tiglit

Aouinat La

TAN TAN

Aouinat Yghomane

Chbika Tilemzoun Province de Tan Tan

Khenifiss

Msied Labouirat

TARFAYA

Akhfennir Province de Tarfaya

Abteh

Province d’Es Semara

16

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Province de Ouarzazate Province de Taroudant Aguinane Foum Zguid Ibn Yacoub

Tagmout

Province de Zagora Allougoum

Issafen Tiguezmirt TATA Tizeght Province de Tiznit

Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek Akka

Ifrane Atlas Amtoudi Saghir Aday Bouizakarne

Ait Ouabelli

Tissint Adis

Tlit

Province de Tata

Oum El Akka Guerdane Ighane

Tizounine

Fam El Hisn

imoulay Taghjijt

Tamanart

ASSA

ahna Touizgui

Province d’Assa -Zag

Zag Al Mahbass

Province de Guelmim

Province concernée par le POS

Province de Tiznit

Province limitrophe

TAN TAN

Chef-lieu de province

Allougoum

Commune urbaine ou rurale

Limite provinciale

Limite communale

17


18

Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


P r e m i è r e

p a r t i e :

Un territoire et son programme de dĂŠveloppement

19


20

Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


21


22


Introduction

Arrêt sur image L’évocation du Sahara génère chez le sujet non averti une multitude d’images relevant souvent de clichés galvaudés, relatifs à la fois aux aspects géographiques et humains des territoires. Pourtant, un simple arrêt sur image lors de la moindre prise de vue aérienne des territoires du Maroc saharien, réduit à néant les stéréotypes et déconstruit les idées préconçues. En place et lieu des dunes enchanteresses s’étendant à perte de vue, l’instantané révèle en effet une imbrication inattendue du minéral et du végétal, sur l’immensité torturée des regs, des hamadas, des cuvettes et dans les lits d’oueds asséchés. Les peuplements clairsemés d’Acacia raddiana et d’autres petits arbustes sahariens se conjuguent tranquillement à la rocaille qui, elle, se fait de plus en plus sombre à mesure que l’on s’enfonce vers le sud-est. Le vernis noir du désert, s’étale et luit, effaçant avantageusement dans l’esprit de l’observateur, le doré du sable fin, synonyme récurrent du désert saharien. Et la petite pierraille se fait grande, se fait koudya, collines, aglab, et puis se fait chaînes montagneuses de l’Ouarkziz, du Bani et de l’Anti-Atlas. La présence dunaire est confinée principalement aux extrémités nord-est et sud-ouest du territoire. Deux grandes formations dunaires actives et pourvoyeuses de sable encadrent et menacent la grande zone de déflation centrale, située entre Foum Zguid et Tarfaya, dans laquelle se déploient fièrement des îlots de verdure, s’étendant du pied du Bani jusqu’au Bas Drâa. Le chapelet oasien s’égrène au gré de l’existence de foums ou de cluses (entailles imposantes d’un cours d’eau dans le flanc de la montagne), dans les lits majeurs des principaux oueds et au gré de la captation de la ressource hydrique. L’emplacement, la taille et la vigueur de ces bouquets de verdure sont manifestement variables mais viennent tous à bousculer le préjugé qui fait du milieu saharien un territoire stérile.

Première partie : un territoire et son programme de développement

23


Ifrane de l’Anti-Atlas : une oasis de montagne.

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Un bivouac au pied des montagnes dans la province de Tata.

Tighmert : une oasis de plaine. Première partie : un territoire et son programme de dÊveloppement

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Et la façade atlantique du Maroc saharien, avec ses embruns, ses vents marins et l’apport en humidité qu’elle offre, n’est certes pas étrangère au façonnage physique, si singulier, de ces territoires. Le même préjugé n’envisage, par ailleurs, l’espace saharien qu’en immensité inhospitalière. Et le même instantané révèle pourtant d’importants centres urbains implantés aussi bien sur le littoral qu’en périmètre oasien. Il donne à voir un territoire sillonné par un réseau routier ramifié et irrigué par diverses infrastructures portuaires et aéroportuaires, laissant entrevoir une occupation et une activité humaines prononcées dans ces territoires. Eu égard à l’hostilité de l’environnement naturel, le questionnement autour des réalisations humaines est ici, aussi admiratif que légitime.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le dessous des cartes Il faut quitter à présent la logique statique et se placer dans une perspective diachronique à même d’offrir les principales clés de compréhension du territoire. Il est profitable de revivre les temps du Sahara vert, fertile, celui dont témoigne la pléthore de gravures et de sites rupestres, de monuments funéraires, comme autant de marques de la présence ancestrale de l’homme et de ses conditions de vie. Les changements climatiques intenses vont cependant avoir raison de cet environnement propice à la vie, et avec l’avancée du désert, le capital floristique et faunistique recule. Adieu girafes, éléphants, rhinocéros et abondance de l’eau. La savane se meurt. Le temps des grandes migrations est survenu. L’homme, à la recherche de l’eau, se replie, se cantonne dans les zones humides, celles des territoires plus au nord, crée laborieusement les oasis et adopte le camelius dromaderius, donnant naissance simultanément aux modes de vie sédentaire oasien et à celui du nomadisme camelin.

Vie nomade et sédentaire, une complémentarité vitale La complémentarité des modes de vie est ici le maître mot. Elle est vitale dans la pratique du pastoralisme du Maroc saharien avec ses pans nomade et oasien. Il n’est point de nomades sans oasis et il n’est point de vie oasienne sans le rapport fusionnel avec les nomades. Les oasis ne sont pas de simples greniers à la merci des caprices de quelconques nomades razzieurs, elles sont, bien au contraire, leur abri, leur escale et leur marché, leur lieux d’échange. Elles leur sont ouvertes, elles leur doivent leur richesse et sont parfois même les leurs. Que de tribus qui ont à la fois des rameaux nomades et d’autres sédentaires et que de liens sociaux et de solidarité qui lient les grands nomades chameliers aux sédentaires oasiens !

Gravures rupestres (Assa)

Gravures rupestres (Tata)

Peintures rupestres à Lamsied (Tan Tan)

Première partie : un territoire et son programme de développement

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Le dromadaire, emblème de la tradition pastorale dans le monde beydane.

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Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


Première partie : un territoire et son programme de dÊveloppement

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L’oasis, miracle du labeur et de l’eau Havres de luxuriance, témoins paisibles de millénaires de solidarité humaine et d’âpres labeurs, les oasis ont été patiemment bâties par l’homme et sont de véritables victoires qu’il a remportées sur un environnement austère. Les oasiens ont ainsi su, par leur très fine connaissance du territoire, par leur exceptionnelle gestion de la rare ressource hydrique et par leur savoir-faire agricole, inventer l’archipel vert à la lisière du désert. Ils ont su tirer profit de l’ombre, du soleil, de la terre, de l’eau pour extraire de la moindre parcelle, de fabuleux trésors de vie : ils ont su planter au ras du sol, et au centre de la parcelle, de la luzerne, des tubercules et des légumes, du henné, des céréales, carré de vie encadré d’arbres fruitiers et de palmiers qui apportent, eux, en plus de leurs fruits, leur ombre bienfaisante. Les oasis n’étaient donc pas de simples lieux de passage, escales obligées du trafic transsaharien florissant dans des temps révolus, elles étaient bel et bien parties prenantes dans les échanges marchands, à travers leurs productions propres et leur médiation commerciale.

Les plantes fourragères figurent parmi les plus importantes productions de l’oasis. Ici, travail de récolte de luzerne dans l’oasis d’Akka.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Les canaux de distribution de l’eau serpentent dans les palmeraies. Ci-dessous : les câpres des oasis de Tata racontent le processus de valorisation d’une ressource locale rentable.

Première partie : un territoire et son programme de développement

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Si l’oasis est synonyme de profusion, sa richesse se cantonne à un territoire limité, qu’il faut savoir partager. Ce partage s’est fait durant des siècles dans l’addition des savoirs et des coutumes, la richesse culturelle étant directement liée à la forte concentration humaine dans les îlots de verdoyance. Entre Foum Zguid et Tarfaya, sur près de huit cent kilomètres de déroulé oasien puis littoral, une mosaïque de populations d’origines diverses revendique un patrimoine commun : populations noire, amazighe, hébraïque et arabe se sont côtoyées durant des siècles pour verser leurs traditions dans un creuset culturel commun. Et lorsque, suite à l’engagement du Royaume dans des plans plus globaux - comme détaillé dans l’encadré ci-contre - les pouvoirs publics ont procédé, à travers l’Agence du Sud, à la mise en place du Programme Oasis Sud, celui-ci ne pouvait être légitime ni efficient sans invoquer constamment, pour fonder son action, le passé de ces territoires, les traditions et les coutumes de leurs femmes et de leurs hommes, leur patrimoine naturel et culturel, et bien entendu la complémentarité vitale entre ses divers écosystèmes.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


La lutte contre la désertification, un enjeu national Le Royaume du Maroc est délimité par un front marin au Nord et océanique à l’Ouest. Les pluies en provenance de ces deux façades maritimes sont toutefois arrêtées ou très fortement atténuées au contact des quatre chaînes montagneuses en présence, en particulier l’arc de cercle formé par le système des trois Atlas. A l’Est et au Sud de ces derniers, se déploie un pays de l’aride. Conscient de cet état de fait, le Royaume a engagé des plans de lutte contre la désertification et de reconstitution des palmeraies bien avant 1977, date de la Conférence des Nations Unies sur la Désertification. Le monde oasien revêt une importance particulière dans cette lutte contre la désertification. Tout au long du flanc sud de l’arc de cercle que forme le système montagneux des majestueuses chaînes de l’Atlas, de Figuig au Nord-Est à Guelmim au Sud-Ouest, il s’étend comme un long ruban vert, parangon de gestion éco systémique traditionnelle durable, parce que l’homme a su, depuis de nombreux siècles, y partager les ressources en eau avec discernement, et optimiser la valorisation agricole avec ingéniosité. A cet effet, le Royaume s’est doté en 2004 d’une stratégie nationale de développement et d’aménagement des oasis, après avoir mené une étude holistique inventoriant les ressources patrimoniales qui a débouché sur un constat de quintuple crise : celles de l’eau, du palmier, de l’agriculture, et celles sociale et territoriale. Identifiant trois bassins oasiens majeurs, celui de Figuig, le Tafilalet et les oasis des Provinces du Sud, cette stratégie s’est déclinée en autant de programmes.

Première partie : un territoire et son programme de développement

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Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


Première partie : un territoire et son programme de dÊveloppement

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Photo page précédente : la palmeraie d’Assa vue des hauteurs du Ksar d’Assa.

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Naissance et évolution d’un programme : le POS en chiffres De 2006 à 2007 L’Agence pour la Promotion et le Développement Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume a assumé son rôle de pionnier et de leader dans la matérialisation de la stratégie nationale de développement et d’aménagement des oasis, en lançant dès 2006, le Programme de sauvegarde des Oasis du Sud (POS) en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement. Conçu comme le parent pauvre des trois programmes initiés à cet effet1, dans la zone la moins pourvue en infrastructures et potentialités naturelles et avec le plus fort taux de chômage, avec un budget modeste de 3,3 millions de dollars, il était au départ exclusivement axé sur les oasis de Tata. La vision de l’Agence du Sud l’a toutefois élargi d’entrée de jeu aux provinces d’AssaZag et de Guelmim, pour aboutir à un programme consacré à huit palmeraies : Foum Zguid, Tata, Akka-Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek et Fam El Hisn-Tamanart dans la province de Tata, Assa et Zag dans la province éponyme, Taghjijt et Asrir-Tighmert dans la province de Guelmim. Le document de projet était certes avant-gardiste, voire visionnaire, par son approche écologique et territoriale incluant la notion précoce de «pays des oasis», mais était bridé par son approche expérimentale et démonstrative limitée à un faible nombre d’actions. Dans un monde agrosylvopastoral à forte dominante pastorale basée sur la mobilité des transhumants-nomades, le programme se limitait qui plus est à l’oasis, pour se focaliser dans l’oasis sur la palmeraie, et ensuite venir choisir au sein de celle-ci des parcelles, au sein desquelles étaient mises en place des micro-actions localisées.

1.

Le Programme des Oasis du Tafilalet (POT) et le Programme de Développement Local Intégré de l’Oriental (DéLIO) ont été pourvus d’entrée d’un budget deux à trois fois supérieur.

Première partie : un territoire et son programme de développement

37


Enfin, en limitant son partenariat avec la société civile, à seulement quelques ONGs locales, ce programme ignorait de fait plusieurs acteurs qu’il y avait lieu de fédérer et risquait même de s’aliéner les représentants élus. Toutefois, des stratégies ont été élaborées dès cette phase dans les domaines de l’écotourisme, du marketing territorial, de la structuration des produits du terroir, de la conservation de la diversité biologique, de l’initiation d’une planification communale et territoriale. Programme Oasis Sud : 2006-2007

Partenaires

Agence du Sud

Pourcentage de la Contributions contribution des des Partenaires partenaires par Sources des fonds en Millions de rapport au budget Dirhams global (%) 16,00 56,18 % Convention POS 2006 + avenant 1

Conseil Régional Guelmim-Es-Semara

6,00

21,07 %

Convention POS 2006

PNUD

2,66

9,34 %

Convention POS 2006

Province de Guelmim (INDH)

1,20

4,21 %

Convention Agenda 21- Asrir

Commune Rurale d'Asrir

1,00

3,51 %

Convention Agenda 21- Asrir

DDC

1,62

5,69 %

Accord PNUD Maroc / Agence du Sud / DDC

28,48

100,00 %

Budget global

1 Dollar US = environ 8,4 Dirhams

Récapitulatif : Nombre conventions de partenariat : 3 Nombre de partenaires : 6 Total budget : 28,48 Millions de Dirhams (environ 3,4 Millions de Dollars US) DDC : 1,62 MDH 5,69 %

CR Asrir : 1,00 MDH 3,51 % Province Guelmim : 1,20 MDH 4,21 % 2,66 MDH 9,34 %

PNUD

Conseil Régional Guelmim - Es-Semara

38

16,00 MDH 56,18 %

Agence du Sud

6,00 MDH 21,07 %

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


ka

Province de Ouarzazate Agadir

Province de Taroudant

Foum Zguid

Tata Province de Tata

Province de Tiznit

Akka / Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek

Akka

N Taghjijt

Guelmim

Fam El Hisn

Asrir / Tighmert

Province de Guelmim

Oasis Site agroécologique

Assa

Plantation de palmiers Nettoyage des touffes Province d’Assa -Zag

Puits Bergerie D’man

Zag

Atelier henné Fonds roulant Ecotourisme

Les oasis concernés par le Programme Oasis Sud durant la période 2006-2007.

Première partie : un territoire et son programme de développement

39


De 2008 à 2010 Les limites du programme initial peuvent être aisément visualisées par un simple chiffrage : sur près de 180 palmeraies contenues dans les provinces de Tata, Assa-Zag et Guelmim, il ne prenait en compte comme précité qu’une dizaine, à titre démonstratif. De plus, les actions menées étaient le plus souvent isolées, sans la moindre vision d’ensemble. En 2007, deux inflexions majeures ont marqué un premier tournant dans la conception du programme. A l’issue du séminaire de lancement du Programme de Sauvegarde et de Développement de la Palmeraie de Marrakech pendant lequel un Message Royal a été adressé aux participants, et suite à la visite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans la région de Guelmim - Es-Semara en novembre et décembre 2007, une nouvelle formulation du programme a été élaborée. L’appréhension d’une oasis ne se limitait plus désormais au seul filet d’eau bordé de palmiers, mais englobait tout le territoire alentour.

Autres partenaires 56,52 MDH 22,14 %

101,52 MDH 39,78 % Ministère de l’Habitat (FDR / DAT)

Agence du Sud

65,50 MDH 25,66 % 31,69 MDH 12,42 %

Ministère de l’Intérieur (DGCL)

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Programme Oasis Sud : 2008-2010

Partenaires

Agence du Sud

Contributions des partenaires (MDH)

% contribution des partenaires / budget global

101,52

39,78%

31,69

12,42%

65,50

25,66%

4,00 6,20 1,30 0,90 2,93 2,01 4,62 0,50 0,60 0,63

1,57% 2,43% 0,51% 0,35% 1,15% 0,79% 1,81% 0,20% 0,24% 0,25%

CR Leksabi Tagoust CR Targa Wassay CR Tiglit CR Ras Oumlil CR Aferket CR Ait Boufouln CU Tata

1,10 0,60 1,60 0,60 0,60 0,40 0,30

0,43% 0,24% 0,63% 0,24% 0,24% 0,16% 0,12%

CU Fam El Hisn

3,10

1,21%

0,50 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,20 0,64 9,00 3,82 1,91 0,84 5,00 0,42 255,23

0,20% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,04% 0,08% 0,25% 3,53% 1,50% 0,75% 0,33% 1,96% 0,16% 100,00%

Ministère Intérieur (DGCL) Ministère Habitat (FDR / DAT) Ministère MRE Conseil Prov. de Guelmim Conseil Prov. de Tata Conseil Prov. d'Assa Zag Prov. de Guelmim (INDH) Prov. de Tata (INDH) Prov. d'Assa-Zag (INDH) CR Asrir CR Echatea Labyad CR Labyar

CU Foum Zguid CU Bouizakarne CR Abaynou CR Fask CR Tiliouine Assaka CR Aday CR Amtoudi CR Tagante CR Timoulay CU Akka CR Adiss CR Tigzmert CR Ait Ouabali CR KSABM CR Tamanart CR Issafen CR Tizeght CR Tagmout CR Tizounine CR Tissint CR Tlit CR Allougoum CR Aguinane CR Akka Ighane Ville d'Agde MDG - PNUD - UNIFEM Egalité des sexes - UNIFEM DDC / FINLANDE MDG - UNESCO BAD PNUD - Fonds additionnel Total

Première partie : un territoire et son programme de développement

Sources des fonds Conventions (Cactus, FEH, Maison du métal, Sidatte, MRE, dév. Akka Ighane, PCD Assa/Guelmim/Tata, FDR 4 communes, INDH Assa-Zag, développement Tiglit) + Avenants prodoc (2,3,4) Conventions (conv. tripartites/ PCD Assa/ Guelmim/Tata, Ksar d’Assa) FDR 3 Provinces (Assa, Tata et Guelmim) + FDR 4 communes Convention Implication MRE Conventions (tripartites/ PCD/Cactus) Convention PCD Tata Convention PCD Assa Zag Conventions (tripartites Oasis/ unité dattes Taghjijt) Conventions tripartites dév. Oasis Conventions (tripartite dév. Oasis/ INDH) Convention Cactus Convention Cactus + PCD Guelmim Convention Cactus + FDR 4 communes + PCD Convention Cactus + FDR 4 communes + PCD Convention Cactus + PCD Guelmim Convention Cactus +Convention développement Tiglit + PCD Convention Cactus + PCD Guelmim Convention Cactus + PCD Guelmim FDR 4 communes + PCD Guelmim Convention mise en œuvre d'un plan d'action touristique de Tata + PCD Conventions (mise en œuvre des activités du POS - CU Fam El Hisn / Maison du métal) Convention construction d'un foyer féminin à Foum Zguid + PCD PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Guelmim PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata PCD Tata Convention Progr. dév. Akka Ighane Convention Shéma directeur d’assainissement des douars de Tata Programme conjoint MDG-Fund Programme Egalité des sexes Accord PNUD Maroc/AS/DDC Programme conjoint MDG-Fund Programme conjoint MDG-Fund

41


La logique du programme a été pensée en termes d’emplois générés : des dizaines de coopératives ont été créées ou encadrées, équipées et formées, avec la construction de près d’une quinzaine d’unités de production de divers produits du terroir dans les communes concernées, la mise en place de gîtes chez l’habitant et de circuits écotouristiques, l’élaboration des premiers Plans Communaux de Développement (PCD) de manière participative, la systématisation d’une utilisation rationnelle des sources d’eau et d’énergies renouvelables, la restructuration des palmeraies, la généralisation de l’agroécologie et le renforcement de l’agrobiodiversité, alors que le patrimoine culturel de la région a été requalifié, à l’image du ksar d’Assa qui a été rénové de manière à lui restituer son âme originelle. Des chiffres pour appréhender, même si ce n’est que partiellement, l’impact du programme au cours de la période 2006-2010 : plus de 24 000 bénéficiaires et près de 215 000 jours de travail induits.

L’économie sociale et solidaire associe les savoir-faire traditionnels à la ressource locale afin de créer des AGR durables. Ci-dessus, une coopérative de couscous.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Préparation de confiture de cactus.

Equipement moderne des coopératives.

Coopérative de tissage à Foum Zguid.

Souk de dromadaires à Guelmim.

Première partie : un territoire et son programme de développement

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N

1 10

1

1

1 3

2 14

1

Province de Guelmim 1 3 10

Transversal :

2

1

4

7

26 79 20

1

1 2 Province de Tan Tan

8

1

20

1

5

Province de Tarfaya Province d’Es Semara

Le Programme Oasis Sud durant la période 2008-2010. Chiffres cumulés pour la période 2006-2010.

44

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable

1 7

27 52 20

32 2 10 4 4 59 60


Province de Ouarzazate Province de Taroudant 5 4

13 15 3 16 5

6 1

16 3 648 2 10 88

2

6 1 9

1

1

8

7

Province de Tata

2

1

21 13 1

2006-2010 Nombre d’emplois

2

2 586 8

1 11 2 16

1 6

Province de Zagora

1 1

23 369 1 17 2 34

1

7 11

2

Province de Tiznit

1 3

2

6 16

Emplois hommes

2081

Emplois femmes

481

111

Nombre de projets 1

Province d’Assa -Zag 14 132 1 70 4

AGR

235

Equipements collectifs

12

Animation socio-culturelle et sportive, soutien à la société civile

11

Infrastructures

5

Utilités urbaines, appui aux collectivités locales

59

7

0

20

100

Première partie : un territoire et son programme de développement

200 km

45


De 2011 à 2012 Dès 2011, le POS s’est mué en un nouveau programme de développement territorial durable, soit une échelle de développement nettement supérieure, en termes quantitatifs comme qualitatifs : • Le POS a ainsi pris à son compte la réalisation généralisée des plans communaux de développement, en élargissant sa zone d’action vers le Sud, pour accompagner le développement de 56 communes, correspondant à l’intégralité des provinces initiales (Tata, Assa-Zag et Guelmim), ainsi qu’à celle de Tan Tan et au cercle de Tarfaya. • Le POS a intégré en son sein le programme IPED (Initiative Pour l’Emploi et le Développement) de l’Agence du Sud, actif depuis 2006 dans les chef-lieux des quatre provinces précitées ainsi que dans la ville de Tarfaya, et amélioré l’approche de ce dernier en matière de promotion des activités génératrices de revenus, dont les bénéficiaires relèvaient majoritairement du tissu urbain. • Une multitude de nouveaux partenariats a été mise en place, qu’il s’agisse de la contractualisation d’actions menées conjointement avec les collectivités locales, l’investissement des Marocains Résidant à l’Etranger dans leurs communes d’origine, ou l’élection du territoire du POS en tant que zone de convergence des actions du MDGFund. • La protection de l’environnement s’est enrichie du concept de résilience aux changements climatiques et de développement durable. • Les expériences de mise en place d’activités génératrices de revenus et d’emploi ont été structurées d’abord en filières, puis en grappes, pour enclencher une synergie de valorisation additionnant et fédérant les nombreuses unités de production installées auparavant par le programme, dont le succès ne pouvait plus se satisfaire de leur isolement. Des agrégateurs conçus comme de véritables dynamos drainant l’effort de toute une région ont été mis en place, à l’image du Cluster des Oasis du Sahara (COS), structure de production, commercialisation et marketing des produits du terroir fédérant les dizaines d’unités de production des cinq provinces, l’Association Touristique des Oasis du Sud (ASTOS) regroupant de manière similaire les professionnels du tourisme. Pour sa part, le sous-programme cactus s’est clôturé sur une nouvelle échelle de vision de développement, avec la conception d’un Cactopôle, quartier industriel de haute volée technologique, à créer ex nihilo sur 25 hectares.

46

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Pour mieux estimer cette phase de développement territorial, il importe de souligner le budget de cette phase, qui atteignait les 29 millions de dollars US, avec une estimation de plus de 2100 emplois créés jusqu’en mars 2012. Programme Oasis Sud : 2011-2012

Partenaires

Pourcentage de la Contributions contribution des des Partenaires partenaires par en MDH rapport au budget global (%)

Sources de fonds

Agence du Sud

92,30

35,61%

Conventions (INDH Tarfaya, ESS Tan Tan, ESS 16 communes Guelmim, ouvrage moussem Tan Tan, cactopole, INDH Assa, PDU Assa Zag)

DGCL

41,06

15,84%

Conventions ESS 16 Communes Guelmim

Conseil Provincial de Guelmim

37,77

14,57%

Conventions ESS 16 Communes Guelmim

16 Communes de la Province de Guelmim

17,09

6,59%

Conventions ESS 16 Communes Guelmim

Ministère Habitat (FDR/ DAT)

5,00

1,93%

Convention cactopole Ouaaroune

Ministère Industrie

5,00

1,93%

Convention cactopole Ouaaroune

CU Fam El Hisn

4,00

1,54%

ESS Tata

CU Tata

4,00

1,54%

ESS Tata

CU Foum Zguid

4,00

1,54%

ESS Tata

Conseil Provincial de Tata

0,10

0,04%

Convention PCD Oum El Guerdane

CR Oum El Guerdane

0,40

0,15%

Convention PCD Oum El Guerdane

Province de Tan Tan

20,00

7,72%

ESS Tan Tan

Province d’El Ouatia

20,00

7,72%

ESS Tan Tan

Province d’Assa Zag (INDH)

2,10

0,81%

Convention INDH

DDC / FINLANDE

2,84

1,10%

Accord PNUD Maroc/AS/DDC

WUF

1,62

0,63%

Accord PNUD Maroc/AS/FWU

PNUD - Fonds additionnel Total

1,91

0,74%

259,19

100,00%

Récapitulatif : Nombre conventions de partenariat : 10 Nombre de partenaires : 31 Total budget : 259,19 Millions de Dirhams (environ 30,8 Millions de Dollars US)

Première partie : un territoire et son programme de développement

47


N

2 14

1

Province de Guelmim 1 3 10

Transversal :

4

2

4

7

30 1 80 510

2

41 1

10 17 1 46 Province de Tarfaya Province d’Es Semara

Le Programme Oasis Sud durant la période 2011-2012. Chiffres cumulés pour la période 2006-2012.

48

1

27

2

52

1

1 3

20

40 4 10 8 4 83 87 8 11 1 1 8 5

3 21

1 2 Province de Tan Tan

10 1 1

2

2 15

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable

1

35


Province de Ouarzazate Province de Taroudant 9 1 2 4 20 1 8

1 3

8 2

19 6 888 4 10 116

8 1 1

1 3

1

8 14

8 12

1

4 2

25

2 9

21

1

2006-2012 Nombre d’emplois

1

3

66 25 955 8

Province de Tata

2

1 1

28 416 4 48 2 2 7

1 14 2 17

Province de Zagora

5

3 10 19

Province de Tiznit

1 101 7 73

12 23

Emplois hommes

3055

Emplois femmes

1416

191

Nombre de projets

5

AGR

355

Equipements collectifs

39

Animation socio-culturelle et sportive, soutien à la société civile

51

Infrastructures

12

Utilités urbaines, appui aux collectivités locales

65

63

9 Province d’Assa -Zag 21 256 1 101 5 5

0

20

100

Première partie : un territoire et son programme de développement

200 km

49


Une des premières rencontres sur le terrain du Programme Oasis Sud (oasis de Tata, septembre 2006).

Renforcement des capacités de l’agriculture oasienne : équipement d’un puits à Foum Zguid (2007).

50

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Installation de ruches modernes (2008).

Coopérative de fromage de lait de chamelle (2011).

Unité de dattes à Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek (2011).

Coopérative de couture à Tata (2011).

Opération de désépinage des fruits de figues de Barbarie dans la première unité industrielle du cactopôle de Ouaâroune, avant leur conditionnement pour une commercialisation à l’échelle nationale (2010).

Première partie : un territoire et son programme de développement

51


Depuis 2013 En parachevant tous les plans communaux de développement, le POS s’est doté d’une collection exhaustive d’études de terrain, aboutissant à une nouvelle génération de projets basés sur une approche d’économie sociale et d’initiative privée, à la logique d’implémentation et de localisation longuement réfléchie. Chaque commune est désormais dotée d’un plan d’actions conçu pour au moins trois ans, et certaines, à l’image d’Asrir, ont même utilisé cet outil pour consolider et arrêter définitivement les contours de leur territoire, véritable gageure dans une région au cadastre en cours d’établissement. A partir de cette large base de données, des conventions pour la mise en place de programmes d’économie sociale ont été signées dès juin 2012 à l’échelle des provinces de Tata, Guelmim et Tan Tan pour un montant cumulé dépassant les 280 millions de Dirhams, soit 34 millions de Dollars US. Outre ce nouvel ordre de grandeur budgétaire, le programme travaille désormais avec un budget et un plan d’action exactement corrélés et préétablis, la garantie d’une assiette foncière sans litiges, et une vision de création d’entreprises sociales locales, sans pour autant négliger les aspects de préservation de l’environnement.

52

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Programme Oasis Sud : 2013-2015

Partenaires

Pourcentage de la Contributions contribution des des Partenaires partenaires par en MDH rapport au budget global (%)

Sources de fonds

Agence du Sud

42,20

41,86%

Conventions (ESS commune urbaine Guelmim, ESS Assa Zag, ESS 3 CR Asrir/Ifrane/Taghjijt, mise à niveau Akka Ighane, Reliquat INDH Assa Zag)

DGCL

31,50

31,24%

Convention ESS Commune Guelmim + ESS Assa Zag

Province d'Assa Zag

3,75

3,72%

ESS Assa Zag + Reliquat INDH Assa Zag

Province de Guelmim (INDH)

7,29

7,23%

ESS 3 CR Asrir/Ifrane/Taghjijt / cvt réseau femmes élues

CR Asrir

0,30

0,30%

ESS 3 CR Asrir/Ifrane/Taghjijt

CR Taghjijt

0,30

0,30%

ESS 3 CR Asrir/Ifrane/Taghjijt

CR Ifrane Atlas Saghir

0,30

0,30%

ESS 3 CR Asrir/Ifrane/Taghjijt

CR Akka Ighane

2,00

1,98%

mise à niveau Akka Ighane

Conseil Provincial de Tata

1,20

1,19%

Convention plateforme commerçants à Tata/ unité PAM

Province de Tata

0,30

0,30%

Convention plateforme commerçants à Tata

Commune Urbaine de Tata

0,74

0,73%

Convention plateforme commerçants à Tata

Conseil Régional Guelmim Es-Semara

0,50

0,50%

Convention plateforme commerçants à Tata

Reliquat programme IPED

6,09

6,03%

IPED

Contibutions porteurs de projets pour les conventions au titre le l'exercice 2014 (reçues)

0,20

0,20%

Conventions de mise en œuvre

DDC / FINLANDE (2014-2015)

3,83

3,80%

Accord PNUD Maroc/AS/DDC

PNUD - Fonds additionnel

0,33

0,33%

100,82

100,00%

Total

Récapitulatif : Nombre conventions de partenariat : 9 Nombre de partenaires : 28 Total budget : 100,82 Millions de Dirhams (environ 12 Millions de Dollars US)

Première partie : un territoire et son programme de développement

53


N

1 10 2 5 9 2 24

9 1 42 20 7

2 1

53 Province de Guelmim 2 14 1 2

1 3 10

Transversal :

4

2

4

2

2

8

33 1 80 550

1

41 1

10 17 1 46 Province de Tarfaya Province d’Es Semara

Le Programme Oasis Sud en 2014. Chiffres cumulés pour la période 2006-2014.

54

3 24 17

2

3 7 2 7

2

16 55

5

1 7

1 2 Province de Tan Tan

10 1 1

3 19 2

59 4 11 8 9 113 183

14 4

55 14 5 126 90

3 1 3 13

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable

1


Province de Ouarzazate Province de Taroudant

1 2

1 4 1 3 4

8

27 1

3 10

1

6

8 2

19 6 898 4 11 116

1 30 15

2 10 2 1

2 7

9

31 2 5 427 3 64 1

1

4 2

3

8

2

1 14 2 17

5

1

10 24

Province de Zagora 1

1 3

7

1 2 1 Province de Tata 2 1 11 31

1 2

8

28

2 9

22

1

2006-2014 Nombre d’emplois

1

3

84 25 1040 7

3 227 8 105

19

2

Province de Tiznit

2 4

2

12 1 18 3 36 4

Emplois hommes

3634

Emplois femmes

1951

259

Nombre de projets

35

AGR

496

Equipements collectifs

42

Animation socio-culturelle et sportive, soutien à la société civile

84

Infrastructures

14

Utilités urbaines, appui aux collectivités locales

74

63

9 Province d’Assa -Zag 24 275 1 111 6 5

0

20

100

Première partie : un territoire et son programme de développement

200 km

55


Tableau récapitulatif du Programme Oasis Sud

Années du programme

8,5

Communes concernées

56 5 585

Emplois crées

710

Nombre de projets dont : Equipements collectifs : Animation socio-culturelle et appui à la société civile : Infrastructures : Utilités urbaines : Activités génératrices de revenus (AGR) : Coût des projets réalisés

Ressources mobilisées par le POS (2006-début 2015) dont : Budget centralisé : Budget mobilisé par le POS et non centralisé :

Nombre de partenaires

56

42 84 14 74 496

27,90 M$

environ 77,36

M$

76,38 M$ environ 0,98 M$

82

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Malaxage traditionnel de la pâte d’Argan pour la moûture.

Première partie : un territoire et son programme de développement

57


58

Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


D e u x i è m e

p a r t i e :

Lecture analytique du Programme Oasis Sud

59


«Vivre au Sahara, pour une plante, n’est pas à la portée du premier pissenlit venu : ni le perce-neige, ni l’ancolie, ni la pivoine ne s’y trouveraient à leur aise. » Théoodore Monod

60

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


I. Un programme rĂŠsilient

61


62


Identité de la ressource humaine du programme : au delà de la compétence et de la connaissance, l’empathie. La compétence Le POS compte aujourd’hui plus de soixante collaborateurs dont la plupart sont déployés sur le terrain. Le personnel du programme a été recruté eu égard à des compétences techniques et thématiques particulières. Les profils se croisent et se complètent  : ingénieurs, agronomes, pastoralistes, zootechniciens, écologistes, juristes, administrateurs, animateurs territoriaux, assistants, responsables de suivi et d’évaluation, spécialistes du tourisme, spécialistes du genre, spécialistes de la culture et du patrimoine, spécialistes de la communication, spécialistes de l’initiative privée et économie sociale, etc... Aux côtés du personnel permanent du programme, oeuvrent divers experts consultants, sollicités pour leur expertise dans de multiples domaines afférents au développement territorial durable. Le programme dispose donc d’un réservoir de ressources humaines professionnelles et doté d’une bonne technicité. Les prérogatives et termes de références du personnel du POS et des consultants sont prédéfinis avec un partage clair des responsabilités, le tout s’inscrivant dans la culture du rendu et du résultat. L’approche Gestion Axée sur le Résultat (GAR), avec ses différents outils de monitoring, a en effet été adoptée dès le départ par le POS, révélant l’importance de la réalisation des objectifs tracés, et ce quelque soit la difficulté confrontée.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

63


Répartition des cadres du POS selon le type de formation

2 2 3 3

12

3 4

8 4 4

8

Commerce et gestion Personnel de soutien Sciences sociales (géographie, histoire et sociologie) Economistes Droit et littérature Ingénieurs agronomes et écologistes Développement durable Génie civil et génie industriel Tourisme et aménagement Informatique Communication et information

Âge du personnel du POS (en%)

8

31

14

25 à 39 ans 40 à 49 ans 50 ans et plus

Répartition Genre du personnel du POS (%)

19 34

64

Femmes Hommes

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Nombre et profils des consultants du POS Domaines d’expertise

Nombre d’experts / spécialistes

Agroécologie & agrobiodiversité

20

Divers aspects de la planification stratégique Elaboration des Plans communaux de développement

7 BET avec 20 experts et thématiciens

Valorisation et développement des produits de terroirs

12

Conception et structuration de grappes

5

Diagnostics technico-socio-économiques

5

Conception et montage de projets territoriaux structurants autour des principales filières

12

Structuration et montage de produits touristiques

5

Elaboration de stratégie et plan d’action de tourisme

3

Appui au Clustering

1

Etudes d’aménagement paysager

2

Typologie des oasis

10

Etude de reconquête oasis

1

Etude des oasis du monde

1

Etude désertification et érosion

2

Formulation de deux aliments de bétail

3

Etude de structuration et de mise en place de GIE

5

Etude sur labélisation et création de labels

5

Etude sur énergies renouvelables ; montage de projets & efficacité énergétique

3

Stratégie de plaidoyer et de mobilisation de partenariats

1

Conception et production de supports de marketing, de communication et de commercialisation des produits de terroir

10

Etude Schéma d’assainissement

2

Suivi et évaluation & système de gestion informatisée

2

Total

130

Ateliers de formation en Gestion Axée sur les Résultats (GAR) au profit du personnel du POS Date

Lieu

Nombre de participants

19-20 Février 2008

Guelmim

25 personnes

Atelier de formation au profit du personnel et partenaires POS (l'approche genre/ Gestion Axée sur les Résultats / Gestion adiministrative et financière des projets selon les procédures PNUD

12-15 Mars 2009

Agadir

42 personnes

Atelier de développement de capacités en matière de Gestion Axée sur les Résultats, communication pour le développement et programmation basée sur le Genre

07-08 Juin 2012

PNUD Rabat

3 personnes

27-30 Octobre 2013

Guelmim

18 personnes

Objet de formation Formation Gestion Axée sur les Résultats (POS& IPED& POT)

Atelier sur la Gestion Axée sur les Résultats, finances et achats, HACT

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

65


La connaissance des territoires Outre ces qualifications techniques, une bonne connaissance du terrain et de ses spécificités, de ses opérateurs et acteurs est exigée et est en perpétuelle acquisition. Une connaissance fine des territoires, de leur organisation, de leurs ressources, atouts et potentialités ainsi que de leurs contraintes est un préalable majeur pour toute intervention efficiente. Une sensibilité particulière aux aspects politiques, ethniques, socio-culturels, institutionnels est indispensable pour mener à bien des projets de développement où le facteur humain est prédominant. Chez les équipes du POS, cette sensibilité est constamment renforcée à l’épreuve du terrain et tout au long du processus de gestion des multiples actions entreprises. Les données territoriales, très complexes, évoluent sans cesse. En effet, les territoires d’intervention du POS, comme précité dans le chapitre introducteur, se situent sur des zones de frottement, aux confluents des mondes hassanophones et berbérophones ; milieu montagnard et milieu saharien. Ces territoires, intrinsèquement liés aux territoires plus méridionaux (dont les groupes ethniques sont partie prenante d’un conflit géopolitique particulier), sont souvent le réceptacle de contestations diverses et de crises sociales se développant sur fond de tensions économiques. Par ailleurs, la transition démographique étant moins avancée dans le Sud du Royaume que dans sa partie centrale et dans le Nord, l’importante proportion de jeunes des 16‑24 ans, alimente une demande sociale de plus en plus accrue . Cet état des lieux exige des opérateurs publics et de la part du personnel du POS, une grande acuité dans les analyses et des lectures de situation à la fois pertinentes et sans cesse renouvelées.

L’empathie La connaissance seule ne suffit pas, si elle est dénuée d’empathie. Au POS, l’empathie s’exerce depuis la phase de conception de divers projets jusqu’à leur mise en œuvre et leur opérationnalisation. Elle permet de comprendre les besoins et les enjeux, les obstacles et les échecs. Elle procure au programme l’élasticité nécessaire, dans sa conduite de projets difficiles, pour qu’il revienne efficacement à la charge, sans renoncement, et qu’il accompagne au mieux la réalisation et l’aboutissement de chaque action.

66

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Seule l’empathie permet par ailleurs de résister à l’adversité et parfois à l’hostilité de certains acteurs et d’aller, dans une logique constructive, au-delà des dissensions, grâce à une bonne capacité d’écoute et de négociation. Les équipes du POS ont su faire preuve, depuis plus de dix ans, de cette capacité d’écoute et d’implication en faveur des femmes et des hommes, de leurs besoins et leurs attentes et au profit du développement des territoires sur lesquels ils interviennent. Le défi de l’empathie est du reste extrêmement délicat puisqu’il exige du personnel du POS de garder la distance juste qui permet l’implication bienveillante et l’objectivité adéquate. Le programme ne doit en effet, en aucun cas, par empathie, se substituer aux opérateurs locaux ni devenir otage de forces diverses s’exerçant sur le territoire entre communautés, groupes claniques et tribaux, élus et opérateurs politiques ou structures associatives. L’identité de la ressource humaine du POS s’est ainsi progressivement construite et en elle réside le vecteur fondamental de la résilience du Programme POS dans son fonctionnement.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

67


68


Un management sur mesure et une forte adaptabilité Le Programme Oasis Sud, comme précité, est l’outil de planification et de mise en œuvre conçu et mis en place par l’Agence du Sud dans le cadre de sa coopération avec le PNUD et d’autres agences des Nations Unies. Il est dédié au développement durable des territoires oasiens et steppiques et son intervention porte à ce titre sur cinq provinces du Nord du Maroc saharien avec 56 de leurs communes. En sa qualité d’agence nationale en charge du programme, l’Agence du Sud assure à celui-ci un encadrement à la fois stratégique et opérationnel.

L’encadrement stratégique Le document projet originel, élaboré en commun accord avec le PNUD et les parties prenantes aux échelles locales, dresse un cadre logique où sont consignées la situation de référence, les cibles, les objectifs, les activités, les budgets, les délais et les risques. Sur la base de ce document, sur celle des conventions de partenariat conclues entre l’Agence du sud et ses partenaires financiers, et sur la base des orientations stratégiques du Directeur National du Programme (Directeur Général de l’Agence du sud), une planification annuelle est établie et est présentée, lors du premier trimestre de chaque année, pour discussion interne et validation. Cette présentation s’appuie sur des fiches projets dûment qualifiées à la fois sur les plans qualitatifs et quantitatifs, facilitant ainsi les processus de prise de décision. La qualité et la pertinence de l’orientation stratégique profite ici du double statut du Directeur National du POS, qui est en même temps Directeur Général de l’Agence du Sud. Celui-ci s’inspire tout d’abord des impulsions majeures véhiculées par les Directives Royales, et met ensuite à profit son socle d’informations portant sur la totalité du territoire, sa connaissance de l’action des pouvoirs publics dans sa globalité et veille à l’optimisation des interventions du programme en complémentarité et en synergie avec le reste des actions entreprises.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

69


L’optimisation des interventions du programme en complémentarité et en synergie avec le reste des actions entreprises Deux exemples majeurs d’actions complémentaires de l’Agence du Sud et de ses partenaires, à l’impact synergique immédiat, complémentaires aux interventions du POS, sont la construction des lacs collinaires à l’amont de certaines oasis et le désenclavement des massifs du cactus. Au niveau des oasis de Ifrane Anti Atlas et de Fam El Hisn, où les eaux de crue constituent la menace la plus sérieuse, les différentes actions menées par le POS ont été relayées et complétées par la construction de lacs collinaires financés par l’Agence du Sud et ses partenaires. Audelà de la création d’emploi, ces interventions bien calibrées ont eu des impacts spectaculaires sur la recharge des nappes souterraines ainsi que sur le contrôle de l’érosion des sols et des inondations torrentielles. L’essentiel de la production du cactus est cantonné au niveau du Jbel Guir, massif montagneux situé majoritairement dans la province de Guelmim. L’exploitation de cette ressource a été très longtemps handicapée par les difficultés d’accès. Avec l’avènement du programme cactus du POS, la priorité a été accordée au désenclavement de cet espace, consistant en l’ouverture de nouvelles pistes, grâce à un partenariat entre l’Agence du Sud et la Direction Générale des Collectivités Locales. Cela a permis une meilleure desserte des villages et a facilité les opérations de récolte des fruits et raquettes de cactus et leur acheminement aux centres urbains voisins. D’autres exemples de complémentarité récurrente résident dans la forte implication des certaines structures de l’Agence du Sud (Direction Culture et Communication, Direction Partenariats et Pôle Projets) pour la mobilisation de fonds additionnels, l’élaboration de stratégies et d’outils de marketing territorial, ainsi que pour la réalisation de certaines activités prioritaires des PCD, notamment au niveau des communes de Asrir, Ifrane de l’Anti-Atlas, Fam El Hisn, Leksabi Tagoust, Tata.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


D’autres outils efficients de gestion stratégique participent à la construction d’une vision globale et intégrée en faveur du développement pérenne du territoire : • La tenue d’ateliers de réflexions et de brainstormings autour de thématiques diverses (économie sociale et solidaire, planification stratégique et gouvernance locale, culture et développement...). Certaines de ces réunions ont même alimenté et orienté fortement la formulation du nouveau modèle de développement par le Conseil Economique, Social et Environnemental du Royaume, constituant ainsi de facto une exceptionnelle capitalisation des acquis et des efforts entrepris par l’Agence du Sud à travers le POS. • La tenue de séances de travail thématiques à l’occasion du lancement, de l’accompagnement et de la restitution des études et de divers diagnostics territoriaux. Le programme de travail annuel est également soumis au regard du comité de pilotage du POS constitué, aux côtés des parties précédemment citées, des présidents des instances élues concernées (conseil régional, conseils provinciaux, communes et chambres professionnelles) ainsi que des représentants des départements ministériels et services déconcentrés. Ce plan de travail annuel est ensuite validé par le PNUD et mis en adéquation avec son système de gestion des projets (ATLAS). Par ailleurs, deux rendez-vous annuels (à la fin de chaque semestre) sont organisés conjointement avec le PNUD et permettent des évaluations mi-annuelles et annuelles. Cet exercice est fondamental car il renseigne sur l’exécution des projets et sur les problèmes rencontrés, propose les mesures à prendre pour lever les difficultés et apporter les solutions adéquates.

Un management de proximité Par ailleurs, et venant étoffer ce management classique et convenu, se met en place, piloté par le Directeur national du programme, un management itératif et de proximité, en prise directe avec le territoire, par le biais de contacts récurrents (téléphoniques, réunions et visites de terrain) avec les autorités locales, les présidents de conseils et de communes, les leaders territoriaux et toutes les parties influentes, forces vives et institutions clés.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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Ce management sur mesure permet un accompagnement au quotidien des processus et des actions engagées et offre ainsi une réactivité optimale aux aléas et aux difficultés rencontrés. L’identification quasi immédiate des insuffisances et des obstacles permet, en perpétuelle concertation avec les partenaires concernés, la mise en place la plus rapide possible de solutions adéquates à même de résorber les situations de blocage. Les réajustements nécessaires qu’ils soient physiques ou budgétaires sont alors entrepris au profit des projets, des territoires et de leurs populations. Les équipes du POS savent pouvoir compter à ce propos sur cet accompagnement managérial rapproché, mais savent également le niveau d’exigence constamment attendu d’eux. L’âpreté leur devient donc indispensable et leur permet de s’attaquer aux projets les plus ardus.

Séance d’ouverture de l’Atelier international des produits du terroir du Maroc saharien, organisé par l’Agence du Sud, le PNUD et leurs partenaires à Rabat (septembre 2011).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le comité de pilotage du POS à Taghjijt (2008).

Le comité de pilotage du POS à Tighmert (2008).

Le Directeur national du POS en réunion avec les habitants du douar Tanzida (commune de Fam El Hisn, 2013).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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Réunion des équipes du POS à l’Agence du Sud (2015).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme rĂŠsilient

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Réunion des équipes du POS à l’Agence du Sud (2015).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme rĂŠsilient

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78


Autocritique et adaptabilité Au POS, une bonne dose de remise en question des concepts, des approches, des méthodes et des modalités de mise en œuvre est constamment nécessaire. Face à chaque échec, et après analyse, le POS se fait résilient, envisage le changement et s’adapte à la contrainte. L’exemple le plus édifiant est à ce sujet, probablement, la réorientation du programme IPED (Initiative pour la Promotion de l’Emploi et le Développement) eu égard au constat de la fragilité des opérations menées, à la duplication stérile des interventions et à leur émiettement, à l’engorgement du segment des services, à l’insuffisante connaissance des procédures financières par certains porteurs de projets et in fine au regard du faible impact du programme IPED. D’aucuns, échaudés par la difficulté du changement, se seraient peut-être satisfaits de ces résultats à la fois partiels et précaires et auraient poursuivi dans la même voie. Mais à l’Agence du Sud et au POS, une opération d’autoévaluation a conduit à la réorientation volontariste du programme et à son inscription dans le concept de grappe qui s’appuie sur l’économie sociale et solidaire et l’initiative privée. Il s’est agi, nonobstant la difficulté, d’adopter la logique de filière, constituée d’un ensemble d’actions et de projets complémentaires et interconnectés, agrégés autour d’une même chaîne de valeurs. Depuis l’initiative individuelle ou la simple AGR portée par une ONG, une transition méliorative mais laborieuse s’est opérée, conduisant les porteurs de projets à intégrer la logique corporative et collective : coopérative, GIE, cluster, entreprise sociale. La résilience a été ici plus que jamais de mise. Le deuxième exemple éloquent, d’une nature différente mais illustrant clairement la résilience du programme face aux difficultés et enjeux territoriaux complexes, est sans nul doute celui de l’implantation du cactopôle. Sous ce néologisme qui interpelle, réside l’ambition de la mise en place d’un pôle d’excellence dédié à valoriser une ressource précieuse et sous-estimée de la région : le cactus. En effet, après la mise en œuvre d’une phase pilote, riche en enseignements et en success stories d’un programme dédié au cactus, s’est imposée l’idée de créer à l’instar des agropôles, une plateforme orientée vers la structuration et le développement de la filière cactus .

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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Le cactopôle, prévu sur une trentaine d’hectares, se doit de regrouper en son sein des unités et ateliers de production, de stockage et de conditionnement des divers produits du cactus (confiture, sirop, huile cosmétique de pépin de figues de barbarie, filets de raquettes, fruits frais conditionnés, fleurs, aliments pour bétail). Ces unités seront alimentées grâce à une collecte élargie de la matière première, puisque le cactopôle drainera, par le biais d’une importante chaîne logistique, la ressource en cactus de huit communes s’étendant sur plus de trente mille hectares. Le cactopôle prévoit également la mise en place d’une pépinière d’entreprises favorisant la création d’emploi, la mutualisation des efforts, le développement des compétences et des savoir faire, aux côtés de la mise à disposition de services divers inhérents à la filière. Le concept est très favorablement accueilli et développé en partenariat avec les présidents des communes concernées, conscients de l’importance du projet et de son futur impact socio-économique. Son lieu d’implantation va néanmoins très vite devenir problématique, et faire l’objet d’interminables négociations. En effet, la disponibilité du foncier, la centralité du lieu, la proximité de la ville de Guelmim, de la route et de la station d’épuration ainsi que la possibilité d’extension des plantations ultérieurement, plaident en la faveur de l’implantation du cactopôle dans la commune d’Asrir, au niveau du village de Ouaâroune. Cette proposition va soulever la forte hostilité de la part des élus de certaines communes, ces dernières souhaitant chacune accueillir ce projet stratégique. S’y ajoutera la multiplicité des acteurs et des parties prenantes (élus et présidents des conseils régional, provincial, communaux et ceux de la chambre d’agriculture, autorités locales, représentants de certains départements ministériels, notamment l’INRA et la Direction régionale du Ministère de l’Agriculture) qui va constituer un obstacle de taille. Plus de trois mois d’argumentations circonstanciées et étayées de données solides, de présentations diverses, de mise à disposition de multiples plaidoyers, de réunions bilatérales et multilatérales, de rapprochements de points de vues, d’intermédiation et de négociation, de sollicitation d’arbitrages éclairés auront été nécessaires pour éviter le renoncement à ce projet d’envergure. A l’instar de ces deux exemples, la résilience du programme s’est ainsi construite, progressivement, à l’image d’un territoire âpre et à son épreuve. L’identité particulière de la ressource humaine du POS, la mise en place d’un management sur mesure, la capacité à l’autoévaluation et à la réorientation décomplexée, en sont les trois principaux vecteurs.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Khettara

Ouaâroune

Khettara

Localisation du cactopôle près de l’oasis de Ouaâroune, dans la province de Guelmim. En haut à gauche, une vue de la station de traitement des eaux usées située à proximité.

Perspective générale du cactopôle et phasage du projet.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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2012

2012

2013

2013

Le chantier du cactopôle.

2014

Appel d’offres pour l’aménagement de la zone industrielle du cactopôle et appel à manifestation d’intérêt pour un gestionnaire privé de la première station de conditionnement de fruits frais de figue de Barbarie (2012).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Compétence

Gestion axée sur les résultats

Bonne connaissance du terrain

Empathie

Orientations stratégiques

Autocritique et adaptabilité

Management de proximité

Résilience du Programme Oasis Sud

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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AUTOUR D’UN PROGRAMME RÉSILIENT

TEMOIGNAGES

Premier témoignage

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« On part de loin, à la coopérative

Hawd Oued Noun ! Le projet, au début, était entre les mains d’une première

coopérative... Il y a eu de gros problèmes, techniques et de gestion. Le projet a failli

s’arrêter parce que ses revenus étaient très faibles. Plutôt que de l’abandonner, le POS et la commune ont fait venir

des experts pour aider la coopérative à régler les problèmes techniques. Ça n’a pas marché encore. Alors ils ont décidé de changer de gestionnaire. On

a été choisi pour reprendre ce projet,

c’était difficile, mais on a beaucoup travaillé et on a été accompagnés par le

POS. Aujourd’hui, le projet a créé dix emplois dont sept directs, la production

des œufs a augmenté de 100% et nos recettes

annuelles

sont

de

50  000

Dirhams1. On souhaite maintenant avoir

plus de formation...»

Bachir Bouchelgua, Coopérative Hawd Oued Noun, Commune d’Asrir

1. Environ 5 550 dollars US

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième témoignage « Mon rêve était de créer une auberge parce que Foum Zguid est une zone touristique et

qu’il

n’y

a

pas

beaucoup

d’auberges.

Malheureusement, je n’avais pas d’argent. J’ai

fait beaucoup de contacts et finalement, j’ai trouvé l’IPED. Ils m’ont fait une formation

dans la gestion de projets et ils m’ont aidé pour avoir un crédit auprès de la banque. L’argent

n’était pas suffisant et l’auberge n’a pas pu être finie, surtout le branchement électrique.

J’étais désespéré, mais ensuite le POS m’a aidé pour que le projet, même s’il est difficile, ne s’arrête pas. Ils ont complété l’argent pour finir et installer l’électricité solaire.

L’auberge marche très bien aujourd’hui2, six

personnes travaillent avec moi ».

Said Tabi, propriétaire de l’auberge, Foum Zguid Province de Tata 2. Le chiffre d’affaires actuel est de 100 000 DH / an, soit 11 100 dollars US par an. L’implication forte du porteur de projet et les perspectives prometteuses pour le tourisme dans la province de Tata sont les garants de la durabilité de ce projet, initialement en souffrance.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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AUTOUR D’UN PROGRAMME RÉSILIENT

TEMOIGNAGES

Troisième témoignage « En

ce

qui

concerne

la

résilience du Programme Oasis

Sud, le cas de la coopérative de Taslikht est édifiant à plus d’un titre. En 2008, sur

demande de la Wilaya de la

région Guelmim - Es-Semara, L’Agence

du

Sud

a

été

sollicitée pour venir en appui

à la coopérative de Taslikht

qui gère la première unité de valorisation des dattes dans la

région. Les parties prenantes initiales de ce projet ont certes eu raison d’avoir pensé et mis en place cette unité, étant donné que l’oasis de Taghjijt est l’une des plus dynamiques et les plus productives de la région. Malheureusement, le projet a été préparé dans la précipitation, son

emplacement n’était pas adéquat, son dimensionnement non plus... Et puis en amont, il n’y avait pas de vraie étude à même de fournir les informations

nécessaires pour monter un tel projet. L’initiative de s’appuyer sur

des jeunes ayant reçu une formation agricole était salutaire, mais les agriculteurs producteurs de dattes n’étaient pas assez impliqués. Enfin, des difficultés de management n’ont pas tardé à surgir au sein de l’équipe.

Le bâtiment de la coopérative de Taslikht dans l’oasis de Taghjijt (2015).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le POS, de par sa mission ne pouvait pas renoncer au projet. Le processus

d’accompagnement et de mise à niveau a démarré. Une convention de

partenariat a été élaborée entre l’INDH, la commune rurale et l’Agence

du sud. On a redessiné le plan type de la construction pour respecter le

processus de la marche en avant et les normes de qualités ont été observées par l’introduction d’un séchoir solaire. Des formations appropriées ont

été dispensées. Malheureusement, tout cela n’a pas suffi. Les plaintes

des porteurs de projets, tantôt de nature technique, tantôt de nature financière, n’ont pas cessé. Plusieurs réunions ont été tenues dans la

perspective de régler ces difficultés. Tout dernièrement, mieux encore, un fonds de roulement leur a été accordé, et un autre séchoir mis en place.

Ils n’ont pas su malgré tout cela tirer le meilleur parti de la campagne agricole en cours.

Aujourd’hui, le problème d’opérationnalisation persiste et les parties

concernées envisagent un autre mode de gouvernance du projet tout en préservant les acquis et les avantages à l’actuelle équipe du projet. »

Mohamed Houmymid, Coordonnateur National du Programme Oasis Sud

Conditionnement des dattes. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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AUTOUR D’UN PROGRAMME RÉSILIENT

TEMOIGNAGES

Quatrième témoignage « Je suis président de la commune

rurale de Fask depuis 2003, et j’ai été réélu en 2009 pour un second mandat.

Cette

année-là,

on

a

organisé un forum « entente sous la tente » pendant deux semaines pour recevoir la population de la

commune et parler développement, mais ça n’a rien donné. Ensuite, on

a établi un programme d’urgence d’un budget de trois millions de dirhams avec l’Agence du Sud, et on a confié sa mise en oeuvre à l’association « Pour un Maroc vert », mais le démarrage a été difficile...

Alors on a établi un diagnostic territorial avec le POS, et les gens

ont bien participé cette fois. Même si on a eu des difficultés dans la

phase de planification, les réunions de formation avec le POS et les

experts ont réussi à la faire aboutir. Après, on a rapproché les points de vue de tout le monde. Le PCD a été validé par les membres du conseil

communal, et aujourd’hui, on cherche nous-mêmes les fonds pour le réaliser. Je crois qu’à Fask, le progrès passera par la valorisation des

ressources touristiques (sources thermales, dunes de sable, méharées de randonnée…), et par la mise en réseau intercommunale avec les voisins de Tiglit ou d’Asrir… »

Abdellah ADDOUZ, Président de la Commune rurale de Fask

La cascade de Fask.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le siège de la Commune rurale de Fask (2015).

Une séance de travail à Fask (2011).

Une ONG en discussion avec les habitants de Fask.

Réunion du Conseil communal (2014).

Réunion de suivi du programme Economie sociale et solidaire au siège de l’Agence du Sud (2013).

Développement d’un projet écotouristique (2014).

Mise en place d’un projet équestre (2014).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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AUTOUR D’UN PROGRAMME RÉSILIENT

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage « Le Ksar d’Assa, le plus grand ksar du Royaume,

se trouvait dans un état de délabrement et d’abandon avancé, déserté par ses habitants au profit de la ville

nouvelle, considérée comme porteuse de modernité et focalisant les enjeux socio-économiques urbains.

Jadis foyer de prospérité et symbole de fierté, le ksar d’Assa était perçu par la population locale comme archaïque

et

incompatible

avec

le

développement.

Les voix des chantres du béton s’élevaient contre la présence devenue inopportune de cette cité médiévale,

tant et si bien qu’il était souhaité de raser cette dernière pour édifier, sur la falaise imposante qu’elle occupe, un belvédère flambant neuf, avec hôtel et restaurants.

Consciente de la valeur patrimoniale exceptionnelle du ksar mais aussi de son

potentiel socio-économique et touristique, l’Agence du Sud, à travers le POS,

s’est fermement positionnée en faveur d’une opération complexe de restauration du bâti et de réhabilitation de la cité. Le facteur résilience dans la gestion de

ce projet entre 2006 et 2012 transparait déjà dans le choix des modalités et

techniques de reconstruction (architecture de terre et de pierre), mais surtout,

dans la capacité de convaincre la population d’Assa de l’intérêt majeur de préserver et de valoriser le ksar d’Assa. Cette résilience s’est exprimée pleinement lors du processus laborieux d’accompagnement de porteurs de projets, dans le cadre de la phase de réinvestissement progressif du ksar par les habitants d’Assa.

Aujourd’hui, le ksar avec sa zawiya et la palmeraie qu’il surplombe est à la fois

un vecteur identitaire fort et un espace de convivialité et d’accueil de fêtes et de

cérémonies traditionnelles, participant ainsi à la consolidation du tissu social. Il

est également un lieu touristique structurant contribuant à la construction de la destination Assa. »

Lahoucine RAH, Directeur de la Programmation et du Partenariat, Agence du Sud

Méthodologie et formulaires pour la sélection et le soutien des porteurs de projets du Ksar d’Assa (2007).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


La réhabilitation du Ksar d’Assa, un cas d’école pour la résilience

Le Ksar surplombant la palmeraie et la ville nouvelle (2014).

Présentation du projet de réhabilitation du Ksar d’Assa à une délégation du PNUD (2011).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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L’architecte conseil Salima Naji à l’écoute des habitants et des porteurs de projets du ksar (2007).

Un maâlem réalisant le montage d’un linteau en tronc de palmier.

Les propriétaires d’une auberge créée dans une bâtisse réhabilitée.

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Un autre porteur de projet (restaurant près du théâtre en plein air).

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


La réhabilitation du Ksar d’Assa, un cas d’école pour la résilience

Porteurs d’un projet de musée en cours d’étude, les membres de cette famille du ksar font l’inventaire de leurs manuscrits (2007).

En 2011, le ksar d’Assa réhabilité est le nouveau repère urbain et un lieu de rencontres privilégié pour habitants et visiteurs. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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Les habitants d’Assa commencent à se réapproprier le vieux ksar auparavant délaissé : ici, une soirée musicale organisée dans le théâtre en plein air encore en chantier (2007).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


La réhabilitation du Ksar d’Assa, un cas d’école pour la résilience

Le théâtre en plein air achevé est aujourd’hui source de fierté pour la population qui y accueille ses invités (2012).

Le ksar s’affirme comme le produit d’appel de la jeune destination touristique d’Assa. Ci-dessus, des touristes visitant le ksar en 2010.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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SUR UN PROGRAMME RÉSILIENT

La résilience induit le changement des mentalités Hier encore, il y a à peine huit ans, la population locale interpellée par le programme se définissait suivant des critères ethniques, en mettant en avant une appartenance tribale, et en revendiquant un statut social lié à l’âge ou au sexe. Par ailleurs, pour les habitants de ces communes oasiennes, le salut ne pouvait passer que par des subventions inconditionnelles de l’Etat au titre de la solidarité avec une région défavorisée. Aujourd’hui, la société civile s’est investie en de nombreuses associations, et plusieurs d’entre elles ont franchi le cap du développement actif en se réinventant en coopératives de production. Et les interlocuteurs du programme se définissent désormais en fonction du projet qu’ils portent. Ce changement de mentalités est sans aucun doute à mettre à l’actif du programme, qui a véritablement modifié, progressivement, l’attitude de la population locale envers un développement qu’elle sait aujourd’hui possible, et qu’elle induit et accompagne elle-même. Parce que des résultats concrets ont convaincu les plus pessimistes et des réalisations palpables ont eu raison des vents de contestation stérile qui soufflaient au départ. Ce sont, par exemple, les mêmes diplômés-chômeurs autrefois abonnés aux sit-in devant les bâtiments publics d’Assa qui sont, aujourd’hui, les porteurs de projets redonnant vie à leur ksar (aubergistes, restaurateurs, créateurs de musées, organisateurs de visites touristiques…), ou créant des services jusquelà inexistants dans la ville nouvelle (salon d’esthétique, fromagerie, atelier de lavage automobile, crèches pour jeunes enfants). Autre exemple, à Asrir, ce sont les activistes déboussolés d’hier qui sont devenus les agents de développement d’aujourd’hui, et les contestataires d’antan se sont fondus dans diverses expériences de coopératives de produits du terroir. La coopérative Wahat Tighmert est en cela un exemple à plus d’un titre. Le noyau de l’association originelle des porteurs de projet était constitué de six jeunes personnes, toutes diplômées, toutes chômeuses. Mais il s’agit ici exclusivement de femmes, et cela est révolutionnaire en soi. Car le programme POS a d’abord rencontré une société codifiée, où la femme ne participait même pas aux premières réunions d’orientation et de sensibilisation. Cet état de fait a vite changé dès la mise en place des premières activités du POS, qui a délibérément choisi, dans sa création d’emploi, de cibler particulièrement la gent féminine.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Opération d’extraction de l’huile de pépins de figue de Barbarie.

Unité de valorisation des produits de cactus (coopérative Wahat Tighmert à Tighmert).

Fabrication de produits à base megli (orge torréfiée) dans une coopérative à Asrir.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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SUR UN PROGRAMME RÉSILIENT

Ne pas rechigner à s’investir dans un travail physique, devenu un réflexe courant chez les oasiennes, qui se sont engagées en particulier dans les coopératives de produits du terroir, est un autre témoin parlant du changement de mentalités induit par la résilience du POS. Si la valorisation de ces produits du terroir fait souvent appel à un savoir-faire de recettes traditionnelles héritées de mère en fille, même les segments de l’artisanat initialement réservés aux hommes ont été décloisonnés pour accueillir la main-d’œuvre féminine. Les élus communaux, pour leur part, se sont appuyés sur les Plans Communaux de Développement (PCD) comme guides de leur politique de développement local, en s’investissant fortement dans leur définition. Ces mêmes responsables autrefois attentistes, qui s’en remettaient systématiquement aux seules aides de l’Etat pour subvenir partiellement aux besoins infrastructuraux d’une région souséquipée à l’origine, sont aujourd’hui des acteurs de développement rompus à l’exercice de conception et concrétisation de projets générateurs de revenus et d’emploi, prêts à se transformer en lobbyistes affûtés quand il s’agit de démarcher divers bailleurs pour récolter les fonds nécessaires à la vision de développement arrêtée par leur commune. A l’échelle individuelle, le changement opéré des mentalités est aussi spectaculaire. Alors qu’hier tout individu rêvait de trouver un travail en tant qu’employé entièrement pris en charge, d’aucuns ont mis la main à la poche pour monter une activité privée pérenne, grâce à l’esprit entrepreneurial prôné par la composante IPED du programme POS. L’impact de huit ans de programme sur la région est manifeste, quand on voit que la logique ethnique et grégaire prévalant à l’origine est devenue une logique de développement partagé et consensuel. Et les prismes de perception se sont modifiés, depuis celui, étroit et stérile, de l’appartenance ethnique vers celui, productif, de la valorisation et la promotion d’un territoire commun. Le terroir prend ainsi le dessus sur la notion de tribu.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Travail de vannerie dans l’oasis d’Akka.

Réunion des membres de la coopérative produisant du fromage de lait de chamelle à Assa.

Point de vente des miels du Maroc saharien, une AGR à Assa.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

I. Un programme résilient

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«Celui qui n’a qu’une seule main sait qu’il ne peut pas ouvrir un

double noeud» Proverbe beydane

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


II. Un programme systĂŠmique

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La notion de système est inhérente au fonctionnement du Programme oasis sud, et ce à travers toutes les étapes et phases d’évolution qu’il a connues. En effet, l’analyse révèle que quelques soient les cercles concentriques d’interventions du POS et leurs diverses évolutions, l’approche systémique a toujours été intrinsèquement liée à la conception et à la mise en oeuvre des multiples projets menés par le programme.

Des actions respectueuses du micro-système de la parcelle Tout d’abord, la parcelle agricole a été la première unité indivisible, dès le début considérée comme système à part entière par le POS et qui a constitué pour celui-ci son cercle d’intervention initial. Conscient de l’intérêt de l’approche systémique pour aborder cette parcelle, les actions d’agro-écologie et d’agro-biodiversité entreprises ont constamment été menées parallèlement à une gestion économe de l’eau. Ainsi, les expériences pilotes menées sur le micro-système de la parcelle ont réussi à mettre en équation harmonieuse les espèces locales (maraîchage beldi : carottes, aubergines, courgettes, oignons, pastèques, luzerne, orge...) avec la restauration du sol (fumier organique) et avec la gestion parcimonieuse et rationnelle de l’eau (seguias) dans un contexte de rareté de la ressource hydrique.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Réhabilitation des séguias dans la palmeraie d’Assa.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Broyage des palmes et préparation de compost à Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek.

Visite d’une ferme de démonstration et plantation de palmier dattier.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Une palmeraie située entre Foum Zguid et Tata, abandonnée suite à l’effondrement de la nappe phréatique. Les parcelles agricoles sont encore visibles sous le sable qui avance de manière irréversible (2006).

Palmiers atteints du Bayoud.

Eaux de crue emportant les sols précieux en bordure de la palmeraie de Tata.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Partant de là, et face à la grave situation de crise que connaissait l’oasis, le POS pouvait‑il, s’il se voulait efficient, ne pas adopter la logique systémique? Pouvait-il par exemple privilégier le développement agricole en reléguant au dernier rang l’élevage oasien basé sur des espèces nobles, endémiques et à forte valeur ajoutée? Pouvait-il se préoccuper de la lutte contre l’érosion hydrique et éolienne en sous-estimant les autres formes de lutte contre la dégradation environnementale : dépollution, assainissement solide? Et à propos d’assainissement solide, pouvait-il se passer de la gestion communautaire comme outil d’exception pour réussir cette action? Et se passer donc de favoriser l’organisation d’ONG dédiées à cette opération? La réponse est évidente : NON. Et l’on comprend aisément que le programme se soit par ailleurs, aux côtés des diverses thématiques précitées, investi en plus à la fois dans la structuration et le développement du secteur de l’écotourisme (aménagement de l’oasis, circuits et produits touristiques), dans celui de la revivification des savoir - faire traditionnels, dans la valorisation des produits des terroirs, dans l’animation socioculturelle et surtout dans le développement des capacités locales et dans celui de l’économie sociale et solidaire.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Le système oasien traditionnel

Agriculture intensive en 3 strates

Gestion de l’eau

Elevage

Commerce

Palmeraie

Habitat ksourien

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Agrobiodiversité oasienne

Métiers et savoir-faire traditionnels

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le système oasien en crise

Crise du palmier

Crise agricole

• Perte de capital productif • Conduites phoenicicoles peu optimisées

Perte de biodiversité

• Maladies (bayoud, pyrale)

• Perte de sols, salinisation • Morcellement parcellaire extrême • Abandon des agricultures patrimoniales

Crise de l’eau • Stress hydrique structurel • Systèmes hydrauliques inapropriés / surpompage

Faible adhésion des populations jeunes aux métiers agricoles

Palmeraie moribonde

Conflits entre le mode de développement citadin et les structures traditionnelles de gestion

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

Accroissement démographique Exode rural

Déperdition des savoir-faire et de la culture patrimoniale

II. Un programme systémique

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Des actions intégrées pour une oasis revivifiée La complémentarité des actions entreprises dans le cadre du POS et l’approche systémique adoptée se mettent ainsi efficacement au service de l’écosystème oasien qu’elles tendent à revivifier et à préserver. L‘oasis du Maroc saharien renaît, elle redevient attractive à la fois aux yeux de sa population actuelle mais également aux yeux de ses jeunes, eux qui l’ont souvent quittée au bénéfice des grandes villes, ainsi qu’aux yeux de ses visiteurs et touristes chaque jour plus nombreux. Elle tend à renouer avec ce qu’elle a été jadis, avec son passé de cité caravanière florissante, et se veut dorénavant cité productive et en développement constant. Plus tard, un deuxième cercle d’intervention du POS a été dessiné, il a englobé celui de la parcelle initiale et a permis l’intervention sur un écosystème plus élargi, à savoir l’oasis. En effet, l’oasis n’est rien d’autre qu’un bassin vivrier ancestral, dans lequel s’épanouissent des composantes naturelles et humaines diverses et complémentaires, dont aucune ne doit être négligée lors de toute action visant un développement durable et harmonieux de l’écosystème oasien (voir ci-après, le schéma de synergie des actions du POS).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Agriculture et élevage • Restauration des sols et agroécologie • Gestion de l’eau • Nettoyage des touffes de palmiers • Plantations diverses • Elevage (moutons Dmane, chèvres Draâ)

Soutien à l’initiative privée • Manuels de procédures • Système de financement approprié • Accompagnement technique et financier des porteurs de projets (pré- et post-création) • Mise en réseau

Lutte contre l’érosion hydrique et éolienne • Construction de digues de prévention de l’érosion hydrique • Quadrillage en palmes • Plantation d’essences forestières

Economie sociale Création d’AGR et d’emplois Protection de la biodiversité

Dépollution des oasis • Assainissement solide et suppression des points noirs dans les oasis • Assainissement liquide

Ecotourisme • Mise en place d’une stratégie de développement touristique • Conception et réalisation de circuits touristiques • Aménagement et pavage de circuits pédestres et cyclables au sein de l’oasis • Développement de l’hébergement chez l’habitant (gîtes, auberges, campings et maisons d’hôtes) • Installation de structures de restauration et de bivouacs • Bureau d’Information et d’Orientation Touristique Oasienne (BIOTO) • Association Touristique des Oasis du Sud (ASTOS) • Marketing territorial et publication de topoguides

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Lutte contre la désertification Protection des ressources Amélioration du cadre de vie et du paysage oasien Dynamique territoriale

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable

Attractivité du territoire oasien


Produits de terroir

Lutte contre l’exode rural Rupture avec la culture de l’assistanat Entreprenariat local Valorisation des produits locaux Métiers et savoir-faire traditionnels Préservation du patrimoine Fierté locale et cohésion sociale Désenclavement culturel

• Inventaire et étude des potentialités de production • Développement des capacités de production par la création et la structuration d’ONG (associations et coopératives) et la mise en place de groupements d’intérêt économique (GIE) • Caractérisation et mise en place de filières de produits de terroir • Réalisation de 2 lignes de produits des terroirs oasiens (alimentaire et cosmétique) sous la marque «Nadweyya», comprenant une quinzaine de produits déclinés en une cinquantaine de références • Etude et réalisation d’un packaging approprié • Installation et/ou mise à niveau d’une quarantaine d’unités de production et de conditionnement (constructions et réhabilitation des équipements) • Mise en place d’un Cluster des Oasis du Sud (COS) doté d’une entreprise sociale (COS Social Business) • Création de points de vente • Labellisation de 20 produits • Déclinaison des produits de terroir en produits gastronomiques

Revivification des savoirs traditionnels • Lancement de chantiers de restauration du patrimoine bâti • Création et accompagnement d’ateliers de tissage, vannerie, cuir, poterie, travail du métal, hsayer (nattes en fibres végétales) • Développement de lignes d’objets de design et de recettes gastronomiques

Animation socio-culturelle • Soutien aux moussems et festivals oasiens • Participation aux foires et salons • Création et équipement de points de lecture et de cybercafés • Installation de foyers féminins • Soutien à la société civile pour des activités socio-culturelles et sportives Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


Le système montagne - oasis - steppe Mais l’oasis d’aujourd’hui, à l’image de celle d’antan, n’existe pas en autarcie. En effet, les oasis du Maroc saharien constituent ensemble un chapelet s’étendant sur plus de 1000 km, et vivant en lien étroit avec le milieu de la montagne mais surtout avec le milieu steppique. Un nouveau système se révèle ici, le système agrosylvopastoral, avec la complémentarité des milieux naturels (montagne - oasis - steppe), qui alimente la complémentarité des revenus des ménages oasiens et transhumants.

Dynamiser l’économie rurale En effet, l’oasis, forte de son agriculture vivrière et de ses diverses productions - dattes, céréales, fruits et maraîchage, henné... - et de son élevage sédentaire, se conjugue avec harmonie avec les produits des milieux environnants, steppe et montagne - miels et plantes aromatiques et médicinales, produits du cactus, bois de feu, produits d’élevage de montagne et d’élevage camelin (viande, produits laitiers, laine et poils) et céréales de l’agriculture pluviale. L’économie rurale se construit ainsi en se basant essentiellement sur la complémentarité des éléments de ce système. L’intervention du POS, à l’image de la systématicité du territoire, a su s’inscrire dans une logique globale et intégrée, à travers la mise en œuvre de projets concernant à la fois le milieu montagnard, oasien et steppique : valorisation de l’arganier, de l’olivier, du dattier, du henné, du maraîchage, des plantes aromatiques et médicinales, des miels, du cactus, de l’élevage caprin, de l’élevage camelin, etc. Les métiers et les savoir-faire sont par ailleurs des réservoirs fertiles, riches en potentiel de développement durable et concernent la totalité du territoire, avec ses pans oasien et saharien.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Bassin d’accumulation d’eau dans la palmeraie d’Assa.

Remplissage d’un abreuvoir près de Taghjijt (pompe à énergie solaire).

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Une gestion de l’eau équitable intégrant l’ensemble du territoire La thématique de l’eau est pour sa part un élément majeur, qui redit avec force l’existence du système montagne - oasis - steppe. La gestion de l’eau ne peut en effet pas être envisagée à l’échelle de la parcelle ni celle de la palmeraie seules. C’est bien en amont, et au niveau de l’impluvium que se décide la dotation hydrique de chaque palmeraie et qu’elle est ainsi fonction de l’étendue de l’impluvium et de ses caractéristiques (nature du sol, pente, couvert végétal). Et c’est bien entendu dans les parties basses par rapport à la zone d’impluvium, que s’effectue la plus importante exploitation de l’eau dans les zones sahariennes Et lorsque le POS intervient dans le cadre de cette thématique vitale, il ne peut que considérer le système dans son ensemble. Son action vient tout d’abord compléter celle des autres programmes de l’Agence du Sud, lorsque ceux-ci mettent en place des ouvrages hydrauliques (seuils de dérivation, seuils de protection, barrages et retenues collinaires). Il s’attache ensuite à la restauration des khettaras (système traditionnel souterrain d’acheminement de l’eau du piémont vers la palmeraie) par des actions de curage et d’entretien ainsi que par des travaux de réfection. Par ailleurs, des travaux de réaménagement des sources et des canaux d’irrigation, ceux du creusement de puits, couplés avec la construction de bassins d’accumulation de l’eau viennent compléter heureusement l’aménagement hydraulique de l’oasis. La reconversion progressive du système classique gravitaire d’irrigation en un système de goutte à goutte plus respectueux de la ressource hydrique est également une intervention bénéfique. Le recours au pompage solaire, aujourd’hui largement répandu, l’est également. Le POS veille, par ailleurs, au renforcement de la pratique ancestrale, coutumière, de la répartition de l’eau à travers diverses actions de sensibilisation et d’accompagnement. Les répartiteurs, les tours de l’eau, les droits d’usage traditionnels sont donc ainsi vivifiés. A l’extérieur de l’oasis, et s’inscrivant à nouveau dans la logique systémique territoriale, des puits sont creusés en milieu steppique, sur les axes de transhumance et sont également équipés de pompage solaire. Ils sont dédiés à l’approvisionnement en eau potable des foyers transhumants et à l’abreuvement du cheptel.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Puits d’aération d’une khettara ancienne.

Une khettara abandonnée dans la commune d’Asrir.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Répartiteur de l’eau de la source entre les oasis d’Asrir et de Tighmert.

La clepsydre (dite encore horloge à eau), instrument traditionnel de répartition des parts d’eau entre ayants-droit.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Seuil de protection à Akka.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Source d’eau alimentant les oasis de Tighmert et Asrir.

Equipement de pompage à Taghjijt.

Puits équipé en pompage solaire dans l’oasis de Zag. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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AUTOUR D’UN PROGRAMME systémique

TEMOIGNAGES

Premier témoignage

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Préface du livre «Ksar d’Assa, sauvegarde d’un port du Maroc saharien» par Ahmed Hajji, Directeur général de l’Agence pour la Promotion et le Développement Économique et Social des Provinces du Sud du Royaume « Ce projet, impulsé et piloté par l’Agence pour le Développement

Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume, s’est appuyé sur une implication forte de la population dans la restauration, en employant et en formant une main d’œuvre locale, mais surtout en proposant de vrais soutiens pour la création d’activités génératrices de revenus, d’emplois et de biens culturels dans le Ksar d’Assa.

Notre objectif était de concevoir une restauration qui ne soit pas une coquille vide mais le socle et le lieu d’un développement local intégré, qui s’inscrive dans la culture des lieux et la valorise et qui réponde aux besoins de sa population. Ce programme a pris une dimension globale. La réhabilitation du Ksar d’Assa a permis une réflexion et une expérimentation générales sur l’usage du patrimoine culturel comme levier de développement dans les Provinces du Sud du Royaume. Le chantier participatif ouvert en février 2006, puis le programme de développement d’activités génératrices de revenus en 2007, ont permis d’amorcer une dynamique importante au profit des habitants d’Assa, n’excluant aucune composante de l’agglomération. Bien au contraire, ces programmes ont permis d’assurer une articulation cohérente entre ksar, zawya, oasis et ville nouvelle. Ainsi, Assa a retrouvé un peu de sa gloire passée tout en devenant un chef lieu de province profondément tourné vers l’avenir... »

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième témoignage « Assa, comme toutes les oasis du Maroc, a connu une transformation radicale du fait du développement d’une ville nouvelle à l’écart des espaces historiques. Cette marginalisation de l’oasis et du ksar a été à la fois une menace mais aussi une chance. En effet, il était possible de proposer un nouveau projet intégré qui ne soit pas en concurrence spatiale avec la ville. Par ailleurs, la présence d’une grande zawya multiséculaire toujours active attestait de l’attachement symbolique des Ayt Oussa pour leur patrimoine matériel et immatériel. Dès 2006, l’Agence du Sud a envisagé une action d’envergure liant les trois composantes historiques (ksar, zawya, oasis) intégrée au développement d’une agglomération moderne. L’innovation consistait en une approche systémique dotée d’une forte cohérence globale à partir de ces 3 pôles d’intervention : le ksar, l’oasis, la zawya. Chaque pôle a connu son propre rythme de développement pour permettre à tous les acteurs de se constituer en porteurs de projet, tout en assurant une réhabilitation respectueuse des héritages architecturaux locaux. La réflexion classique, par lieux, a été accompagnée d’un souci constant de préservation des relations spatiales que les trois pôles ont toujours entretenu. Ainsi, il a été possible de préserver un ensemble paysager de premier plan, tout en développant de nouvelles activités génératrices de revenus complémentaires et en offrant un cadre de vie agréable pour les habitants et les visiteurs. Patrimoine architectural, patrimoine agricole, patrimoine religieux, monuments et pratiques votives, ont donc pu être préservés et valorisés du fait d’une approche systémique non sectorielle. »

Salima Naji, Architecte conseil du projet de réhabilitation du Ksar d’Assa

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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AUTOUR D’UN PROGRAMME systémique

TEMOIGNAGES

Troisième témoignage

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« Pour nous, le ksar était une ancienne agglomération abandonnée faite de bâtiments traditionnels ruinés, en pisé, sans importance et dans les meilleurs des cas on considèrait le ksar comme un site historique. Jamais nous n’avons pensé qu’il serait utile pour le développement de la région. A noter que lorsque l’Agence du Sud a commencé les négociations avec nous, pour la réhabilitation du ksar, nous étions réticents au départ, la population locale aussi. Le premier chantier réussi, nous avons été convaincus du potentiel du ksar et nous avons demandé l’extension des activités. Nous avons plaidoyé localement et nous avons sollicité l’Agence du sud pour plus de financement et d’appui, car nous sommes convaincus que c’est une opportunité pour la valorisation et l’exploitation du patrimoine dans le développement local. Nous sommes satisfaits de l’approche participative suivie par le POS et des résultats obtenus. Notre souhait c est de voir le ksar et l’oasis classés patrimoine mondial. Et de les voir aussi une destination touristique, culturelle et historique avec plus de retombées socio-économiques... »

Elwafi ELKHERCHI et Mahmoud Ghailan Vice-présidents de la municipalité d’Assa

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Quatrième témoignage « La mission de la société COS Social Business (COS SB) a d’abord consisté à regrouper les petits producteurs pour qu’ils partagent leurs moyens et travaillent ensemble en réseau. C’est le système COS SB. J’y ai apporté, pour ma part, mon expérience et mon carnet d’adresses. Devant les résultats encourageants réalisés par le COS SB, je suis persuadé que nous pouvons maintenant aborder une autre étape qui est celle de la commercialisation à l’international. Nous devons, pour ce faire, développer encore plus les compétences des membres et professionnaliser un peu plus le réseau de production. Nous souhaitons à ce sujet que l’accompagnement des pouvoirs publics continue pour réussir les défis à venir. »

Brahim El Joumani, Président du COS SB

Boutique Nadweyya de produits de terroir, Marina du Bou Regreg à Rabat. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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AUTOUR D’UN PROGRAMME systémique

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage « Au douar Tighremt à Tata, on est fier de notre savoir-faire en poterie, c’est l’héritage commun de plusieurs familles d’artisans. Avant, les

artisans se partageaient un four traditionnel à bois, et ça voulait dire beaucoup de corvée de ramassage pour les femmes et en plus ça faisait de la pollution de l’air. Et l’efficacité n’était pas très bonne.

En le remplaçant par un four à gaz moderne, le POS a amené deux

solutions : d’abord il a augmenté le volume du four, ce qui permet une

production plus rapide donc plus forte, et ensuite, vous pouvez demander

aux sept principaux bénéficiaires de l’association des artisans, beaucoup moins d’articles sont endommagés lors de la cuisson.

Des femmes libérées de la corvée de ramassage de bois, un environnement

débarrassé d’une source de pollution par les fumées qui se dégageaient, le retour de certains jeunes à ce métier traditionnel, une population qui peut

acheter moins cher des produits traditionnels de qualité qui méprisent dorénavant la concurrence du plastique ou de l’aluminium, voilà une face de l’impact de ce projet.

Les produits du four de Tighremt sont plus que de simples pots pour

l’équipement des cuisines traditionnelles, et d’autres produits utilisés

comme objets d’ornementation. C’est ici que cuisent toutes les briques de terre qui servent à l’aménagement des anciennes mosquées, des anciens greniers, ou de nombreux vestiges de la splendeur saâdienne. ».

Maâlem BLAL, potier au douar Tighremt, province de Tata Président de l’association Tighremt

A Tighremt, le métier de potier se transmet souvent de père en fils.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


L’ancien minaret d’Akka, en cours de réhabilitation, est un projet destinataire des briques traditionnelles produites à Tighremt.

L’atelier de poterie de l’association Tighremt en 2015.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Premier zoom

SUR UN PROGRAMME systémique

Tourisme et patrimoine : l’héritage de tous, le bénéfice de chacun A l’image du programme POS dans son intégralité, la composante de développement du tourisme a connu plusieurs mutations qui ont été autant de paliers dans l’appréhension globale de cette voie de valorisation. Si la première version du programme s’est immédiatement dotée d’une stratégie de développement du tourisme durable en monde oasien, sa traduction sur le terrain se limitait à des expériences très ponctuelles, telle que la conceptualisation du produit Tighmert, l’aménagement de gîtes chez l’habitant à titre démonstratif dans cette même oasis ainsi que dans celles de Taghjijt et Ifrane, des sessions de formation pour divers acteurs du tourisme de la commune d’Asrir et la production des premiers supports de communication. Au bout d’un an et demi, alors que le programme élargissait son champ d’action à de nouvelles communes oasiennes, sa composante de mise en tourisme structurait de nouveaux produits sur Fam El Hisn, Tata, Assa, voire les oasis du Sud dans leur ensemble, en y aménageant circuits et signalétique. Les hébergements touristiques ont alors essaimé un peu partout en une trentaine de gîtes chez l’habitant mais aussi quelques auberges et bivouacs, répartis sur les trois provinces de Guelmim (Taghjijt, Tighmert et Ifrane), d’Assa-Zag (ville d’Assa) et de Tata (Fam El Hisn, Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek et Foum Zguid). Les sessions de formation des différents acteurs du tourisme se sont également multipliées et généralisées. De nouvelles actions se sont mises en place, telles des expériences d’offre de transport écotouristique (calèches, vélos tout terrain), et l’organisation de méharées au tracé intercommunal, alors qu’un éductour et un voyage test permettaient à des professionnels du tourisme, d’une part, et à de vrais touristes d’autre part, de goûter pour la première fois à une destination Oasis Sud désormais structurée, qui a même fait l’objet d’un film promotionnel. Après ces efforts de multiplication des hébergements implantés sur l’ensemble du territoire et la mise en place de plusieurs circuits de découverte, le programme a investi une nouvelle voie de valorisation par le tourisme, en prenant à son compte la réhabilitation ou l’édification de divers monuments du patrimoine bâti. La requalification du ksar d’Assa en est l’exemple phare, les travaux ayant concerné autant la restauration des parties touristiques que des bâtiments sacrés et des espaces communautaires.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Les professionnels du tourisme participant à l’éductour de janvier 2009, accompagnés par l’équipe de production d’un film promotionnel sur la destination des oasis du Maroc saharien. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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SUR UN PROGRAMME systémique Les gîtes chez l’habitant sont à la base de la promotion de l’écotourisme dans les oasis.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Mais les constructions religieuses ne sont pas en reste, à l’image de la zaouia Moulay El Bachir à Tighmert, qui s’est vue doter d’une bibliothèque moderne. Des espaces collectifs à finalité culturelle ont aussi été aménagés, tel que la place Ganga également à Tighmert, qui accueille les célébrations des chants et danses traditionnels. Dans les oasis imbriquées d’Akka et de Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek, un véritable circuit culturel a été mis en place, reliant les deux majestueuses et séculaires mosquées d’inspiration saâdienne. Et parce que le patrimoine ne se limite pas au culturel ou au religieux, une « maison du métal » a été édifiée à Fam El Hisn, afin d’offrir un espace de travail et d’exposition aux maîtres artisans qui font la renommée de cette oasis. Dans une troisième phase, le programme s’est attelé à mettre en cohérence les produits touristiques avec toutes les richesses intrinsèques au territoire, en adoptant une approche d’agrégation, incluant les manifestations artistiques comme la découverte de nombreux produits du terroir. Car si de nombreuses troupes folkloriques ont été subventionnées à travers tout le territoire, c’est surtout la diversité des produits du terroir, principalement gastronomiques, cosmétiques et artisanaux, qui assurent une plus-value d’authenticité consolidant le pouvoir d’attraction de ces destinations. Etonnants miels du désert, onctueuses huiles d’olive et d’argan, délicieuses pâtes et confitures de dattes, rafraîchissants jus de figues de barbarie, filets de raquette de cactus diététiques, produits carnés et laitiers camelins ou caprins inventifs et diversifiés, richesse des couscous multicéréales, toutes ces saveurs exotiques font de ces anciennes étapes caravanières une véritable destination, dans une ambiance parfumée de bkhour à l’ombre d’une khayma saharienne. Regrouper ces richesses en un seul et même concept fédérateur d’une identité d’un pays oasien a permis, devant l’étendue du territoire et la diversité de ses ressources, d’identifier jusqu’à huit grappes touristiques oasiennes clairement délimitées. La grappe d’Asrir-Tighmert où ces deux oasis additionnent leur charme sur dix kilomètres de palmeraie à vingt minutes de Guelmim, la grappe des oasis de montagne reliant Taghjijt à Ifrane de l’Anti-Atlas, la grappe d’Assa-Zag mariant le tripôle ville nouvelleoasis-ksar d’Assa aux limons du Bas Draâ, la grappe de Tan Tan avec ses bivouacs entre mer et désert, la grappe de Tata et ses oasis luxuriantes encerclant la ville, la grappe de Foum Zguid où le vert intense du henné le dispute au jaune ocre du parc de l’Iriki, la grappe de Fam El Hisn entre maraîchage oasien et forêts de Balanites et d’Acacias, et la grappe de Khenifiss-Tarfaya ravivant la magie du « Petit prince » jusqu’aux abords d’une lagune bleue aux mille flamants roses.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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SUR UN PROGRAMME systémique

Installer des infrastructures d’accueil et concevoir des tracés de visite est une chose, commercialiser une destination touristique en est une autre. Le souci du programme a aussi été d’assurer une pérennité d’exploitation de ces richesses patrimoniales en créant et appuyant des groupements d’intérêt économiques locaux à même de gérer une synergie d’offre de production et de services sur l’ensemble de ce territoire oasien. C’est à ce titre qu’a été créé le Cluster des Oasis du Sahara (COS), regroupant des dizaines de coopératives de produits du terroir de toute la région, avec un premier point de vente au niveau du chef-lieu de cette dernière, Guelmim. Pour sa part, l’ASTOS (Association Touristique des Oasis du Sud), est chargée de la gestion du BIOTO et des grappes touristiques des oasis du Sud. Elle regroupe tous les acteurs du tourisme, gîteurs, restaurateurs, guides, coopératives artisanales, troupes folkloriques, organisateurs de randonnées, transporteurs, jusqu’à l’agence de voyages!

Le siège du BIOTO à Asrir.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Détail d’un plafond tataoui.

L’identification adéquate des gîtes et circuits touristiques fait partie des actions du POS en matière d’écotourisme oasien. Ici, la pancarte du gîte «Oued Noun» à Asrir.

Fromage de lait de chamelle d’Assa, commercialisé sous la marque Nadweyya.

Espace d’hôtes dans le jardin d’un gîte touristique à Tighmert.

Véhicule du Cluster des Oasis du Sud devant le magasin COS à Guelmim.

Une AGR de location de vélos mise en place dans le cadre de la promotion de l’écotourisme oasien.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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SUR UN PROGRAMME systémique

Deuxième zoom Lutte contre la désertification, adaptation aux changements climatiques et gestion de l’eau Un chapelet de près de 180 oasis se déploie au Sud du Royaume dans les provinces de Guelmim, Assa-Zag et Tata sur plus ce cent mille hectares. A la porte du désert, ce sont là des agro-écosystèmes dont l’importance écologique, économique et sociale est primordiale depuis des siècles. Mais la fatalité cumulée des changements climatiques et des sécheresses récurrentes fait aujourd’hui de ces oasis le théâtre de divers processus de désertification et de dégradation des terres, phénomène accentué et aggravé par des mutations socio-économiques et institutionnelles très profondes. La stratégie nationale d’aménagement et développement des Oasis, dont le Maroc s’est doté dès 2004, considère à juste titre que « la question des oasis est une question d’intérêt national, une priorité absolue qui touche à l’essentiel, c’est-à-dire à l’identité nationale ». Emanant de cette stratégie, le Programme Oasis Sud (POS) a été conçu au départ selon une approche environnementale, plaçant la lutte contre la désertification au centre de ses objectifs. Au départ, il visait principalement la restauration de l’agrosystème oasien par la mise en place d’actions, à la fois pilotes et démonstratives, inhérentes à la lutte contre la désertification et à la valorisation du terroir. La stratégie adoptée reposait essentiellement sur l’agroécolgie et la gestion rationnelle des eaux, dans la finalité de contribuer à stopper la dégradation des sols et à restaurer l’agro biodiversité. Ses premiers résultats ont été la conception et la réalisation d’un important programme de formation à la fois théorique et pratique au profit des agriculteurs, ainsi que la mise en place d’un bouquet d’actions ponctuelles au niveau de quatre sites pédagogiques, comprenant l’entretien des palmeraies, la gestion des déchets et la restauration de la biodiversité agricole. Cette approche, établie dans la perspective de généraliser les techniques de l’agro-écologie habilitantes pour les sols et économes de l’eau, a pu être menée à terme pour aboutir parfois à ce que l’on peut considérer désormais comme des cas d’école, à l’image de la culture du henné à Foum Zguid, revendiquant un label biologique certifié. Mais face à l’ampleur et à la complexité du phénomène de la désertification, l’impact de ces activités, malgré leur caractère innovant et bénéfique à la restauration de l’agrosystème oasien, restait limité, car ponctuel et partiel, ne traitant que quelques manifestations de la désertification. A l’occasion du premier recadrage du POS, survenu à la fin 2007, les thématiques de lutte contre

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


la désertification et de gestion des ressources naturelles ont été reprises, mais appréhendées et conçues cette fois de manière globale, à l’échelle de tout un territoire. Sur le terrain, les réalisations se sont articulées en de multiples actions intégrées et complémentaires, couvrant l’ensemble des manifestations de la désertification, dans une optique de développement durable. Après avoir analysé les acquis et tiré les enseignements nécessaires des différentes actions pilotes qui ont été réalisées, et tout en tenant compte des résultats d’une dizaine d’études de base réalisées par le POS dans le même temps, une nouvelle approche a été préconisée pour la conception et la mise en oeuvre des actions et projets environnementaux, selon un concept de cohérence territoriale, avec une logique pouvant être ascendante comme descendante. Tous les niveaux de planification du programme ont, dès cette phase, systématiquement intégré les considérations de lutte contre la dégradation environnementale, de gestion durable des ressources naturelles et de conservation de la biodiversité, aspects devenus incontournables dans l’élaboration de tout plan communal de développement (PCD), faisant toujours l’objet d’un large débat participatif et concerté. Une nouvelle appréhension de la biodiversité et de l’environnement, aboutissant à un mode de gouvernance misant sur un développement intégré et durable, est ainsi devenue une constante de la démarche de planification territoriale, principale composante du POS durant cette seconde phase. Une nouvelle génération de PCD est apparue, sachant concilier préservation des écosystèmes et impératifs du développement, allant même jusqu’à intégrer, pour certaines communes pilotes, de nouvelles thématiques environnementales comme la gestion des risques et l’adaptation aux changements climatiques, prises en compte jusque dans le plaidoyer et la mobilisation des partenariats. Au niveau des communes de Tata, Fam El Hisn, Ifrane ou Asrir, les annexes des documents des PCD sont même typiquement articulés en deux chapitres, l’un dédié à la gestion des ressources naturelles et l’autre au développement des capacités locales. Sur la base d’un profil environnemental type « Agenda 21 local », le PCD de Tata, modèle à plus d’un titre, a été revu à maintes reprises, chaque révision représentant une occasion pour introduire un nouvel axe et/ou une nouvelle thématique, incluant ainsi tous les aspects liés aux défis environnementaux.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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SUR UN PROGRAMME systémique

La panoplie d’actions préconisées dans le PCD de Fam El Hisn reflète quant à elle largement le souci de protection et valorisation des ressources naturelles (plan de reconquête de l’oasis, site agro écologie combiné au maraichage beldi, barrage à usage et fonction multiples-alimentation des nappes, lutte contre l’érosion et abreuvement de cheptel, fonds vert initié pour inciter et encourager agriculteurs à l’entretien des palmeraies, mini agropôle dédié à la valorisation de la biodiversité agricole et steppique, grande unité de conditionnement des dattes, projet de parc naturel…). Cette planification environnementale a ensuite atteint un niveau supérieur sur le plan territorial. Sur la base de ces PCD sensibles aux aspects écologiques et à la dégradation des écosystèmes, des ateliers de mise en convergence ont permis d’élaborer des projets et initiatives intercommunaux de gestion des ressources naturelles et de lutte contre la pollution et la dégradation. La gestion de la ressource énergétique, introduisant des énergies nouvelles et propres, diminuant de facto la pression sur les rares forêts encore transformées en bois de feu, a le plus souvent été pensée de façon à bénéficier au plus grand nombre, qu’il s’agisse de fours artisanaux collectifs, de pompage solaire pour irriguer de nombreuses parcelles d’une même oasis, ou du fonctionnement de hammams communautaires. La problématique de la ressource hydrique, question majeure et cruciale pour le développement du monde oasien, a aussi été approchée de manière holistique. Un plan de gestion rationnelle de cette ressource, qui s’appuie sur l’économie de l’eau au niveau du parcellaire agricole et de la mobilisation des eaux de surface pour alimenter les nappes et contrecarrer les crues dévastatrices des oueds, a été mis en place. A cet effet, un important programme de construction de retenues et barrages collinaires a été mis en place à l’amont des plus grandes oasis telles que Fam El Hisn, Assa et Ifrane de l’Anti-Atlas. A l’image des systèmes traditionnels de répartition des eaux de khettaras, les puits de forages amenant des eaux additionnelles ont été répartis en concevant une distribution équitable, le POS allant même jusqu’à les placer judicieusement sur les parcours des transhumants, qui naviguent entre les différentes oasis, et qui sont partie prenante du vaste système agrosylvopastoral qui fait l’identité de toute la région.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Le barrage Tircht (mis en service en 2008) contribue à recharger la nappe phréatique qui permet aux oasis de Fam El Hisn, Igui Ouez et Icht de développer des activités agricoles de manière durable. Grâce au sol très perméable en aval de la retenue, Tircht offre des recharges rapides à chaque crue, dont l’impact se fait sentir immédiatement.

A gauche : le mur du barrage Sidi El Mahjoub, mis en service en 2009. A droite : une séguia à Ifrane de l’Anti-Atlas . Ce barrage a transformé l’oasis d’Ifrane : le village et la palmeraie ne connaissent plus d’inondations, le volume de la retenue permet des lâchers réguliers et la nappe souterraine en tire un bénéfice certain, mesurable au niveau des puits.

Le seuil de déviation des eaux de crue d’Akka El Foussi dans la province de Tata, achevé en 2012. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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Un représentant de l’association Tiflit présentant les panneaux solaires alimentant les pompes à eau d’Iguiwaz.

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Exemple d’actions intégrées : le cas de l’oasis d’Iguiwaz Dans la commune de Tamanart, l’oasis d’Iguiwaz est habitée par 600 personnes, vivant d’élevage et d’agriculture, et se répartissant l’eau de la khettara laissée par leurs ancêtres. Mais ces pratiques ancestrales tendaient à disparaître au fur et à mesure que tarissait l’eau de la khettara, après les doubles nuisances de la sécheresse et des inondations. C’est pourquoi un projet nommé « Renforcement de la résilience de l’écosystème de l’oasis Iguiwaz aux impacts du changement climatique et amélioration des capacités d’adaptation de la communauté locale » a vu le jour, financé par le POS et ses partenaires nationaux et internationaux, et géré par l’association Tiflit pour les utilisateurs des eaux d’agriculture. Puits collectif avec pompage à l’énergie solaire, irrigation localisée sur plusieurs hectares, plantation d’espèces végétales adaptées et résilientes, micro-captage des eaux de pluie, tout cela a permis à 23 agriculteurs de réduire significativement leur facture d’eau. Un jeune agriculteur qui dispose d’une parcelle de 15x100m (soit 1500 m2) mise en culture par des cultures variées de maraîchage beldi (oignon, carotte, navet, menthe, persil, aubergine, citrouille) et de fourrages (luzerne, sorgho) a ainsi calculé qu’il faisait une économie d’environ 6000 dirhams par an. L’impact d’un tel projet ne se limite pas aux seules parcelles des agriculteurs précités, mais bien à l’ensemble de la communauté d’Iguiwaz, l’eau nouvelle s’ajoutant aux ressources du système hydraulique, et les exemples de nouvelles plantations étant autant d’enseignements à la communauté.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

II. Un programme systémique

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« Quiconque participe ne peut que contribuer » Proverbe beydane

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III. Un programme inclusif

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L’une des plus importantes caractéristiques du Programme Oasis Sud est indéniablement la capacité inclusive qu’il a su développer en intégrant dans sa stratégie d’intervention à la fois les populations auprès desquelles il intervient, leurs représentants, les différentes forces vives du territoire ainsi que des thématiques parfois délaissées ou sous-estimées. Ce faisant, il accordera à chaque segment de la population l’attention qui lui est due : populations défavorisées, empêchées ou ethniquement déconsidérées, jeunes au chômage, femmes, personnes âgées, groupes socio-professionnels, entrepreneurs, marocains résidents à l’étranger, représentants de la société civile, élus. Conscient de leur importance exceptionnelle en tant que vecteurs de développement durable, le POS s’attachera également à la prise en considération de thématiques telles celles de la culture, du patrimoine, du genre , du changement climatique ou de l’écotourisme. Le POS a su mettre en convergence de manière optimale, les actions de tous les opérateurs (institutions étatiques et institutions internationales, experts et bureaux d’études), oeuvrant pour le développement territorial durable, en les incluant comme des acteurs incontournables dans la définition, l’opérationnalisation et l’optimisation de toute stratégie de développement.

La planification stratégique ou un processus participatif exemplaire L’élaboration des plans communaux de développement, ayant concerné 46 communes relevant du périmètre du programme, est probablement en ce sens, l’opération la plus spectaculaire et la plus éloquente de la capacité inclusive du POS. En effet, et suite aux grandes orientations du Royaume en matière de planification stratégique, le principe même de l’adoption par le POS de cette approche comme outil majeur d’intervention et de réalisation de projets, dit avec force la philosophie participative et collaborative dans laquelle s’inscrit le programme. Pour le POS, la logique descendante seule est stérile et contre-productive. Elle est surtout non pérenne et ne profite ni au territoire ni à sa population.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Dans le long processus d’accompagnement par le POS à la préparation des plans communaux de développement, la première phase, à savoir l’établissement des diagnostics territoriaux, va voir se dessiner les contours d’une forte participation de la population locale. Divers formats d’échanges et de collecte d’information sont adoptés : interviews et questionnaires, entretiens ouverts et semi-ouverts, ateliers, réunions restreintes et plénières, visites de terrain et visites de proximité, etc. Tous visent à adapter au mieux les conditions d’écoute et d’échange avec la population, tous segments confondus, afin d’optimiser l’apport de cette dernière dans l’établissement concerté d’un diagnostic territorial pertinent et complet. Sur la base du diagnostic ainsi établi et des enjeux identifiés, des axes majeurs de développement sont définis et déclinés en thématiques. Des ateliers vont regrouper, aux côtés des experts d’animations et des spécialistes thématiciens mobilisés par le POS, des représentants des services déconcentrés, de la commune et des autorités locales, des ONG concernées par la thématique ainsi que les personnes clés au sein de la population. Une fois rédigé, le PCD est soumis à la validation du conseil communal et devient le document cadre sur lequel va se baser l’action de la commune. Ultérieurement, et dans la perspective de la mise en œuvre des PCD, d’autres processus inclusifs interviennent. Dans la perspective de l’intercommunalité, de la mutualisation des efforts et des dépenses, et de la nécessaire mise en cohérence des projets, de nouvelles concertations vont veiller à la synergie des actions proposées et retenues lors des ateliers de planification et vont inclure cette fois-ci, les autorités locales, les représentants des services déconcentrés, les présidents de communes et leurs secrétaires généraux. Ces réunions sont implantées aux niveau des cercles administratifs regroupant jusqu’à six communes et au niveau de la province qui peut, elle, regrouper jusqu’à vingt communes.

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Note synoptique relative au programme de développement des capacités afférentes à la planification stratégique et à la gouvernance locale. 3 Provinces : Guelmim, Tata et Assa-Zag 46 Communes (sur 56) concernées par les PCD Supports de financement Agence du Sud, DGCL, BAD, DAT, Fonds Egalité des Sexes, ONUFEM Encadrement et animation territoriale • 3 ONG : Targa, Pour un Maroc Vert et Amis d’Ifrane de l’Anti-Atlas • 4 Bureaux d’études et Sociétés d’études : Al Khibra, NOVEC, ARP et Horlworth • 11 Consultants libres, dont 4 BAD et 3 Fonds Egalité des Sexes Récapitulatif programme d’appui et d’accompagnement opération PCD • 687 rencontres (formation, information, sensibilisation, réflexion et restitution) • 806 journées organisées • 24 758 participants, dont 9 161 femmes (37%) et 15 597 hommes (63%) Détails des activités d’appui et d’accompagnement • Formation : 121 sessions et 320 journées de formation 3 035 participants, dont 680 femmes (22%) et 2 353 hommes (78%) • Journées d’information : 22 journées d’information 1 855 participants, dont 293 femmes (16%) et 1 562 hommes (84%) • Ateliers participatifs (sensibilisation, planification et restitution/validation) 544 sessions et 464 journées de formation 19 870 participants, dont 8 188 femmes (41%) et 11 682 hommes (59%)

Thématiques Charte communale et introduction PCD, planification, DTP et outils, planification stratégique et outils de planification et d’analyses, opérationnalisation SIG, élaboration des fiches technicoéconomique et financière des projets, harmonisation des projets au niveau cercle, économie sociale et solidaire, déclinaison des objectifs globaux en objectifs spécifiques, programmation triennale, cadre logique, mise en place et opérationnalisation des CPEC, budgétisation genre, plaidoyer et marketing territorial, communication, opérationnalisation suivi et évaluation.

Cibles Cadres communaux, élus, membres de la société civile, jeunes chômeurs, autorités locales, staff POS, représentants des institutions impliquées dans le PCD et commissions de suivi ETC et EPA.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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La préparation du PCD implique une très large concertation. En haut, entretien avec des habitants de Fam El Hisn. Ci-dessus, le forum des femmes du douar Tagadirt dans la commune rurale de Kasbat Sidi Abdallah Ben Mbarek.

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Atelier de présentation du PCD et mobilisation des partenaires à Tata.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Présentation des PCD pour les Marocains résidant à l’étranger.

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Implication des jeunes diplômés chômeurs dans l’accompagnement de la planification communale : un processus participatif exemplaire Au regard de la convention tripartite Agence du Sud, Collectivités Territoriales et Ministère de l’Intérieur (DGCL) conclue en 2010, le rôle assigné au POS consistait à mobiliser l’ensemble des acteurs locaux autour du processus de planification, à dispenser un encadrement de proximité durant toutes les étapes d’élaboration du PCD et à veiller à l’assurance qualité du processus d’appui à l’élaboration des PCD. Le POS a veillé, dès le démarrage du premier PCD, à impliquer les jeunes diplômés chômeurs dans la planification communale. Cette approche répondait à deux objectifs majeurs : d’une part, fédérer ces forces vives d’importance capitale, dans l’élaboration d’une vision concertée de leur territoire, et d’autre part, moyennant un programme de formation approprié, créer un pôle de compétence locale, à même d’assurer, par la suite, l’accompagnement des communes dans l’aboutissement de la réalisation des PCD. Partant d’un recensement exhaustif des jeunes sans travail au niveau des communes POS et en fonction des besoins en ressources humaines des diverses phases d’élaboration des PCD, une première liste de jeunes potentiels, couvrant la totalité des thématiques requises par la planification communale, a été définie. Après une formation appropriée, ces jeunes ont été organisés en groupes de travail et se sont joints aux équipes communales. Sous la supervision des experts recrutés par le POS, ces équipes mixtes ont assuré la collecte des données sur le terrain et ont participé à leur dépouillement ainsi qu’à la rédaction des PCD. In fine, l’élaboration des 46 PCD a associé près de 400 personnes dont plus de 150 femmes pendant une période allant de deux semaines à quatre mois. Une part importante de ces compétences a été par ailleurs associée au recensement de la population organisé par le Haut Commissariat au Plan dans le cadre du RGPH 2014. L’insertion professionnelle de ces jeunes diplômés dans le monde du travail a été d’ores et déjà initiée : certains ont intégré des bureaux d’études et d’autres ont préféré créer leur propre entreprise. Dans la province d’Assa-Zag, deux sociétés d’études et d’animation territoriale, comprenant chacune sept personnes parmi ces jeunes, ont été créées avec l’appui du POS. Ces nouvelles structures mises en place se proposent d’accompagner les collectivités locales dans le suivi de la réalisation de leurs PCD et de mettre leurs services au profit des efforts de développement de la société civile.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Atelier Economie Sociale et Solidaire (ESS) de Guelmim : un tournant décisif dans l’approche intégrée de la planification locale et du développement territorial Couronnement des efforts communs de plusieurs acteurs du développement local, la journée organisée par l’Agence du Sud, en partenariat avec la Direction Générale des Collectivités Locales (DGCL) du Ministère de l’Intérieur, la Wilaya de la Région Guelmim Es-Semara et le Conseil Provincial de Guelmim, le samedi 25 mai 2013 au Centre d’Accueil et de Conférences de Guelmim, marque la concrétisation de la convention de mise en œuvre du Programme prioritaire de l’ESS qui lie ces institutions à 16 Communes urbaines et rurales de la province de Guelmim, pour la mise en place d’outils et de structures favorisant des projets à fort impact économique et social. Doté d’un montant global de 457 millions de Dirhams, ce cadre contractuel, initié en 2012, alloue une dotation budgétaire de 137 millions de Dirhams à l’économie sociale et solidaire et réserve le reste du budget à la mise à niveau des équipements sociaux, l’accès aux réseaux d’eau potable et d’électricité, ainsi qu’au désenclavement de plusieurs communes rurales grâce à la construction de nouvelles routes. Cette journée de travail structurée en trois séances plénières et cinq ateliers de travail a regroupé plus de 900 personnes parmi les acteurs du développement. Elle a permis de mesurer le chemin parcouru dans la mise en œuvre du Programme prioritaire de l’ESS et a dressé les jalons de la nouvelle approche à adopter pour le Programme d’emploi de l’ESS. Elle a constitué par ailleurs un moment charnière pour débattre de l’avenir des filières, notamment celles des produits des terroirs sahariens, de nouvelles niches de l’ESS, ainsi que du développement de l’écotourisme, de l’artisanat et de la promotion - valorisation du patrimoine culturel et naturel, de la mise en place d’AGR en milieu urbain, ou encore la mise en valeur de l’approche Genre. De nouvelles conventions ont été signées avec la Commune urbaine de Guelmim pour 60 MDH, et avec 3 Communes rurales (Asrir - Ifrane de l’Anti-Atlas et Taghjijt) de la province de Guelmim, porur 17 MDH, incarnant la volonté d’expansion du Programme Prioritaire de l’ESS. Cet atelier a été également marqué par la présentation d’une nouvelle gamme de produits des terroirs sahariens, aux identités unifiées avec un packaging attractif, et destinés à une commercialisation à plus grande échelle, au-delà de leurs terroirs d’origine. L’importance des thématiques abordées, la pertinence et l’innovation des recommandations pour le Programme d’emploi de l’ESS adopté (81 projets - 19 thématiques - 55 MDH) et surtout l’appropriation de ce programme par la population, sont autant d’éléments garants de la réussite et de la pérennité des projets retenus, soulignant ainsi la volonté des acteurs locaux de faire de l’ESS, le moteur essentiel du développement de ces provinces sahariennes.

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Séance plénière, signature de conventions et atelier de travail dans le cadre de l’Atelier Economie Sociale et Solidaire, Guelmim, mai 2013. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Placer au cœur du processus de développement, des thématiques jusque-là ignorées Lorsque le patrimoine, avec ses pans matériels et immatériels, est réhabilité à travers diverses opérations pilotées par le POS, c’est tout d’abord aux yeux de la population elle‑même que la réhabilitation se fait. Lorsqu’une opération de restauration d’un monument délaissé est entreprise, elle devient d’abord, une opération de « restauration de la confiance » des femmes et des hommes dans leur héritage patrimonial, dans le pisé et ses vertus exceptionnelles, dans la technicité savante de la construction traditionnelle. Le Ksar d’Assa, hier délabré et abandonné, redevient un lieu de vie, et bien plus, redevient un lieu de génération des revenus. Il en va de même pour les opérations structurantes de valorisation des produits de terroirs, des métiers, des savoir-faire, des diverses expressions artistiques traditionnelles que la population se réapproprie progressivement et qui redeviennent source de revenus et par là source de cohésion sociale. Par ailleurs, le créneau économique de l’écotourisme, que le POS savait porteur et qu’il a inclus en tête d’affiche de son portefeuille d’actions, a rencontré immédiatement l’intérêt de la population oasienne, sensibilisée à son potentiel. A ce sujet, les résultats obtenus ne lui ont pas donné tort, et l’écotourisme participe depuis activement à la dynamique territoriale. D’autre part, la prise en considération des aspects environnementaux, notamment les changements climatiques par le Programme Oasis Sud, que ce soit dans le cadre de la planification territoriale ou dans celui de la sélection des projets et l’adoption d’une panoplie d’interventions - dont les techniques culturales résilientes, qu’elles soient modernes ou traditionnelles, les choix de semences adaptées, la mise en place de procédés et dispositifs anti-érosifs - s’est avérée fondamentale dans la conduite des projets de développement durable.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Porteurs de la mémoire des lieux, les habitants d’Assa prennent part aux travaux de réhabilitation du Ksar d’Assa.

La reconstruction des bâtisses en terre et en pierre du ksar est l’occasion de former de nombreux maalmine à la pratique et à la préservation des modes de construction patrimoniaux.

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Transport vert : une calèche à Tata.

Une troupe de musique ganga se produisant dans une maison d’hôtes à Tighmert.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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En dernier lieu, and last is not least, l’inclusion de la composante genre dans le programme a été plus que bienvenue dans des territoires où de flagrantes disparités hommes-femmes étaient observées. Et de voir des femmes, hier encore oisives et hermétiques à certaines formes de travail, en respect pour des codes culturels contraignants et parfois sclérosés, de les voir dépasser leur réticence et se faire agricultrices et techniciennes d’élevage, de les voir cuisiner des confitures et travailler dans les unités de désépinage des fruits du cactus, fabriquer des aliments pour le bétail, conduire le troupeau familial..., de les voir ainsi inclues par le travail et le revenu est également pour tous, une source de fierté sans égal. De voir des composantes d’un corps social longtemps ignoré, des femmes, des personnes traditionnellement exclues tels les haratine, des jeunes chômeurs, des marocains résidents à l’étranger, jusque-là marginalisés, prendre part activement au débat, à la réflexion menée sur leur territoire, devenir partie prenante de la dynamique de la construction de leur commune, se faire porteurs de projets et devenir parfois même créateurs d’emplois, est en soi un succès indicible de la démarche inclusive adoptée par le Programme Oasis Sud.

Chantier d’agroécologie à Tata.

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Atelier de sensibilisation à Tata.

Coopérative de dattes Afra à Tata.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Premier témoignage « Un partenariat ONU Femmes / Programme Oasis Sud (POS) axé sur l’institutionnalisation du genre dans la planification territoriale oasienne

• Les inégalités basées sur le genre, un

facteur aggravant de la vulnérabilité

Les femmes continuent d’être touchées par

la

pauvreté,

la

discrimination

et

l’exploitation de manière disproportionnée. Aussi, l’ONU Femmes place la promotion de l’autonomisation économique des femmes

au centre de ses programmes d’action, car l’investissement dans ce domaine demeure

une voie sûre vers l’égalité des sexes,

l’éradication de la pauvreté et une croissance économique

inclusive.

• Les plans de développement locaux :

une opportunité pour l’institutionnalisation du genre en milieu oasien

Dans le cadre de son partenariat avec le Programme Oasis Sud, l’ONU Femmes soutient l’institutionnalisation du genre au sein des collectivités locales, à

travers, notamment la prise en compte des inégalités entre les hommes et les femmes dans l’élaboration de 20 plans communaux de développement de la région de Guelmim - Es-Semara.

En parallèle, l’ONU Femmes, en partenariat avec le POS, a également contribué à la progression professionnelle des femmes oasiennes et a initié des actions pilotes, intégrant une perspective intersectorielle et démontrant l´impact

effectif des industries culturelles et créatives (modèle de tissage des tentes, vannerie et valorisation des produits de terroir) sur la réduction de

la pauvreté et l´inclusion des femmes oasiennes. En termes de moyens, le budget alloué à ce projet a été de l’ordre de 305 000,00 Dollars US sur 3 ans.

• Dynamiser le rôle des femmes oasiennes dans les CPEC

Aujourd’hui, grâce à la collaboration ONU Femmes / POS, 62 femmes des

communes rurales ont accédé aux conseils communaux et se sont engagées

en faveur de l’égalité à travers leur participation active aux commissions de parité et d’égalité des chances.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Par ailleurs, des formations en matière de budgétisation sensible au

genre les ont outillées pour renforcer les actions engagées, notamment en matière d’accès égal des hommes et des femmes aux infrastructures de base et aux prestations sociales. Ces cycles ont bénéficié à 450 personnes dont 320 femmes rurales.

• Impliquer davantage les femmes oasiennes dans le processus

de prise de décision

Consciente de l’accès limité des femmes rurales aux instances de prise

de décisions au niveau local, l’ONU Femmes, à travers son Fonds pour

l’égalité des sexes (FGE), a initié un second projet dans le cadre de son partenariat avec le POS, avec un budget de 460.000 Dollars US sur 2 ans.

Ce projet a permis d’identifier les obstacles liés à la participation politique des femmes dans la région de Guelmim et de renforcer les

capacités de 60 femmes élues dans le domaine de la gestion communale. Nous avons également appuyé la création du premier réseau de femmes élues de la région qui a permis à ses membres de développer leurs

capacités, renforcer leur influence et échanger sur les obstacles rencontrés.

• Consolider les fondements de l’autonomisation économique et

politique des femmes oasiennes

En vertu d’un partenariat fructueux entre notre organisation, le POS et

les associations locales, les femmes oasiennes se voient dispenser des

formations en matière d’approche droit et genre, de budgétisation sensible

au genre, de montage de projets et d’AGR (valorisation des produits du

câprier, équipement de crèche, aménagement et équipement d’une salle

multimédia), de leadership féminin et de mobilisation communautaire entre autres. L’objectif étant de les conscientiser pleinement sur leur

rôle afin qu’elles puissent s’imposer en tant qu’actrices de la scène publique locale. »

Leila RHIWI, Représentante du Bureau Multi-pays de l’ONU Femmes Maghreb.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Deuxième témoignage

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« Au douar Kasbat Idoussa, à 17 kilomètres de l’oasis de Taghjijt, on est en plein monde rural et c’est aussi un point de ralliement de nombreux transhumants. Avant, chaque foyer faisait son pain chez soi, et en créant ce four collectif, notre association a d’une part réduit la consommation de bois, parce que le four collectif est plus efficient que les fours familiaux réunis, il peut cuire jusqu’à 22 grands pains à la fois. Mais on a surtout fait revivre le douar, en créant un point de rencontre et d’échanges quotidiens, parce que 30 familles utilisent chaque jour ce four. Et quand on célèbre des fêtes au village, c’est ici aussi que se passe la cuisson. On est en train de réfléchir à une formule pour que le pain de l’école municipale soit toujours confectionné ici, ça donnerait deux emplois féminins à temps plein, et puis pourquoi aller l’acheter à une boulangerie à 17 kilomètres ? »

Moubarak LAASRI, Président de l’association Izourane pour le développement, la culture et le sport

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Troisième témoignage « Notre climat est rude, et nos produits locaux, légumes et fruits, sont adaptés et très savoureux, ils donnent un goût très particulier à nos plats. Et nos recettes traditionnelles sont transmises de mère en fille depuis des générations. Alors les femmes du douar d’Agni se sont regroupées pour cuisiner ces plats à la demande, à l’occasion de cérémonies locales. Ensuite, on a créé une association, et le POS nous a aidés avec des formations et surtout de l’équipement, mobilier et ustensiles que l’on peut transporter à n’importe quel endroit où se fait la fête, et comme ça on peut cuisiner sur place. Pour chaque opération, on fait appel à une vingtaine de femmes et jeunes filles pour préparer les repas, et une dizaine de jeunes hommes pour les tâches logistiques et de service. Nous sommes un mini traiteur reconnu maintenant, et on va jusqu’à Guelmim et parfois même jusqu’à Agadir pour des soirées gastronomiques. »

Fatima OUALLA, Présidente de l’association Agouni, service de mini-traiteur

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Quatrième témoignage

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« Avec l’appui de la DGCL, de l’Agence du Sud et de la BAD, nous avons initié le processus de planification et de gouvernance locale au niveau de la commune urbaine de Tata en 2011. Le conseil municipal, avec l’appui de ses partenaires et de certains experts, a réussi a impliquer tous les acteurs locaux et la société civile. Dès le démarrage de ce processus, nous avons convenu, avec nos partenaires techniques, de faire du PCD de Tata un modèle en termes de résilience et d’adaptation aux changements climatiques. Ainsi, lors des étapes de définition de l’état des lieux de la commune et du diagnostic participatif territorial, les composantes environnementale et de vulnérabilité territoriale ont été sérieusement prises en compte. Le conseil communal est très fier de disposer d’un PCD très équilibré qui intègre les thématiques et ou les aspects de changements climatiques et la gestion des risques et des catastrophes naturelles ont constitué, aux côtés des considérations économiques et du genre, une composante importante de notre PCD. » Moulay Mehdi HABIBI, Président du Conseil municipal de Tata

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Séance de travail du Conseil municipal de Tata sur les problématiques du PCD.

Signature d’une convention de partenariat entre la ville d’Agde, France, et la commune urbaine de Tata (Agde, 2009). La coopération Tata-Agde est focalisée sur le volet environnemental, notamment l’assainissement liquide.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Le succès du partenariat Agde-Tata a fait des émules. Ci-dessus, la délégation de la ville d’Agde est accompagnée de celle de la commune de s, cette dernière concluant un partenariat avec la commune d’Asrir (2014).

Les partenaires français à la station d’épuration de Ouaâroune (2014).

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Le Wali de la Région Laâyoune - Boujdour - Sakia El Hamra accueillant le représentant du Maire d’Agde et la Maire de Portiragnes en présence du Directeur de l’Agence du Sud (2014).

Les délégations d’Agde et de Portiragnes avec des élus du Maroc saharien au siège de l’Agence du Sud à Laâyoune (2014). Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage

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« Je suis native d’Asrir, j’y suis restée jusqu’à la dernière année du collège, après quoi je me suis rendue à Laâyoune en 1998 pour un diplôme de sténographie. Je suis revenue en 1999 à mon village natal et parce que j’ai toujours eu une passion pour le métier d’éducatrice, j’y ai ouvert une garderie avec les moyens de bord. Une association de marocains résidents à l’étranger (MRE) m’a aidé pour l’acquisition de matériel et d’équipements scolaires, mais ça ne répondait toujours pas aux réels besoins. Ce n’est qu’après la visite de M. le Directeur de l’Agence du Sud en 2008 et après ma participation en tant qu’animatrice à un atelier sur le développement de la femme rurale organisé par le POS à Asrir en 2009, que j’ai signé une convention de partenariat avec le POS et avec la commune pour l’acquisition de matériel et d’équipements adéquats. En 2010, l’association Azouafit de MRE en Europe a été approchée par le POS pour un projet de partenariat concernant l’acquisition d’un lot de terrain pour la construction de la première maternelle à Asrir. Ce projet a insufflé de la vie dans le village d’Asrir, et m’a permis de concrétiser mon rêve de vivre dignement parmi les miens. Avec le POS, on ne cesse d’améliorer les conditions de scolarité des enfants ; on vient d’acquérir du matériel approprié pour leurs activités parascolaires, et on réfléchit à utiliser cet établissement, après les heures de cours, en tant qu’établissement d’appui au profit des jeunes collégiens et lycéens. Aujourd’hui, on accueille déjà 27 enfants en maternelle, ainsi que 13 écoliers et 10 collégiens pour des séances d’appui. » Laâziza BIGA, Responsable de la crèche d’Asrir

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La crèche d’Asrir.

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III. Un programme inclusif

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TEMOIGNAGES

Sixième témoignage

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« Avant, j’étais salariée dans un hôtel à Guelmim, mais j’ai toujours eu l’idée de créer une agence de voyages. L’agence 3S Travel est devenue une réalité grâce à l’encadrement des équipes du Programme Oasis Sud qui m’ont appuyée pour obtenir un crédit de 200.000 Dirhams en 2009. Cette somme m’a servi à payer la caution exigée pour obtenir la licence de première agence de voyage de Guelmim, délivrée par le Ministère du Tourisme. Après, mon travail de communication et de promotion m’a fait gagner la confiance de presque la totalité des administrations de la région Guelmim - Es-Semara. Après cinq ans de travail dans le domaine touristique, 3S Travel a ouvert une succursale à Marrakech, et maintenant, on veut s’attaquer à un autre volet de la filière tourisme : le transport touristique. Aujourd’hui, nous avons 4 emplois permanents et pour connaître les circuits que nous proposons, visitez notre site www.3s-travel.com ». Fatima Rachoy, Directrice de l’agence de voyages 3S Travel

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Septième témoignage « C’est vrai, il n’y a pas longtemps, avec mes amis chômeurs, je passais mon temps en sit-in à réclamer de l’aide devant les sièges de l’Autorité. Jusqu’à ce que le programme IPED me propose pour la première fois une aide véritable, à condition que j’amène une idée de projet. J’ai réfléchi un peu et j’ai décidé de démarrer une entreprise de lavage automobile en 2008. Au début c’était réellement difficile, à cause de la longueur des procédures bancaires et du taux élevé de remboursement du crédit contracté, les recettes ne couvraient pas les charges. Le vrai démarrage, il s’est fait quand le POS a assuré pour moi les négociations avec les banques, et m’a mobilisé un carnet d’adresses local fait de représentants de nombreuses administrations, ça a donné un coup de fouet à mon entreprise. Aujourd’hui, je suis père de famille, et j’ai une situation stable financièrement avec un chiffre d’affaires annuel de 190.000 Dirhams. Mais surtout, j’ai retenu une chose de l’enseignement du POS : personne n’est exclu, prendre l’initiative du risque est payant quand on travaille, alors j’envisage maintenant une extension de mon projet. » Sidi Ahmed Ider, Entreprise de lavage automobile, Assa

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III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Huitième témoignage « Vous savez, mon patronyme est « fiddi », ça veut dire littéralement argentier, et ce n’est pas pour rien. Ma famille travaille l’argent ici, à Fam El Hisn, depuis des générations. On fait la réputation de l’oasis et du village. Avec 4 autres artisans reconnus, nous avons créé l’association Tazerzite, et la commune rurale, avec l’appui du POS, nous a construit un bâtiment dédié, la maison de l’artisan, que beaucoup appellent la maison du métal, parce que c’est ce qu’on y travaille. Dans ces ateliers on est beaucoup plus à l’aise que chez nous, et surtout avec les équipements, comme le four pour faire fondre le métal, toute la chaîne opératoire se fait sur place. Avant, on devait aller jusqu’à Tiznit pour certaines étapes du processus. Aujourd’hui, on sous-traite des commandes faites à Tiznit ! On a aussi un show-room, vous pouvez le visiter. Et aujourd’hui, grâce au POS, on travaille avec des designers venus de Rabat ou Casablanca pour créer de nouveaux modèles. Les bijoux que l’on fabrique font vivre plusieurs femmes et hommes du village, qui les revendent à l’échelle de la région. ». Ahmed Fiddi, Président de l’association Tazerzite, Fam El Hisn

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Neuvième témoignage « Quand les touristes viennent visiter Taghjijt, ils aiment surtout s’aventurer dans le dédale des rues de la palmeraie, avec ses jardins luxuriants et ses khettaras anciennes. Alors le POS nous a aidés à aménager un parcours qui relie la multiséculaire Kasbah Idoubiene à la palmeraie, puis au souk Tablabba datant de l’époque coloniale, et enfin jusqu’à la Kasbah Iriz. L’association a participé aux travaux, on a fourni de la main d’œuvre. On a élargi le chemin, on a clôturé les parcelles tout le long, on a repavé ce chemin avec des pierres locales et on a enduit les murs bordant ces chemins de tadelakt. Quelque 300 mètres linéaires ont déjà été aménagés, et les riverains sont très heureux aussi. Non seulement c’est devenu une voie de passage privilégiée, mais on s’y arrête même pour des instants de paix et de convivialité... ». Abd el Kacem AKBIL, Président de l’association Idoubiene pour le développement et la coopération, Taghjijt

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INCLUSIF

TEMOIGNAGES

Dixième témoignage

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« L’adoption de l’approche genre a été une vraie révolution pour notre politique de gestion et de conduite du développement de la commune. Au départ, on sous-estimait à la fois le nombre de femmes et de jeunes dans notre effectif démographique et on cantonnait ces deux éléments dans un rôle quasi marginal. Le partenariat avec le POS nous a ouvert des pistes exceptionnelles en matière de programmation, de planification participative et de montage de projets basés essentiellement sur cette nouvelle sensibilité au genre. Je suis moi-même surpris par les résultats. Je suis issu de ce territoire et je vous assure que la forte implication féminine dans la préparation de notre PCD était inattendue. Si j’ai un conseil à donner aux présidents des communes rurales de Tata, je leur dirais de ne pas hésiter à ce propos. L’approche genre est bénéfique non seulement en matière de démocratie locale et de gouvernance, elle vous aidera à avoir des fonds additionnels pour financer le développement de votre territoire et surtout réduire les poches de la pauvreté qui touche essentiellement cette catégorie de la population. ». Mohamed EL KHOLTI, Président de la Commune rurale d’Oum El Guerdane

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Onzième témoignage « Le partenariat de la commune de Tiglit avec l’Agence du Sud a commencé avec le programme Cactus en 2008. Cette collaboration a été couronnée par la signature avec le POS d’une convention d’un montant de 2 millions de Dirhams qui a permis la concrétisation d’une trentaine de projets/actions. J’avoue que par la mise en œuvre de ces projets sur le terrain, le POS nous a inculqué une philosophie nouvelle qui a changé la vision des acteurs locaux en matière de développement. Elle a permis l’insertion de la société civile pour assumer sa responsabilité dans la gestion des affaires locales à travers la constitution d’un tissu solide fait d’associations et de coopératives. Je reconnais également que l’Agence du Sud nous a permis de lever tous les obstacles à la marche du développement, avec l’instauration de nouveaux principes de planification, de partenariat et de plaidoyer afin de mobiliser les ressources nécessaires à la concrétisation de notre planification. Nous souhaitons que le POS continue sur sa démarche afin de permettre aux habitants de cette jeune commune de Tiglit de mieux ancrer la confiance établie et œuvrer pour son développement durable ». Lahcen TARIF, Président de la Commune rurale de Tiglit

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF

Premier zoom Inclure la mère, la femme, la fille dans le développement Conçu au départ comme un programme adressant surtout les problématiques environnementales, le POS ne considérait pas particulièrement les aspects genre. En effet, l’agroécologie est plutôt une affaire d’hommes et le tourisme de niche ne fait pas, a priori, de l’égalité des sexes sa principale préoccupation. Le processus Agenda 21 préconisé et les actions de développement des capacités étaient les seuls domaines où on pouvait associer des femmes. Mais faire participer les femmes à la planification d’un profil diagnostic de type environnemental n’était pas chose aisée dans une société cloisonnée, où la gent féminine n’était jamais associée aux prises de décision communautaire. Pourtant, dès 2007, une pépinière villageoise initiait une association féminine à l’agroécologie à Taldnout (province de Tata). A la même époque, une consultante a été engagée dans le cadre de la conception du premier PCD, celui d’Asrir, afin d’écouter les femmes locales et traduire leurs aspirations dans la planification communale. Car les PCD s’ouvrent naturellement à tous les segments sociaux, et après le recadrage de 2007, 12 communes prenaient désormais le rôle de la femme en compte dans leur planification. A partir de 2008, la mise en place de bouquets d’activités génératrices de revenus dans toutes les provinces incluait souvent des projets tenus par des associations féminines. Ce fut le cas pour l’élevage de poulets beldi, le petit élevage ovin et caprin avec ses races oasiennes comme la chèvre Draâ et le mouton D’man, les fonds roulants (micro-crédits que la population féminine gérait le plus souvent avec beaucoup plus de constance que les hommes), et les coopératives de produits du terroir faisant appel à un savoir-faire traditionnel féminin comme dans le cas de la vannerie, le tissage de tentes, ou la production de couscous. Ces activités ont été financées en grande partie par le projet du fonds pour la réalisation des objectifs du millénaire (MDG Fund), dans le cadre duquel plusieurs agences de développement du système des Nations Unies (PNUD - UNIFEM - ONUDI - FNUAP) avaient élu les oasis du Sud comme zone de convergence de leur programme conjoint.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF 176

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF

Même les coopératives de plus grande envergure voyaient les femmes désormais participer en masse. Lorsque la région, qui ne disposait d’aucune capacité de stockage de dattes, s’est vue installer trois centres frigorifiés à Taghjijt, Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek et Agadir Lahna près de Tata, la coopérative gérant cette unité tataouie fut composée en majorité de femmes. Il en fut de même pour la coopérative Wahat Tighmert de valorisation du cactus, édifiée autour d’un noyau de six diplômées chômeuses constituées en association au préalable. La composante IPED, qui a accompagné des initiatives de micro-entreprise principalement dans les chefs-lieux de province, a également compté plusieurs femmes parmi ses porteurs de projet. Parapharmacie à Guelmim, crèches à Tan Tan et Guelmim, salons de coiffure dans ces mêmes villes, boulangerie-pâtisserie à Guelmim, pressing à Guelmim ou Assa, atelier de couture à Guelmim, salon d’esthéticienne à Assa, snack à Tarfaya, toutes ces petites entreprises ont été conçues, proposées et mises en œuvre par des femmes. En 2009, un projet de « renforcement du rôle de la femme dans la gouvernance locale à travers les PCD », financé par le fonds pour l’égalité des sexes a été accueilli sein du POS pour un budget de 460.000 $ US et une période de deux ans. Après une entame de sensibilisation des actrices locales à ce concept d’inclusion accentuée de la femme dans le développement local, les résultats ont été immédiatement probants. Des commissions de Parité et Egalité des chances ont

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


été tout de suite opérationnelles dans trois communes à titre pilote (CR Asrir, CR Oum El Guerdane et CU Tata), alors que les élections communales de 2009 ont installé 12 femmes à Asrir, Akka, Fam El Hisn, Ifrane et Assa. La liste des actions est trop longue pour en faire un inventaire exhaustif. On peut toutefois en citer des formations concernant le montage de projets AGRs, des ateliers de nouvelles techniques de tissage des tentes, des voyages d’échange inter-coopératives et l’organisation de la participation des coopératives féminines locales à des salons nationaux et internationaux, moussems ou autres évènements, la création de nouvelles associations féminines et de groupements d’intérêt économiques regroupant les coopératives féminines productrices de couscous ou d’artisanat, des équipements de foyers féminins, crèches ou de salles multimédia ouverte aux jeunes, filles et garçons, l’équipement d’unités de valorisation pour des coopératives exclusivement féminines de production de couscous beldi ou de câpres, l’équipement d’un four collectif... Ce que l’on peut avancer avec certitude, c’est que ces actions ont révolutionné la vie de centaines de femmes locales et que lorsque la condition des femmes progresse, c’est aussi celles des jeunes filles qui avancent. Mères, épouses ou jeunes filles, le POS a créé 1951 emplois pour elles entre 2006 et 2014. Et elles débattent de l’avenir entre elles, comme au sein du réseau des femmes élues...

La Maison de l’Initiative à Tan Tan (2006).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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Deuxième zoom

SUR UN PROGRAMME INCLUSIF

La tente officielle du Moussem de Tan Tan : Connaître et reconnaître le savoir-faire d’une région Tan Tan, édifiée autour d’un point d’eau célèbre pour les nomades de tout le Maroc saharien, a été depuis fort longtemps un point de ralliement de dizaines tribus, à l’occasion de rencontres régulières, faites d’échanges commerciaux comme d’enrichissements culturels. Cette tradition, perdue pendant trois décennies de conflit ouvert, a été ressuscitée dès 2004 par le vœu de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et le moussem de Tan Tan, de par son originalité, son ampleur et sa fidèle représentativité des us et coutumes de la vaste région du Sahara atlantique, a été déclaré patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO dès 2005. Depuis lors, en neuf éditions, ce festival n’a cessé de grandir, sa réputation drainant de plus en plus de visiteurs, nationaux comme internationaux. Pour héberger les activités officielles de cet événement, une structure d’accueil se devait d’être conçue à des échelles de taille et de qualité hors normes. Bien évidemment, il fallait une khayma, réceptacle traditionnel de la vie saharienne, espace de vie, symbole de la convivialité et du partage, repère visuel de la présence humaine dans l’immensité aride, et l’Agence du Sud s’est immédiatement emparée de cette opportunité de consolidation identitaire en chargeant le programme Oasis Sud de cette réalisation majeure. L’adhésion de toutes les franges de la population comme de ses élus a été immédiatement unanime. Pour les habitants du Maroc saharien, c’était là l’occasion rêvée de faire valoir un savoir faire de tissage spécifiquement local, car cette khayma ne pourrait être autre que traditionnelle, c’est-à-dire constituée exclusivement de flijs tissées avec des poils de chèvre et reliées entre elles par des poils de dromadaire. Mais le programme ne s’est pas contenté de prendre acte de ce consensus, il l’a conforté à travers une très large concertation participative ascendante et descendante, en associant l’ensemble des acteurs concernés, population locale, élus et services des institutions partenaires du Moussem (Ministère de la Culture, Direction générale des Collectivités Locales, représentants de l’UNESCO) à la validation des esquisses et du design de la tente, ou du concept de fabrication.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Tissage de flijs à Assa.

Tissage de flijs à Tata.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF Tissage de flijs à Tan Tan.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Tissage de hssayer.

Tissage de tapis.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF

Car ce concept, en plus de veiller à restituer une œuvre respectant strictement les normes esthétiques locales, était dès le départ articulé autour d’une création d’emplois multiples et divers. Huit à neuf mois ont été nécessaires depuis la conception jusqu’à la réalisation finale, engageant près d’une dizaine de corps de métier (architecte, bureaux d’étude spécialisés pour installer l’ossature ou maîtriser les aspects géotechniques, entreprise de construction pour le montage final, décorateur, ébénistes, forgerons, maroquiniers, tisserands) et surtout des centaines de femmes sahariennes, qui héritent ce savoir tisser de mère en fille depuis des décennies ou des siècles ! Alors cette khayma officielle bat les records de dimension les plus improbables : 680 mètres carrés au sol (40 mètres de long sur 17 mètres de large), 5 mètres de hauteur, assemblée à partir de 208 flijs de 15 mètres sur cinquante centimètres, sa fabrication a été l’occasion de la création de centaines d’emplois d’économie sociale sur une durée d’une année. Des dizaines de coopératives employant un effectif cumulé de près de 500 personnes, des femmes sahariennes dans leur immense majorité, ont été mobilisées pour produire les flijs, tisser les tapis et hssayers, et fabriquer le mobilier et divers articles en cuir. Tata, Assa, Guelmim, Tan Tan, Laâyoune…, les artisans venaient qui plus est de nombreuses provinces du Sud. Conçue pour être facilement démontée et remontée, tout ou partie de cet ouvrage majestueux sera réutilisé lors des prochaines éditions du moussem, ou à d’autres occasions dans d’autres sites du Maroc saharien. Un entrepôt a même été spécialement construit pour l’abriter entre chaque utilisation, compartimenté avec des espaces dédiés aux éléments tissés, aux supports et au mobilier. Et parce que rien n’est laissé au hasard, quatre personnes ont été spécialement formées pour les opérations de montage et démontage d’un ouvrage qui a reçu au préalable le certificat de stabilité exigé par la protection civile dans une région soumise à de forts aléas éoliens. Après la conception et création d’une tente principale qui ont mobilisé des centaines d’acteurs tout au long de l’année 2013, le concept a été répliqué pour la fabrication d’une tente royale en 2014, et de tentes avoisinantes et thématiques en 2015.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


La réalisation de la grande tente du moussem de Tan Tan a mobilisé des dizaines de coopératives féminines. (Ci-dessus, à Tan Tan).

Vue générale des préparatifs de l’édition 2013 du moussem de Tan Tan. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF

Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid et le Directeur Général de l’UNESCO, M. Koichiro Matsuura inaugurent le premier Moussem de Tan Tan en 2004.

SAR la Princesse Kalina de Bulgarie, la Directrice Générale de l’UNESCO Mme Irina Bokova, Feu Si El Mostapha Sahel, Ambassadeur du Royaume du Maroc en France, le gouverneur et les élus de la province de Tan Tan assistent à la cérémonie de présentation de l’ouvrage «Le Moussem de Tan Tan» au siège de l’UNESCO à Paris (octobre 2009).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid lors de l’édition 2014 du Moussem de Tan Tan.

Mise en place de la grande khayma et préparation de l’espace d’accueil de l’édition 2013 du Moussem de Tan Tan.

La tribune officielle durant les festivités de l’édition 2013 du Moussem de Tan Tan.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF 190

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Des objets inspirés de l’artisanat beydane accueillent les visiteurs sous la tente officielle.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF Inauguration officielle de la grande khayma.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Présentation à la délégation officielle du mobilier inspiré des traditions artisanales et du savoirvivre du Maroc saharien.

Les collations offertes aux visiteurs sont l’occasion de redécouvrir la tradition gastronomique du Maroc saharien : ci-dessus à droite, des pâtisseries à base de megli, orge torréfiée. Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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SUR UN PROGRAMME INCLUSIF 194

Et le succès de cette œuvre magistrale a même retenti à l’international avec l’installation, sur le parvis de l’Institut du Monde Arabe à Paris, d’une khayma saharienne géante cousue avec ces mêmes flijs entreposés à Tan Tan ! Répondant à la fois aux concepts de grappe, de valorisation du patrimoine et d’approche genre, cette expérience est aujourd’hui en voie de consolidation pour créer un cluster autour du tissage et de l’artisanat local, dont les membres bénéficieront de formation concernant des thèmes aussi variés que le design, la planification de la production, ou le développement de capacités de manière générale. Un investissement conséquent a ainsi généré une économie sociale répartissant les opportunités d’emploi sur de nombreux artisans, et aboutissant à une industrie durable, au service d’une valorisation identitaire de la culture locale.

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem et le Président de la République Française François Hollande lors de l’inauguration de l’exposition «Le Maroc contemporain» à l’Institut du Monde Arabe à Paris (octobre 2014).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

III. Un programme inclusif

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« C’est très pénible de peigner la girafe. Surtout sans échelle. » Yvan Le Louarn, dit Chaval

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


IV. Un programme multiscalaire

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L’approche multiscalaire, un fondement de l’évolution du POS Aujourd’hui, l’action du POS intéresse 56 communes du Nord du Maroc saharien. Il est loin désormais, pour le programme, le temps où celui-ci se focalisait sur le nettoyage des touffes de palmiers dans quelques douars de la commune rurale de Taghjijt, ou celui où il se préoccupait de l’éradication des points noirs qui défiguraient les douars de la commune d’Asrir! La gradation continue dans les échelles d’intervention du programme (échelle territoriale, modalités de gestion, etc.), va de pair avec la croissance du POS, et va être déterminante pour les territoires de sa zone d’intervention.

Du bassin électoral à la vocation territoriale Et lorsque l’on évoque les 56 communes, territoires d’intervention du POS depuis plusieurs années maintenant, ce n’est pas d’une simple accumulation de territoires confettis qu’il s’agit. Bien au contraire, ces 56 communes deviennent progressivement un même corps - à l’instar des oasis d’antan - un tissu vivant, tricoté patiemment et par tous, fait de liens savamment consolidés et offrant une cohérence certaine. En effet, la gestion des affaires communales s’est longtemps et naturellement focalisée sur un territoire dont les contours étaient tracés par le découpage administratif, calqué le plus souvent sur des réalités tribales et constituant des bassins électoraux. L’intervention du POS, forte de la vision de développement du programme affranchie de la logique électorale et fondée sur l’efficience, sur l’utilisation rationnelle de la ressource, sur la mutualisation des moyens et des efforts, sur la durabilité et la mise en cohérence des actions entreprises, va bouleverser progressivement la perception locale et l’installer dans une nouvelle dimension.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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Il va ce faisant, émanciper les conseils communaux et les forces vives du territoire de l’autarcie stérilisante qui entravait leur développement. Il va par ailleurs refonder l’action publique en milieu oasien en la plaçant à des échelles d’interventions pertinentes et multiples. En effet, grâce à l’accompagnement du POS et du changement de point de vue que celui-ci induisait, les acteurs locaux du développement vont élargir leur horizon d’appréhension des problématiques locales et admettre que la solution réside parfois, et même souvent, hors du territoire administratif communal, à savoir dans l’intercommunalité et dans l’échange et le partage avec les communes limitrophes. Mais ce n’est pas pour autant que le programme renoncera à son nettoyage des touffes de palmiers, il va le démultiplier et l’inscrire simultanément dans un échelon d’intervention supérieur sur le plan territorial et dans une approche transversale dictée par la composante environnementale et productive. Un mouvement itératif, celui, régulier d’un programme-balancier intelligent, va venir irriguer régulièrement le territoire d’une commune, avec des éléments nouveaux, fertiles, provenant d’échelles supra-communales (intercommunale, interprovinciale, régionale voire même nationale et internationale). Le programme saura ensuite se mettre à l’écoute du local, de sa connaissance fine et précise du territoire communal, de ses spécificités et particularités, qu’elles soient ressources ou contraintes, et dont il se fera fort ensuite d’enrichir le supra-communal. Ce va-et-vient incessant et productif entre différentes échelles territoriales, cette capacité à s’inscrire de manière multiscalaire sur sa zone d’intervention ont permis au POS de servir au mieux les hommes et les femmes du Maroc saharien et de participer à leurs côtés à leur développement durable et équitable. Jamais la mise en réseau des femmes élues - regroupant aujourd’hui quatre-vingt femmes - n’aurait pu voir le jour, ni le cactopôle de Ouaâroune devenir réalité, ni le COS ni l’Astos se structurer, sans l’adoption de l’approche multiscalaire par le POS.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Un mouvement itératif multiscalaire

P rogra mme O a s is S u d

Niveau international • Plaidoyers, recherche de partenariats • Promotion du Maroc saharien

Niveau national • Prise en compte des orientations et des politiques nationales • Plaidoyers, recherche de partenariats

La commune, collectivité territoriale de base

Douar

Palmeraie

Régions et Provinces • Information et coordination • Contribution à l’identification des problématiques locales • Contribution à la réalisation des politiques régionales / provinciales • Mise en réseau des acteurs locaux • Communication des success stories • Promotion des potentialités locales

Quartier

Niveaux de proximité • Identification sur le terrain • Ecoute des populations • Etude et analyse des réalités économiques et sociales locales • Proposition de solutions

• Appui • Consolidation des expériences • Partenariats • Ajustement des politiques régionales / provinciales • Financement • Expertise • Partenariats • Ajustement des politiques nationales • Financement • Expertise / know-how • Partenariats

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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Signature de conventions POS à Zag (2008).

Réunion technique sur l’agropôle (2013).

Atelier Agenda 21 local (2008).

Atelier relatif à l’écotourisme (2012).

Présentation des produits des terroirs du Maroc saharien au salon de l’économie sociale ECOSS Casablanca (2008).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


De la gestion par projet à la gestion par programme d’emploi Toutes ces réalisations ne sont pas simplement le fait de l’amplification territoriale de l’échelle d’intervention du POS (le réseau de femmes intéresse cinq provinces, le cactopôle huit communes, le COS implique cinq provinces et l’ASTOS porte sur sept communes). Elles sont également la résultante du changement de perspective dans les modalités de gestion, lorsque celles-ci passent de l’échelle de gestion par projet bipartenariale (POS et porteur de projet) à celles de la gestion par programmes d’emploi, qui élargit le spectre d’intervention, draine des fonds et mutualise les efforts (POS, autorités, communes, INDH, départements ministériels, etc.).

A Tata, atelier avec les coopératives de dattes membres du COS, concernant l’homogénéisation des procédés de fabrication.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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A l’échelle du terrain, les actions du POS sont assurées par les coordinations locales du programme :

Coordination POS dans la province de Guelmim

Coordination POS dans la province d’Assa-Zag

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Coordination POS dans la province de Tata

Coordination POS dans la province de Tan Tan.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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Des ONG interfaces pour une gestion efficiente Par ailleurs, le POS aura parfois recours à un niveau supplémentaire d’intervention dans la gestion des projets, en introduisant des ONG locales crédibles, en tant qu’interfaces s’inscrivant dans la logique de la maîtrise d’ouvrage déléguée et du pilotage conjoint de projets. Une dizaine d’ONG socio-professionnelles, disposant d’une expérience solide - renforcée si nécessaire, par des formations idoines - sont sélectionnées par le POS et ses partenaires, en vue d’assurer l’accompagnement d’AGR et de micro-projets. A titre d’exemple, le mécanisme des fonds roulants comme mode de financement local est géré par les ONG précitées. Il permet, outre le désengorgement du fonctionnement du programme, une bonne régulation du processus de financement grâce à la proximité de la gestion et au fait capital que l’ONG, interface du porteur de projet, est constituée de personnes issues du territoire, qui ne sont pas perçues comme de simples cadres administratifs. Un portefeuille de 403 micro-projets a été mis en place au profit de 817 personnes.

Les fonds roulants Depuis 2008, ce concept de financement local est mis en place par le POS pour venir en appui aux femmes démunies et à divers groupes socio-professionnels en situation précaire, porteurs de micro-projets viables. Deux types de fonds roulants sont en usage : en nature (voir le schéma à la page ci-contre) et en numéraire. Les fonds roulants en numéraire reposent sur le principe d’une subvention octroyée par le POS à l’ONG qui en fait profiter ses membres. Ces derniers remboursent au fonds les sommes empruntées en totalité, selon des échéances raisonnables et sans intérêts, ce «roulement» permettant d’incorporer de nouveaux bénéficiaires. Modalités de mise en place des fonds

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Phase préparatoire :

Phase de gestion :

• Réunion d’information et de sensibilisation

• Constitution d’un compte par l’ONG

• Acceptation et validation par le porteur

• Versement des avances par le POS

• Définition des activités éligibles, des modalités de fonctionnement et de la gouvernance

• Commission technique en charge de l’étude des dossiers des demandes de financement appels à projets - sélection du projet

• Signature d’une convention de partenariat entre le POS et l’ONG

• Versement de la dotation budgétaire

• Formaton sur les fonds roulants

• Restitution de la dotation budgétaire

• Réalisation du projet

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Fonds roulant en nature Processus

Exemple d’une ONG

• Sélection d’un noyau initial de 12 femmes démunies parmi les membres de l’ONG créée ou sélectionnée

Association «Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek», douar Zawiyat, province de Tata (50 femmes)

• Constitution d’un petit troupeau de moutons D’mane avec l’appui du POS

2008

• Sélection de l’association • Mise en place du fonds roulant en nature Subvention POS: 40 000 Dirhams (environ 3 600 Dollars US)

Principe

Bénéficiaires : 12 membres

Chaque femme est dotée de 2 moutons

Effectif cheptel :

25 têtes

Objectif : atteindre une taille de 50 bénéficiaires du fonds après 5 années de fonctionnement 1 brebis payée par la femme

+

1 brebis payée par le fonds roulant

2009

2010

1 bélier en commun pour les 24 brebis 2011

2012

• Gestion du compte bancaire abritant le fonds par l’ONG • Encadrement par le staff du POS

Croissance Multiplication des membres et du cheptel

Bénéfices permettant l’inclusion de nouveaux membres

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

Entre 2008 et 2014, en moyenne : • 4 nouveaux adhérents/an • Achats : 5 à 10 têtes/an • Ventes :15 à 20 agneaux/an

2013

2014

• ONG active et autonome • Compte bancaire créditeur de 27 500 Dirhams à fin 2014 Bénéficiaires : 40 membres Effectif cheptel :

263 têtes

L’objectif d’incorporation de nouveaux bénéficiaires du fonds a été réalisé à hauteur de 80% en 7 années. La croissance des activités et l’autonomie financière de l’ONG permettent de constater le franc succès de ce micro-projet.

IV. Un programme multiscalaire

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Quelques bénéficiaires des fonds roulants :

Commerce d’habillement

Librairie - papeterie

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Elevage de moutons Dman

Commerce de grains et condiments.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTISCALAIRE

TEMOIGNAGES

Premier témoignage

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« Nous avons entamé l’exercice de planification par un travail d’état des lieux et de diagnostic approfondi en début 2008. Ensuite, nous avons organisé et animé, avec le Programme Oasis Sud (POS), une série de Forums et d’ateliers-actions tout au long de l’année 2008. Le fruit de ce dialogue s’est concrétisé par la production d’un avant-projet de Plan Communal de Développement (PCD) qui a été soumis aux habitants, lors d’un Forum de restitution en mai 2009. Mais, l’étape la plus importante reste la mise en œuvre du PCD sur le terrain. A cet égard, il faut noter l’apport fondamental de l’intercommunalité : elle accroît les responsabilités des communes en matière de développement économique, social et culturel grâce aux perspectives de mutualisation des ressources et des moyens qu’elle offre. Elle permet de s’inscrire dans une logique prometteuse de solidarité territoriale et d’aménagement du territoire, susceptible d’enclencher une dynamique durable de croissance économique capable de réduire la pauvreté et la misère sociale. » M’barek Nafaoui, Président de la commune rurale d’Asrir

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Deuxième témoignage « Le sous-programme de développement et de valorisation du cactus a concerné, de 2008 à 2011, huit communes de Guelmim aux plantations importantes en figuier de Barbarie. Plusieurs actions ont été mises en place, telles que la construction et l’équipement d’une coopérative de valorisation des dérivés du cactus (nectar, confiture, huile de pépins cosmétique, nopal, filets de jeunes raquettes…), la création d’unités d’aliment de bétail à base de fruit et raquette de cactus, le démarrage d’une ligne de désépinage pour la vente des fruits frais en supermarchés… Et le programme s’est terminé en apothéose en engendrant le concept du cactopôle, quartier industriel consacré initialement exclusivement à accueillir diverses unités de cactus, pour valoriser la production de ces huit communes. Son emplacement a été trouvé à Ouaâroune, dans la commune d’Asrir, faisant le lien entre les communes oasiennes et les communes cactifères. » Karim Anegay et Abderrachid Boutouba, Coordinateurs du sous-programme Cactus, Programme Oasis Sud

Troisième témoignage « La compagnie Cactus commodities a été créée en mai 2012, et nous sommes les premiers à nous être installés dans le Cactopôle. En 15 mois d’opération, nous avons déjà exporté 320 litres d’huile de pépins de figues de Barbarie, principalement vers les Etats-Unis, le Japon et l’Asie. Notre chiffre d’affaires est nettement supérieur à nos prévisions de départ... » Hamza LOUALI, Président de Cactus commodities, Ouaâroune

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTISCALAIRE

TEMOIGNAGES

Quatrième témoignage

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« A Tarfaya, nous sommes six coopératives et associations à fabriquer du couscous, c’est presque 40 femmes, et chez nous, on ne fait que du Moukhamiss ou Khoumassi, c’est le couscous des beydanes, mélange de 5 farines de céréales. C’est cinq fois meilleur que le couscous du Nord ! Toujours, on se retrouve chez les unes ou les autres pour rouler les grains ensemble, et le POS nous a donné des tabliers et tout le matériel de production. » Mbarka Aouissa, Présidente de la coopérative Casamar, Tarfaya

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Cinquième témoignage « La coopérative Tifaouine, ce sont 20 femmes de Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek. On a toujours fait le couscous chez nous, dans des ustensiles très simples, en le précuisant sur feu de bois. Avec le POS, on s’est organisé en coopérative féminine, parce qu’en produisant ensemble, on a commencé à avoir des clients qui nous achètent notre semoule, pas juste la famille. Le POS nous a construit un local, donné du matériel, fait faire des formations, et même installé un séchoir électrique. Maintenant, on échange avec des coopératives d’autres douars qui sont nos camarades au sein du GIE, et notre GIE fournit la semoule au COS. Notre couscous, c’est tout le Maroc qui le mange maintenant! » Hafida Ouknou, Présidente de la coopérative Tifaouine, Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek

Sixième témoignage « Quand notre coopérative, de dix femmes, est rentrée dans le GIE, on voyait les autres coopératives comme des concurrentes. Aujourd’hui, ce sont des partenaires, parce qu’ensemble, on a décidé des normes de qualité à suivre. On a été jusqu’à Laâyoune pour discuter de la composition du couscous Khoumassi, et maintenant on a décidé de toutes le faire de la même façon, et c’est le COS qui le vend pour tous. On a une recette exacte, et on la garde, parce que maintenant elle fait l’objet d’une indication géographique protégée sur toutes les provinces du Sud! » Mahjouba Bidar, coopérative Sounboula, Assa Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTISCALAIRE

TEMOIGNAGES

Septième témoignage

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« J’ai toujours voulu aider mes concitoyens du monde rural, surtout les femmes, et quand on a su qu’un quota de femmes était instauré pour les élections de 2009, je n’ai pas hésité. Avant, il n’y avait aucune femme au conseil communal d’Asrir, maintenant on est deux. Mais être admise au sein de conseils, ça ne suffit pas. Heureusement que le POS nous a encadrées et financées pour créer le Réseau des femmes élues, dont je suis la présidente, parce qu’on apprend beaucoup en échangeant avec nos consoeurs. Au bureau, nous sommes cinq de Guelmim, quatre de Tata, deux de Tan Tan et deux d’Assa, et nous organisons plusieurs ateliers

de formation, on revient juste de celui tenu à Tan Tan la semaine dernière. Figurez-vous que certaines élues, d’une autre province, m’ont dit que chaque fois qu’elles arrivaient à leur conseil communal, elles trouvaient leurs chaises disposées à distance de celles des conseillers communaux masculins, et qu’elles avaient pris l’habitude de ne même pas être écoutées. Nous leur avons dit qu’il ne faut jamais craindre de donner son avis, surtout si c’est pour dire la vérité, et que si elles ne peuvent pas s’exprimer dans un bon arabe classique, qu’elles utilisent le dialectal ! Maintenant, elles se mettent à table avec les hommes pour manger, et elles parlent comme elles écoutent... Lalla Fatma EL MERINI, Présidente du Réseau des femmes élues

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Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTISCALAIRE

TEMOIGNAGES

Huitième témoignage « Fam El Hisn a été, dès 2006, une des premières communes à contractualiser un programme de mise à niveau avec l’Agence du Sud, réhabilitant ses infrastructures comme la voirie et initiant plusieurs projets de proximité. Avec l’avènement du POS, une série d’actions facilitatrices a été immédiatement mise en place, tirant parti du potentiel local, comme ce fut le cas pour la création de la maison du métal. Mais le réel changement d’échelle de développement est subséquent à la réalisation du Plan communal de développement, qui a suscité un réel engouement d’une très large frange de la population, et n’a pas hésité à aborder toutes les thématiques, en particulier celles touchant à l’environnement et au genre. Aujourd’hui, des projets de vaste envergure sont conçus et programmés. La promotion d’une économie sociale et solidaire se fait autour du développement de l’écotourisme et de la création d’un Agropôle. Multiplier les nouvelles idées de valorisation de produits du terroir, révéler et restaurer le patrimoine bâti, installer un parc faunistique saharien, construire des unités de valorisation de dattes et de maraîchage, ces projets sont ambitieux, parfois pionniers à l’échelle régionale et même nationale, et demandent un budget à la hauteur des ambitions. Un budget d’amorce a déjà été conventionné avec l’Agence du Sud, et nous allons mobiliser les fonds additionnels auprès de divers ministères, institutions et bailleurs de fonds nationaux ou internationaux. Mohamed Oudor, Président du Conseil municipal de Fam El Hisn

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


L’équipe du Conseil municipal (2014).

Une artère réaménagée à Fam El Hisn (2013).

L’unité de dattes est la première réalisation dans l’Agropôle de Fam El Hisn (2014).

Vue générale de Fam El Hisn (2014). Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

IV. Un programme multiscalaire

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« Trouver un puits dans le désert ne veut pas dire pour autant que ton bétail est abreuvé. » Proverbe beydane

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


V. Un programme multifonctionnel

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La diversité des modalités de gestion des projets telle que précitée, éclaire ici une des fonctions majeures du Programme Oasis Sud, à savoir la fonction de mise en œuvre. Mais cette fonction ne s’exprime qu’après bien d’autres remplies par le POS, à savoir celles relatives à la réalisation de diverses études et d’états des lieux, à la tenue de concertations multiples, à la conceptualisation et à la formalisation, à l’accompagnement des collectivités locales et celles des porteurs de projets, sans oublier ici les fonctions stratégiques de levée de fonds et de mobilisation de partenaires ni celle, toute aussi importante, de promotion, de valorisation et de marketing des territoires. Les diverses fonctions du POS n’obéissent bien entendu pas, à une logique linéaire rigide, elles s’inscrivent bien au contraire, et constamment, dans des processus itératifs. Ainsi, la mise en oeuvre d’un projet, par exemple, révèle parfois des données et des aléas insoupçonnés et va donc réorienter le document de conception établi en amont.

Les études stratégiques, sectorielles et thématiques Une série d’études stratégiques, telles celles portant sur les oasis, l’écotourisme, l’agroécologie, les produits de terroir, la désertification, l’agrobiodiversité, l’élevage, le patrimoine, etc., menées par le POS, va venir alimenter et étayer le document projet originel, et vont régulièrement orienter l’action du programme. Des études thématiques vont venir compléter des analyses sectorielles favorisant ainsi ultérieurement l’éclosion dans les territoires de projets pertinents. Des études spécifiques seront par exemple accordées à l’arganier, à l’olivier , au cactus et aux plantes aromatiques et médicinales ou à l’introduction des énergies renouvelables et seront à l’origine du projet du cactopole à Ouaroune, de l’agropole de Foum Al Hisn, de l’unité de production de l’huile essentielle d’armoise à Tata, de l’unité de production de l’huile d’argan à Bouizakarne et de celle de l’unité de trituration de l’olive à Ifran Anti atlas ou encore à l’équipement de puits avec du pompage solaire à Assa Zag et Tata ou aux écoécoles à Asrir et à Ifrane de l’Anti Atlas...

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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Ces études sont confiées pour leur réalisation à des cabinets d’expertise ou à des consultants confirmés. Les personnes ressources du territoires sont identifiées et sont parties prenantes dans leur élaboration. Tout au long de la réalisation des principales études, des ateliers divers sont montés. Tout d’abord, et en partenariat avec les institutions et acteurs locaux concernés, des ateliers sont consacrés à la finalisation des termes de référence et à la validation des méthodologies proposées par les cabinets ou consultants soumissionnaires. D’autres, aux échelles locales et centrale, seront ensuite consacrés à la présentation et à la discussion des résultats des études et des livrables. Cette mission constitue certainement le cœur de métier du Programme Oasis Sud. Et la concertation en est un des piliers fondamentaux : écouter, apprendre, partager, convaincre, négocier, réguler, rapprocher les points de vue, résoudre les conflits, autant d’aptitudes que déploie au quotidien le POS avec tous ses partenaires, qu’ils soient institutionnels, élus, représentants de la société civile ou porteurs de projets afin de relever les défis du développement durable et de s’inscrire dans la seule logique qui vaille : l’action collective. Mais la concertation aussi bienveillante soit-elle, aussi patiente, aussi constructive, aussi bien menée, ne saurait seule doter le territoire des indispensables du développement si elle n’est accompagnée de savoir-faire et de technicité permettant l’émergence de projets aux contours précis, aux contenus pertinents et rationnels, aux dimensionnements adaptés, aux impacts quantifiables, permettant ainsi la formulation optimale des actions à entreprendre. Et c’est en cela que le POS assure le back-office des collectivités locales, notamment rurales, ainsi que celui des acteurs locaux impliqués dans le développement territorial du Maroc saharien. Il intervient, aux côtés des partenaires locaux transversalement tout au long du processus de conduite du projet, et ce depuis la conception jusqu’à la mise en œuvre : montage technique, scientifique, juridicoadministratif, financier, exécution physique, suivi et évaluation

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


• Elaboration de la fiche projet (concept, site d’implantation, objectifs stratégiques et opérationnels, consistance, partenaires, modalités de fonctionnement, calendrier, impact...).

• Montage financier

• Conventionnement et aspects administratifs

• Etablissement des cahiers des charges

• Appel d’offres et sélection des candidats

• Attribution du marché / contrat et accompagnement administratif

• Exécution du projet

• Suivi et évaluation

Ci-dessus et à la page ci-contre, les couvertures de quelques études stratégiques et thématiques menées par le POS.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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Ce faisant, l’action du POS engendre automatiquement un effet vertueux et profitable au territoire sur le long terme, à savoir le transfert de compétences. Le programme favorise également l’émergence ou le renforcement de leadership local, basé essentiellement sur la capacité de conduire le développement. En effet, dans le cadre de la régionalisation, le POS est conscient que son seul et unique succès, dépend in fine de sa capacité à métamorphoser le territoire de sa zone d’intervention, en un territoire qui soit en mesure de s’autogérer de manière pérenne.

La mobilisation des ressources Si le POS gère aujourd’hui un portefeuille aussi important et aussi diversifié de projets, c’est en partie parce qu’il a su développer, depuis plusieurs années déjà, un savoirfaire en matière de mobilisation de ressources. Le programme détient en effet à la fois une fine connaissance des territoires et de leurs besoins et celle relative aux potentiels bailleurs de fonds intéressés par la gouvernance et le développement territorial. Le POS dispose donc d’une cartographie de partenaires éventuels et spécialisés dans des thématiques données (désertification et eau, culture et patrimoine, genre, gouvernance, développement de capacités, etc.) Le POS s’appuie par ailleurs fortement sur le réseau d’institutions et de personnes ressources dont dispose sa structure mère : l’Agence du Sud, afin d’approvisionner régulièrement le financement des projets de développement sur sa zone d’intervention. Il sait croiser plusieurs approches, afin de solliciter les bailleurs de fonds potentiels et mobiliser la ressource : porte à porte, opérations de plaidoyers, participation à manifestation d’intérêt, organisation d’ateliers, workshop et rencontres B to B, visites de terrain, actions démonstratives : expositions et participations aux foires et aux salons, publications, découverte de produits du terroir, etc.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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Les success stories engrangées par le programme lui servent également de carte de visite et de point d’entrée pour mobiliser des financements additionnels ou pour générer de nouveaux crédits. La coopération bilatérale, multilatérale et décentralisée sont aussi des mécanismes sérieux permettant de développer et de diversifier les apports financiers du programme. Il est entendu que la ressource mobilisée par le programme au profit des territoires ne se réduit pas uniquement à sa composante financière. L’expertise et l’assistance technique, les diverses mises en réseaux qu’apporte le programme aux acteurs du territoire irriguent celui-ci, le désenclavent, démultiplient savoir et savoir-faire et le placent au cœur d’une dynamique fertile tant au niveau national qu’international (SUPAGRO, CARI, TARGA, Pour un Maroc Vert, Les amis d’Ifrane de l’Anti-Atlas, Cluster WEST, Réseau national de femmes artisanes, etc.).

Des investisseurs marocains résidant à l’étranger visitant les potentialités du Maroc saharien. Ici, une séance d’information dans les locaux de la coopérative de fromage de lait de chamelle à Assa (2014).

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


En octobre 2008, présentation à l’Ambassade du Royaume à Paris d’un plaidoyer du Programme Oasis Sud pour la mise en place de nouveaux partenariats de développement durable (2014). Plusieurs présidents de communes du Maroc saharien y sont intervenus.

Son Excellence Madame l’Ambassadeur du Japon visitant l’oasis de Zag (2008).

Son Excellence l’Ambassadeur de France visitant l’oasis d’Assa (2009).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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Programme Oasis Sud - une expĂŠrience marocaine de dĂŠveloppement durable


La promotion et le marketing des territoires La pratique du marketing territorial prend tout son sens lorsqu’il s’agit de promouvoir des territoires sahariens, souvent méconnus ou, au mieux, perçus à travers le prisme déformant du cliché ou du préjugé. Promouvoir les territoires sahariens revient tout d’abord à rétablir leurs vérités, à raconter leurs réalités naturelles et culturelles, à dire leurs richesses et leurs potentialités afin de reconstruire leur image souvent malmenée. Elaborer et diffuser du matériel promotionnel, toutes natures confondues (publications scientifiques, ouvrages grand public, plaquettes, brochures et catalogues divers, films, etc.), contribuent efficacement à dissiper la méconnaissance autour des territoires. La participation et l’organisation d’événements divers aux échelles nationale et internationale permettent des rencontres passionnantes avec les femmes et les hommes du Maroc saharien et la découverte de ses nombreuses spécificités.

Quelques parutions de la collection «Les cahiers du Maroc saharien».

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan visitant l’exposition «Escale au Maroc saharien» à Rabat, en janvier 2011.

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Quelques vues de l’exposition «Escale au Maroc saharien» à Rabat (2011).

«L’Escale au Maroc saharien» à Berlin (2013).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

TEMOIGNAGES

Premier témoignage « Pourquoi soutenir le Programme de Sauvegarde et de Développement des Oasis Sud (POS) ?

Les oasis ont joué pendant des siècles

un

rôle

décisif

dans

l’histoire de notre pays. Elles sont, non seulement dépositaires d’un

patrimoine territorial et naturel de valeur inestimable, mais de surcroît, une

zone

tampon

représentant

un pont bioclimatique national et continental entre la zone tropicale et la zone méditerranéenne.

L’urgence d’intervention dans ces territoires a été confirmée par la Charte

Nationale de l’Aménagement du Territoire et du Déceloppment Durable

ainsi que par le Schéma National de l’Aménagement du Territoire qui ont

recommandé de faire du développement et de la sauvegarde des oasis, une urgence nationale prioritaire au regards des difficultés que connaît l’espace oasien.

A cet effet, la Direction de l’Aménagement du Territoire a élaboré une stratégie d’Aménagement et de Développement des Oasis, en 2004, qui a évalué l’état des lieux à travers l’analyse des potentialités, des contraintes et des

perspectives de chaque bassin oasien. Cette stratégie a tracé également les grandes lignes d’une politique intégrée pour la sauvegarde et le développement

des bassins oasiens et a ainsi offert aux décideurs des choix qui couvrent les aspects sociaux, économiques, techniques et institutionnels.

Les orientations de ladite stratégie sont, en effet, mises en œuvre dans le cadre de programmes de développement territoriaux initiés, en collaboration avec

les partenaires nationaux et territoriaux et avec le concours des organismes

internationaux, par : l’Agence pour la Promotion et le Développement

Economique et Social des Provinces du Sud du Royaume (Agence du Sud) au niveau du bassin de Guelmim-Tata (POS), par l’Agence de l’Oriental à l’échelle des oasis de Figuig (POF) et par la Direction de l’Aménagement

du Territoire au niveau des Oasis du Tafilalet (POT) et des oasis du Draa (POD).

232

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Initié par l’Agence du Sud et le Programme des Nations Unies pour le

Développement (PNUD), le Programme de Sauvegarde et de Développement des Oasis Sud (POS) a pu avoir le souttien et l’appui du Ministère de l’Urbanisme

et l’Aménagement du Territoire à travers le Fonds pour le Développement Rural et des Zones de Montagnes et ce, pour plusieurs raisons :

• Le projet s’inscrit parfaitement dans le cadre des objectifs de la

Stratégie Nationle de Développemnt Rural initiée par le Ministère et mise en

œuvre à travers trois générations de projets par le biais du FDRZM. De ce fait, il est basé sur une vision territoriale de développement étalée sur un horizon de plusieurs années et s’appuyant sur un développement à géométrie variable

des territoires d’intervention (communes, territoires de projets, provinces, régions…) ;

• Il adopte une approche globale intégrante de toutes les composantes

du développement durable (économique, sociale, culturelle et environnementale). Cette intégration englobant plusieurs thématiques et chantiers complémentaires

permettant de créer une veritable dynamique territoriale capable de façonner les territoires cibles et améliorer leur compétitivité et leur diversité économique locale ;

• Il adopte une démarche territoriale basée sur une réelle implication et

participation des acteurs locaux avec la mise en place d’un système partenarial novateur fédérant les Collectivités Territoriales, le PNUD, la Société civile, les Départements Ministériels, les Instituts de recherche et les experts dans différents domaines ;

• Il a un caractère souple et adaptable selon la diversité des territoires

et la particularité des problématiques traitées;

Aujourd’hui, sa mise en œuvre constitue un cas d’école pour les porteurs de

projets de développement intégré et ce en terme de choix de territoires visées,

de démarche territoriale, de gouvernance participative, et de mobilisation des ressources, des acteurs et des partenaires.

Abdelouahed FIKRAT, Directeur de l’Aménagement du Territoire, Ministère de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

TEMOIGNAGES

Deuxième témoignage « Ce fut un grand plaisir pour moi, tant sur le plan professionnel que personnel, d’accompagner la conception et la mise en œuvre du POS depuis 2006 à ce jour. Cette belle aventure a commencé avec une idée innovatrice - quoique expérimentale et démonstrative - vers une vision holistique de développement intégré. Se nourrissant de son propres succès, le POS a continué de croître et a su attirer la contribution et l’attention de nombreux partenaires. Il s’est mué en un programme de développement territorial durable intégrant une panoplie de bonnes pratiques qui le place aujourd’hui parmi les programmes phares du monde arabe. L’engagement national et la persévérance de l’équipe de l’Agence du Sud sont exemplaires. Le POS aujourd’hui intègre et met en œuvre des bonnes pratiques mondialement reconnues en la matière tels que la planification stratégique, la promotion de la résilience aux chocs et changements climatiques et socio-économiques, un concept fédérateur pour la valorisation des produits de terroir et la promotion du tourisme, une approche d’économie sociale et d’initiative privée, une intégration intercommunale, l’habilitation de la femme… Toutes ses bonnes pratiques positionnent le POS aujourd’hui comme un leader dans le domaine de développement rural intégré. Ainsi, il a été sélectionné par le Centre de Développement des Zones Arides du PNUD comme l’objet d’étude d’une mission d’échange Sud-Sud prévue en 2015 pour promouvoir ses bonnes pratiques de développement rural intégré parmi les pays de la région » Elie KODSI, Directeur, Programme de Développement des Zones Arides, PNUD

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Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Troisième témoignage « La collection « Histoire et sociétés du Maroc saharien » est venue combler un manque latent d’informations et d’analyses sur les thématiques sociales, patrimoniales, culturelles et naturelles des provinces du Sud du Royaume. Elle ambitionne la production d’un savoir affranchi des approches politico-juridiques jusque-là prédominantes. Elle vise à mettre à la disposition de publics divers, nationaux et internationaux, des publications multilingues aux contenus iconographiques et textuels de qualité. Cette collection, riche de plus d’une vingtaine de titres, est pensée comme un outil de marketing territorial du Maroc saharien et participe à la construction d’une image authentique de ses femmes et de ses hommes, de ses territoires, de ses traditions, de son patrimoine tentant ainsi de dissiper les nombreux clichés réducteurs à ce propos. » Mounya NEJJAR et Ahmed JOUMANI Co-directeurs de la collection « Histoire et sociétés du Maroc saharien »

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

TEMOIGNAGES

Quatrième témoignage

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« L’association Pour un Maroc Vert (PMV) tient à remercier les responsables de l’Agence du Sud et du POS de lui avoir donné l’occasion de témoigner d’une expérience enrichissante, le programme d’urgence des AGR de Fask

et l’accompagnement des communes pour l’élaboration de leurs plans de développement.

Notre intervention a concerné 8 communes relevant de la province de Guelmim (Abaynou, Aday, Amdti, Echatea Labyad, Fask, Tagant, Targa Wassay et Timoulay). Au-delà des approches suggérées par le guide d’élaboration des PCD produit par la DGCL, celle adoptée par PMV était de focaliser davantage

sur des projets intercommunaux qui répondent à une logique d’organisation

du territoire et de bonne gouvernance, étant donné l’enclavement et la pauvreté de ces communes.

Dans un premier temps, l’association a décidé de rassembler des jeunes diplômés chômeurs de la région pour les former aux techniques d’enquêtes et de diagnostic territorial. Cette expérience leur a permis de mieux

comprendre le territoire et la réalité locale afin de s’impliquer dans le développement de leur commune. Comme au cours de tout processus,

nous avons dû affronter divers enjeux politiques et tribaux de la région

et nous avons été à même de relever ce défi. L’accompagnement a permis de renforcer la capacité des acteurs locaux, élus, personnel communal et

associations, après plusieurs sessions de formation, durant lesquelles nous avons noté un fort intérêt, une forte présence des femmes, une remarquable assiduité et l’engagement total des intervenants.

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


L’intérêt particulier de notre association a été de mettre en place un

programme d’urgence pour la commune de Fask en créant des AGR au bénéfice de 110 personnes, en réponse concrète à la précarité constatée

sur le terrain. Nous nous félicitons, qu’après 3 ans de vie, ces AGR sont toujours opérationnelles et permettent à ces foyers de vivre dans la dignité.

Parallèlement, nous avons mis en œuvre un programme pilote innovant avec la participation de toute la population de la commune de Fask, sde traduisant

par l’organisation de 72 ateliers qui prennent en compte les doléances des habitants et leur regard sur le développement. Cela a abouti à : • un film diagnostic, témoignage des réalités de terrain, • un plan d’aménagement pilote oasien, • un diagnostic régional sur l’artisanat, avec en réponse le concept d’un caravansérail,

• la maison de l’agriculteur, les fermes pédagogiques, le don de la terre, • des actions d’agrotourisme et de valorisation de la culture cameline, • un site web communautaire « esprit nomade », • un moussem du développement durable et la caravane socio-éducative afin de permettre une meilleure vulgarisation des PCD auprès des populations.

En tant que processus et malgré certaines imperfections, ce programme est un exercice à renforcer dans le temps en s’appuyant davantage sur le suivi, l’évaluation, le plaidoyer et la communication. »

Rachid Chriqi, Gérant de l’association Pour un Maroc Vert

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage

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« Au terme de mes travaux de consultant du POS, je pense qu’il y a lieu de retenir plusieurs aspects novateurs à inscrire à l’actif du POS. Le POS a été parmi les rares institutions ayant contribué à la réflexion et au développement d’une approche et de méthodes appropriées pour la conduite du processus d’élaboration des Plans Communaux de Développement (PCD) et les mécanismes d’accompagnement des communes rurales pour la mise en œuvre opérationnelle de leur PCD et ce, en étroite collaboration avec la DGCL. A ce titre, le PCD d’Asrir constitue un modèle unique qui se distingue par un certain nombre d’atouts : • L’intégration du profil environnemental selon le modèle DPSIR et du profil culturel, comme composantes essentielles du diagnostic (en plus des autres profils notamment socioéconomique, acteurs locaux et gouvernance). Toujours dans le cadre de ce PCD, le passage du diagnostic à l’élaboration des orientations stratégiques et les projets et activités a été réalisé moyennant une démarche objective basée sur la méthode SWOT ; • L’implication effective des jeunes diplômés au chômage : Ces derniers étaient en grève devant le siège de la commune rurale. Leur association aux activités d’élaboration du PCD de leur

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


commune, moyennant un programme de formation et de renforcement des capacités et des compétences pour le diagnostic participatif et la planification stratégique, ont permis, d’une part, d’aboutir à un diagnostic réaliste et fiable, et d’autre part, à ouvrir des perspectives à ces jeunes qui ont tous trouvé un emploi juste après cette opération ; • Le PCD d’Asrir est l’un des rares documents dont les données du diagnostic sont spatialisées avec des cartes thématiques illustrant l’état actuel des ressources disponibles au sein du territoire de la commune rurale ; • L’appui et l’accompagnement de la commune s’est poursuivi au-delà de la phase d’élaboration du PCD, ce qui a permis de réaliser l’ensemble des projets et activités programmés dans un temps record. Par ailleurs, parmi les aspects multifonctionnels des actions et du POS, il y a lieu de souligner les efforts déployés pour la recherche de partenariats avec d’autres institutions et bailleurs de fonds, pour contribuer encore plus au développement des communes ciblées. A ce titre, et pour ne citer que les expériences auxquelles j’ai été associé en tant que consultant, il y a lieu de retenir la collaboration avec l’ONUfemmes, et plus précisément le programme MDG-Culture qui a abouti à l’intégration effective et efficace de la dimension genre dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des PCD, et ce à travers le renforcement des capacités et compétences des femmes pour la conception et la réalisation de divers petits projets générateurs de revenus. Enfin, je tiens à recommander (au cas où cette recommandation n’ait pas été déjà faite) la réalisation d’une étude pour la capitalisation sur les acquis de ce programme et l’élaboration de documents illustrant les leçons tirées et les acquis. » Pr. Mohammed Yessef, Enseignant-Chercheur à l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Consultant POS / PNUD

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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AUTOUR D’UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

TEMOIGNAGES

Sixième témoignage

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« Parce que nous sommes forestier et écologiste de formation, nous avons le réflexe de cartographier le territoire en fonction des écosystèmes qui le composent, et d’identifier dans ces écosystèmes les espèces remarquables, qu’elles soient animales ou végétales. Après, le pas à franchir est très simple : pour être développeur, il suffit de recenser la quantité de ces espèces et leurs systèmes d’exploitation et de faire le lien avec les productions que l’on peut en tirer, dans des systèmes de valorisation durable. C’est comme ça qu’est né l’inventaire des filières de produits du terroir. Une fois l’inventaire fait, il s’agit de choisir et territorialiser les unités de production à mettre en place. Ensuite, il faut construire, aménager, équiper..., mais surtout bien sélectionner les bénéficiaires, qui doivent réellement porter le projet, les encadrer et les accompagner jusqu’à la commercialisation de leur produit. Et quand les idées de valorisation dépassent le budget existant, ce qui nous arrive de plus en plus souvent avec l’expérience du terrain, il faut aller chercher de nouveaux fonds. On peut donc vraiment dire que le POS assume des fonctions multiples et variées. » Mohammed Houmymid, Coordinateur national du programme POS Karim Anegay, Responsable filières et produits du terroir

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Septième témoignage « L’inventaire des produits du terroir des provinces de Guelmim, Tata, Assa-Zag, Tan Tan et Tarfaya a mis en évidence une offre riche et diversifiée, mais atomisée et peu connue sur le marché national. 10 filières ont été identifiées, dont 7 filières phares à haut potentiel de développement, articulées en 36 produits du terroir, sans parler de l’existence d’une dizaine de plantes aromatiques et médicinales. La démarche d’accompagnement a reposé sur une approche qualité liée à l’origine du produit, l’intégration et la mutualisation d’un certain nombre de produits et services, concrétisée par l’appui à la mise à niveau des unités de production, l’appui à la reconnaissance des produits par des labels (signes distinctifs de qualité et d’origine) et le développement de la gamme Nadweyya. Les petits producteurs ont été mis en réseau dans le cadre du COS SB (Cluster des Oasis du Sahara - Social Business). Ce consortium solidaire se charge de la valorisation et de la promotion des produits. Il veille à concentrer le maximum de valeur ajoutée dans la zone de production, en la distribuant au mieux tout au long de la chaîne de production. » Sadik IDRISSI, Président de la société PCM

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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SUR UN PROGRAMME multifonctionnel

En 2010, le POS a effectué un grand virage conceptuel en prenant à son compte les plans de développement communaux (PCD) de 45 communes des provinces de Tata, Assa-Zag et Guelmim, revendiquant au passage d’être un programme de développement territorial durable. En signant une convention fondatrice avec la Direction Générale des Collectivités Locales, les communes concernées et les trois conseils provinciaux, le POS devenait dépositaire de la mission d’encadrement et d’appui aux communes pour concrétiser leurs PCD, c’est-à-dire assurer leur « back office », pour utiliser un anglicisme approprié. Un PCD est à la fois un guide conceptuel de développement, une base de plaidoyer pour la mobilisation de fonds et un menu listant et décrivant les actions à réaliser, illustrant les fonctions multiples que le programme assume. Au préalable, le POS avait déjà réussi une expérience concluante. Dès 2007, le programme âgé d’à peine un an signait une première convention de financement additionnelle avec la commune d’Asrir, pour réaliser le PCD de cette dernière. A la fin de cette année-là, une note méthodologique était ainsi validée par l’Agence du Sud et ses nombreux partenaires, proposant les lignes directrices pour la réalisation d’un tel document, après avoir passé en revue l’expérience marocaine dans son intégralité. Quatre axes d’investigation (environnement, culture, social et gouvernance) étaient recommandés pour concrétiser ce premier PCD oasien du Royaume, aboutissant à trois profils environnemental, socio-institutionnel et économique. Le résultat sera un plan détaillé pour la période 2009 à 2014, d’un montant estimatif de 230 millions de dirhams. Pour le réaliser, les partenaires locaux, avec à leur tête les responsables communaux et leur président en chef de file, ont d’abord été informés et sensibilisés, avant d’être formé aux outils du développement que sont le montage de projets et le plaidoyer pour mobiliser les fonds nécessaires à leur réalisation. Et quand des responsables locaux font de leur désir de développement un sacerdoce, les résultats sont immédiatement probants : la mobilisation de fonds a ainsi été engagée en parallèle à la formalisation du PCD, et des actions de démarrage mises en place avec l’appui du POS, avant que la copie finale du plan communal de développement ne soit validée.

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Agence du Sud, Délégation Générale des Collectivités Locales, de nombreux Ministères (Equipement, Agriculture, Jeunesse et Sports, Emploi), Conseil Provincial, Conseil Régional, Fonds d’Equipement Communal, MDG Fund, Banque Africaine de Développement, Drylands Development Center, Agence de Développement Social, Initiative Nationale pour le Développement Humain, programme Petits Dons du Fonds Mondial pour l’Environnement, Veolia Environnement..., tous ont répondu favorablement aux demandes d’appui émanant de la Commune d’Asrir et apporté une contribution financière de plus de cent millions de dirhams cumulée, soit près de la moitié des fonds nécessaires à la réalisation de ce plan quinquennal, avant même son entrée en vigueur de 2009. Quelque 79 projets ont ainsi démarré immédiatement, concernant cinq axes d’intervention majeurs : • 31 projets de préservation des ressources naturelles et lutte contre la dégradation de l’environnement oasien (gestion de l’eau, agroécologie, prévention des risques bnaturels et lutte contre la pollution, gestion des déchets...) • 13 projets concernant l’amélioration des conditions de vie de la population (médiathèque, point de lecture, dispensaire, infrastructure sportive, éco-écoles...) • 20 projets d’attractivité économique et générateurs de revenus et d’emplois (valorisation de produits du terroir, infrastructures d’accueil et animation touristique, souk hebdomadaire...) • 9 projets de renforcement des capacités locales (intégration et renforcement du rôle de la femme, formation du conseil communal pour l’élaboration d’un plan d’investissement, appui à l’établissement de Groupements d’Intérêt Economique...) • 6 projets de renforcement du patrimoine culturel (organisation de moussems, réhabilitation d’un site maraboutique, rénovation d’un musée...) Aujourd’hui, la commune d’Asrir est avant-gardiste en bien des domaines, en abritant une station d’épuration atteignant l’étape de traitement tertiaire, ou en étant la première commune oasienne à bénéficier d’un programme de délimitation et d’immatriculation des terrains. Son rôle pionnier dans la conceptualisation du développement à travers ce premier PCD, ajouté à sa situation géographique à la croisée des chemins du territoire bénéficiant de

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

V. Un programme multifonctionnel

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SUR UN PROGRAMME MULTIFONCTIONNEL

l’action du POS, assurent également à cette commune un rôle de locomotive dans la mise en œuvre de réalisations intercommunales. C’est ici que s’installe le cactopôle, quartier industriel dédié à la valorisation des produits du terroir de toute une région, c’est également ici que l’Association pour un Tourisme Oasien Solidaire installe son Bureau d’Information et d’Orientation du Tourisme Oasien. C’est aussi autour des compétences de cette commune que s’est articulé le Cluster des Oasis du Sahara, fédérant près de 200 coopératives de produits du terroir, et que le Réseau Interprovincial des Femmes Elues est devenu une réalité. Car l’esprit du PCD et ses réalisations effectives ont permis l’épanouissement des femmes qui participent aujourd’hui aux prises de décision communautaire. Asrir, héritière de la Noun Lamta médiévale où les Almoravides frappaient leur monnaie, était il y a peu, enfoncée dans une léthargie de contestation. Les jeunes frondeurs d’hier sont devenus les porteurs de projet et entrepreneurs d’aujourd’hui, et cette confiance retrouvée de la population locale a drainé l’investissement. C’est ici que l’approche de développement du POS a été testée, et le programme s’est enrichi de ces résultats, suscitant l’émulation de toutes les communes voisines. Voulez-vous connaître l’état d’avancement de chacun des projets préconisés par le PCD ? Le secrétaire général de la commune vous répondra en un clic sur son ordinateur : tout est consigné dans le Système d’Information Communal, programme informatique qui synthétise toutes ces données. Parce qu’elles émanent d’actions qui ont été dûment réfléchies, dont le financement a été cherché et trouvé, et dont la mise en place est consciencieusement suivie.

Couverture du Guide de la planification communale, document édité en 2009 par la Direction Générale des Collectiviés Locales (Ministère de l’Intérieur) à l’adresse des acteurs locaux.

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Les PCD programment une liste d’actions à réaliser sur une période moyenne de six ans. Ci-contre, le PCD d’Asrir 2009-2014.

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Ateliers de concertation pour la préparation des plans communaux de développement dans la commune de Fam El Hisn, province de Tata : ci-dessus, au douar Ida Ou Chekra et ci-dessous, au douar Amessra (2008).

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V. Un programme multifonctionnel

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« Le marchand de sable ne fait pas fortune dans le désert. » Alexandre Vialatte

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VI.Un programme innovant

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Adopter la logique de la préservation en matière de thématiques culturelles et patrimoniales ne signifie pas pour autant la renonciation à celle de l’innovation et à la créativité. Bien au contraire, ces deux démarches sont à la fois indispensables et complémentaires pour atteindre les objectifs de développement socio-économique durable. En effet, le croisement des deux démarches permet tout d’abord d’éviter le phénomène de saturation et d’engorgement de segments de production via des processus de greffe redondants et stériles, et ce au profit d’une ouverture qui va offrir de nouveaux champs d’expérimentation et d’investissement, et qui va permettre l’accès des productions locales à une nouvelle cible de consommateurs, se trouvant à la fois aux échelles locales, nationale et même internationale.

Du produit du terroir à la recette gastronomique A titre d’exemple, les produits du terroir qui ont, comme cité auparavant, bénéficié d’une stratégie de valorisation mise en oeuvre à travers de multiples actions de structuration, de mutualisation, de production, de packaging, de marketing et de commercialisation, voient aujourd’hui de nouveaux horizons s’ouvrir à eux grâce à leur ambitieuse déclinaison, en recettes gastronomiques. La mise en concurrence de plusieurs chefs cuisiniers et pâtissiers de renom ont permis l’émergence d’une ligne gastronomique de recettes à base de produits des terroirs oasiens et steppiques. Le regard innovant et le talent de certains de ces créateurs a sublimé heureusement des produits aux qualités gustatives singulières et aux vertus nutritionnelles longtemps méconnues. Et chaque dégustation, voulue par l’Agence du sud comme une action de plaidoyer percutante, confirme, à travers l’émerveillement sans cesse renouvelé de tous, la justesse du choix stratégique consistant à offrir la découverte ou la redécouverte du Maroc saharien à travers la subtilité et le raffinement de ses saveurs et de ses senteurs. Et le succès ne se dément jamais…

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VI. Un programme innovant

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Le bien-fondé de cette démarche réside par ailleurs dans son impact économique, social et culturel sur les territoires. En effet, il ne faut pas ici occulter la spécificité du produit du terroir du Maroc saharien, produit de niche par excellence et dont la valeur commerciale est démultipliée par son intégration dans les circuits de la haute gastronomie et de l’épicerie fine. La valeur ajoutée dégagée à partir du produit saharien rare, à forte connotation culturelle, pallie intelligemment la relative faiblesse quantitative de sa production. La chaîne de valeurs va au delà de la phase dégustation et ses retombées économiques immédiates et conduit à une véritable qualification du territoire en matière de savoir-faire et de démarche qualité : formations et développement de capacités au profit des associations et des intervenants concernés par la thématique culinaire, restaurateurs et gîteurs, traçabilité, normes d’hygiène et de qualité et labellisations diverses. L’innovation est aussi un vecteur de redécouverte par la population du potentiel certain et dorénavant reconnu des ressources et des savoir-faire ancestraux de son territoire. Et le sentiment de fierté de la population n ‘est à ce propos pas le moindre des impacts de la déclinaison des produits du terroir en recettes gastronomiques.

Présentation des produits du terroir de la province d’Assa à Son Excellence l’Ambassadeur de Finlande et au Représentant Résident du PNUD, lors du comité de pilotage du POS (2011).

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Déclinaisons gastronomiques diversifiées à partir des produits du terroir du Maroc saharien.

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VI. Un programme innovant

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De l’objet artisanal à l’objet de design L’artisanat saharien riche de ses matériaux, de ses motifs, de ses couleurs et de ses techniques a toujours accompagné et au quotidien la vie dans les oasis et des les steppes. Ingénieux et souvent plurifonctionnel, l’objet d’artisanat saharien a su répondre au mieux aux besoins des sédentaires et des nomades avec sobriété et élégance. Face aux évolutions des modes de vie, la déperdition d’un certain nombre d’usages traditionnels, il va malheureusement souffrir à son tour d’un délaissement progressif au profit de l’objet manufacturé jugé plus attrayant et plus moderne. Les savoir-faire et la maîtrise technique vont décliner également. Depuis quelques années, la revivification des oasis du Maroc saharien a offert un souffle nouveau aux capacités traditionnelles locales à créer, à décorer, à tisser, à forger et à tanner... Le POS et ses partenaires, forts de la régénération progressive des métiers et techniques traditionnelles, ne s’en sont pas satisfaits pour autant. Connaisseurs des besoins et des évolutions du marché, ils ont ressenti l’impérieux besoin d’innover et de mettre les produits artisanaux au goût des consommateurs modernes. L’intervention de designers confirmés a été sollicitée à plusieurs reprises dans le cadre d’actions dédiées à une thématique ou d’un matériau spécifique, tels le tissage ou la vannerie, le cuir, le bois ou le travail de l’argent. De superbes productions verront ainsi le jour, exprimeront avec harmonie et audace le mélange réussi du talent du designer, du génie créatif local et traduiront l’esprit du nomadisme et de la vie oasienne.

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VI. Un programme innovant

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Les aspects pratiques n’ont pas été en reste, et des solutions novatrices ont permis de faciliter des opérations parfois laborieuses, telles celles de l’édification de la khayma traditionnelle revisitée. Des formats différents de khayma, pratiques et adaptés aux exigences de la vie citadine et du bivouac saharien ont donné une nouvelle jeunesse à cet habitat hier encore en déclin. Le mobilier sera lui aussi redesigné et réaffecté : l’amchakab de jadis se fait table aujourd’hui et la rahla d’antan devient siège confortable d’intérieur. L’économie sociale et solidaire trouvera dans l’adoption de cette approche novatrice un gisement important et inattendu de génération de revenus et d’emplois . Ce va et vient entre la sensibilité et la compétence technique des artistes designers et les artisans et les acteurs locaux se fait avec une transmission régulière et fécondes de savoirs et de savoir-faire.

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VI. Un programme innovant

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INNOVANT

TEMOIGNAGES

Premier témoignage

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« Jamais je n’aurai cru que le megli, orge torréfiée , puisse rapporter de l’argent . Alors le programme POS a créé une coopérative pour fabriquer et conditionner le megli. On le vend aux coopératives qui font du couscous khoumassi dont il est un des ingrédients, et le COS le vend même en sachet pour que les gens fassent leur propre Lemriss (boisson mélant megli et sucre dans de l’eau), ou le Beloghmane (pâte de megli travaillée à l’eau chaude et au dhen de chèvre). J’ai été encouragé par le POS et j’ai transformé cette simple farine de megli en de bonnes pâtisseries. J’ai ajouté du miel, de l’huile d’olive des dattes, des amandes, des épices. On a appelé ces gâteaux Halawiat Salka. On vient de le proposer dans une foire à Rabat, on a tout vendu, à 60 dirhams le kilo, et les gens en redemandent, depuis les Canaries et même la Mauritanie! Dans note association, nous sommes sept femmes et quelques unes dans une situation difficile, mais maintenant, nous arrivons grâce à Dieu, à avoir de l’argent. » Salka MOMO, Présidente de la coopérative Femmes Lamta pour la production de megli, Asrir

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Deuxième témoignage « Les produits des terroirs du Maroc saharien m’ont permis ces dernières années à affirmer mon savoir-faire de chef cuisinier. Ils m’ont influencé à laisser libre cours à mon imagination pour élaborer des recettes originales telles que « le Macaron à l’huile d’argan et chocolat » ou encore, « le Couscous Khoumassi avec un crémeux de fromage de chamelle et légumes confits ». La mise en valeur de ces produits a été pour moi une superbe source d’inspiration, un challenge constructif et une source de grande fierté. Je tiens d’ailleurs à remercier chaleureusement l’Agence du Sud de sa confiance. » Hicham AOUAD, Chef cuisinier, Les Ateliers du Chef

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VI. Un programme innovant

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INNOVANT

TEMOIGNAGES

Troisième témoignage

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« Je puise mon inspiration dans les matériaux qui se présentent à moi, aux belles énergies remplies d’histoire, je les touche, je les travaille avec délicatesse, mes créations sont construites sur des bases simples aux formes naturelles . Bande tissée au mélange de laine de chèvre et de chameau utilisée pour les tentes chez les nomades, suspendu ou tendu dans mes créations, le Flij prend une autre dimension. Le Tataoui, originaire de Tata, un art aux multiples couleurs, est constitué de branches de laurier bordant les oasis. Matière facilement malléable, elle est utilisée principalement dans la décoration des plafonds. Le Tataoui m’a ouvert d’autres horizons et m’a permis de le travailler autrement. Des techniques nouvelles, des colorations et des assemblages variés ont donné des résultats surprenants aux lignes pures et contemporaines. » Jamil Bennani Maître ébéniste, architecte d’intérieur, designer, JB Design

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Console suspendue en tataoui et flij.

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VI. Un programme innovant

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INNOVANT

TEMOIGNAGES

Quatrième témoignage

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« Avec ma sœur Fatima, on a eu l’idée de construire un hammam sur le terrain de nos parents, situé au centre du village de Taghjijt. On a été aidés par l’association Assadaqua pour le développement et la coopération qui nous a permis d’accéder à un crédit Mouqawalati, et a mobilisé les fonds supplémentaires auprès de la commune, la DGCL et le POS. L’association et le POS nous ont aussi convaincu d’équiper le hammam d’une chaudière thermique améliorée. Grâce aux panneaux solaires, cette chaudière économise 60 % du bois de chauffe nécessaire, c’est pourquoi nous avons un hammam écologique. On contribue au bien-être de nos voisins, on a réduit la pression de déboisement et on a montré que des jeunes oasiens peuvent s’insérer dans le tissu économique et social du village, l’exil n’est pas une fatalité. Aujourd’hui, le hammam est fréquenté par 50 à 100 personnes par jour, c’est une affaire qui marche. » Mohammed OUMMANE Propriétaire et gérant du hammam écologique de Taghjijt

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VI. Un programme innovant

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INNOVANT

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage

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« Les propriétaires de l’auberge sont de Tata, même s’ils vivent en partie en Italie. C’est un jeune couple qui a voulu doter sa ville d’origine d’une infrastructure d’accueil qui se mette au diapason de la diversité et de la richesse patrimoniale et naturelle. Il y a 12 chambres confortables, une salle polyvalente, une grande salle de restauration, la décoration et l’ameublement sont le fait d’artisans locaux et tous les murs externes sont recouverts de pisé, construction bioclimatique que n’ont jamais renié nos ancêtres, conscients des énormes amplitudes thermiques locales. Il y a beaucoup de jardins avant d’accéder au camping pouvant accueillir jusqu’à 20 camping-cars, alors ils ont opté pour l’utilisation d’énergie solaire pour le pompage. Avec le POS et sa composante MRE, une batterie de panneaux photovoltaïques sera installée qui permettra à l’auberge de réduire considérablement sa facture énergétique et son empreinte écologique. » Ismaïl Ouahmani Gérant de l’auberge touristique Dar Ouanou, Tiguezmirt

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VI. Un programme innovant

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AUTOUR D’UN PROGRAMME INNOVANT

TEMOIGNAGES

Sixième témoignage

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« Nous sommes dix femmes dans la coopérative qui a été créée en 2009 avec l’aide du programme POS et de la Coopération japonaise, mais on ne faisait que du fromage de chèvre, comme ce qui se fait dans beaucoup d’endroits au Maroc. Or ici, on est au pays du chameau, et le POS a fait venir des experts qui nous ont montré comment faire du fromage de lait de chamelle. C’est très difficile, parce que le lait de chamelle est très peu gras, donc très difficile à cailler. Un problème est que le lait vient de troupeaux transhumants pas toujours proches, et que le fromage se vend frais, et ne peut guère dépasser cinq jours. Mais on a réussi à faire un fromage à pâte molle qui est très apprécié et tout de suite vendu, à Assa et à Guelmim, malgré son prix élevé. » Bouchra Janah, Présidente de la coopérative Al Mountada Nissoui, Assa

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Septième témoignage « A la coopérative Qafila, on fait déjà plein de produits artisanaux, vannerie, tapis et même des tentes sahariennes démontables. On est reconnues, le POS nous a fait connaître et aujourd’hui ce sont les clients qui nous cherchent. Avec d’autres filles de la coopérative, on s’est dit qu’il y a aussi d’autres productions de notre patrimoine qui gagneraient à être connues. On confectionne toutes des produits de beauté chez nous, des parfums (rchouch), du khôl, diverses poudres faciales, on sait même fabriquer les coiffes de mariées traditionnelles, les « dafra ». Alors on va créer une nouvelle coopérative, qu’on va appeler Jadla pour fabriquer ces produits de beauté authentiques, on fera comme ça revivre nos traditions. Et puis le COS saura inclure ces produits dans sa gamme cosmétique… » Halima Bardid, Présidente de la coopérative Qafila à Tighmert

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VI. Un programme innovant

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« La tente ne se dresse pas avec le mensonge. » Proverbe touareg

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VII. Un programme crĂŠdible

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Le capital confiance ne se construit pas en un jour. Il est fragile et doit être continuellement consolidé. La reconnaissance dont jouit le POS n’est en somme que la résultante logique et naturelle de l’ensemble des caractéristiques qu’il a su progressivement développer, au quotidien et avec âpreté : la résilience, l’omniprésence constructive dans la fonction d’accompagnement des forces vives des territoires et dans le pilotage des très nombreuses actions impactant le vécu des habitants des zones oasiennes ainsi que la capacité à fédérer, à inclure et à innover.

Une appropriation locale du POS Le premier et le plus important témoin de cette reconnaissance est indéniablement l’appropriation du programme et de ses mécanismes de fonctionnement par les populations locales. Des conseils élus, au vu des résultats positifs des actions démonstratives du POS ont manifesté leur disposition à adhérer au processus partenarial. Ces conseils vont ensuite faire des émules, et d’autres communes vont réclamer avec insistance que leurs territoires bénéficient à leur tour des bienfaits de cette approche du développement territorial. Mieux encore, des communes situées hors de l’aire territoriale d’intervention de l’Agence du Sud, vont faire part de leur souhait d’intégrer le réseau partenarial du POS (communes de Zagora, commune de Sidi Ifni).

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VII. Un programme crédible

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Récapitulatif des fonds mobilisés Budget mobilisé par le POS et non centralisé

Partenaire MDG-F/ FNUAP

462 000 DH

MDG-F/ ONUDI

2 601 600 DH

Véolia

643,72 MDH

2015

(76,38 M$)

DDC :

225 000 $

440 000 DH

Ambassade Japon

1 761 745 DH

FEM/PMF/SEEE

2 769 826 DH

CBA

808 542 DH

Total *

2014

8 843 713 DH

(*) Environ 0,98 M$

641,70 MDH

ES Akka Ighane : Plateforme Tata : Unité PAM Tata : Appui RFE : DDC :

2,8 MDH 2,38 MDH 0,6 MDH 0,2 MDH 200 000 $

2013 633,92 MDH

ES CU Guelmim : ES 3 Communes rurales : ES Assa Zag : Reliquat INDH Assa Zag : Reliquat budget IPED : Fonds additionnel PNUD :

60 MDH 17,1 MDH 7 MDH 0,5 MDH 6,08 MDH 39 642,37 $

Convention cactopole : ES Guelmim : ES Tan Tan : ES Tata : DDC : Fonds additionnel PNUD :

17 MDH 137 MDH 60 MDH 12 MDH 50 000 $ 134 016,53 $

2012 542,90 MDH

2011 315,41 MDH

INDH Assa Zag : 2,1MDH Convention Oum Guerdan : 0,14 MDH WUF : 200 000 $ Convention INDH Tarfaya : 9,8 MDH PDU Assa : 14,8 MDH DDC : 300 000 $ Fonds additionnel PNUD: 100 629,23 $

2010 283,71 MDH

2009 232,59 MDH 2008

AS / FDR (3 provinces): 60 MDH Fonds additionnel AS : 18 MDH BAD : 5 MDH UNIFEM (EG- sexes) : 460 000 $ Ville Agde : 0,64 MDH

145,13 MDH 2007 2006

270

28,48

20,66

Convention LA 21 Asrir : 2,2 MDH Fonds additionnel AS : 4 MDH DDC : 200 000 $ Convention Démarrage du programme :2,55M$

3 conventions PCD (DGCL/AS/Provinces) : 20,5 MDH Convention MRE : 7,0 MDH Convention AS Arfoud : 0,73 MDH Convention Fam El Hisn : 0,7 MDH Convention Tiglit : 2,0 MDH Convention INDH Assa 2010 : 2,6 MDH Convention Akka Ighane : 1,0 MDH Convention FDR Guelmim : 11,33 MDH Fonds additionnel AS Ksar Assa : 4,0 MDH MDG-F UNESCO : 105 000 $ Fonds additionnel PNUD : 46 412,90 $

Conventions tripartites DGCL et provinces : 31,25 MDH Fonds additionnel AS : 42,5 MDH Programme cactus : 20,5 MDH Convention Ksar Assa DGCL/ AS : 8,0 MDH MDG-F (PNUD-UNIFEM) : 9,0 MDH Convention Tata : 0,2 MDH Convention Fam El Hisn : 2,4 MDH Convention Foum Zguid : 0,4 MDH Convention Taghjijt : 0,5 MDH DDC : 230 000 $

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Le POS : un développement quantitatif et qualitatif Si les palmeraies du programmes initial concernaient déjà à elles seules six communes rurales et cinq communes urbaines, actuellement le POS s’ennorgueillit, comme précité, d’un actif partenarial fort de cinquante six communes. L’aire territoriale s’est étendue à son tour et englobe aujourd’hui les provinces de Tan Tan et de Tarfaya. Le portefeuille de projets du POS s’est lui aussi amplement enrichi passant de la dizaine de micro actions initiales à près d’un millier de projets avec un faible taux de projets abandonnés (- 15%). Cette augmentation de projets s’est faite parallèlement avec une multiplication et une diversification des partenaires : il est loin le temps des trois partenaires initiaux, le POS dénombre en 2015 plus de cinquante partenaires financiers et plus de six cents partenaires de mise en œuvre (ONG et porteurs de projets..). En effet, pris dans une dynamique de succès générant des défis de plus en plus élevés, le POS n’a cessé de croître, se nourrissant de ses propres résultats qui ont attiré la contribution de partenaires de plus en plus nombreux et variés.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

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Labellisations et prix Les labels et les prix multiples viennent justement récompenser la forte implication des populations dans l’effort de développement durable de ces territoires, accompagnées en cela par un programme engagé. Le prix « Commune propre » dit avec éloquence les avancées significatives de la commune d’Asrir en matière de protection de l’environnement et de lutte contre toutes les formes de dégradation. Celui des « Eco écoles » raconte à son tour le patient travail de sensibilisation et d’initiation des enfants aux thématiques vitales du développement propre et durable (gestion des déchets solides, gestion de l’eau, efficacité énergétique, plantations, clubs environnementaux...). Plus de dix écoles primaires ont été déclarées « éco- écoles ». Les multiples labels et prix décernés aux produits du terroir, à l’élevage camelin et à l’écotourisme viennent, eux, récompenser la créativité, la rigueur et le suivi opérationnel dont ont bénéficiés ces filières. Quant au fameux ksar d’Assa, un jour menacé d’être rasé au profit d’un belvédère flambant neuf, il verra le minutieux travail de restauration et l’implication de tous au profit de sa réhabilitation, reconnu par sa nomination sur la shortlist du prestigieux prix Aga Khan.

Liste des labels, prix et signes distinctifs 1. Prix du meilleur stand des produits des terroirs du Maroc saharien (SIAM 2012) 2. Prix du meilleur stand élevage (SIAM 2013) 3. Reconnaissance d’Indication Géographique Protégée (IGP) du Keskes khoumassi en 2013 4. Appelation d’Origine Protégée (AOP) pour l’huile d’Ifrane Anti Atlas en cours 5. Médailles du Concours national de dégustation des produits du terroir :

• Medaille d’Or : Rob, Huile d’argan alimentaire

• Médaille d’Argent : Miel Aggaya, Khliaa d’huile d’olive, Keskes khoumassi, Keskes assasi

6. Certification Bio d’Ecocert (certificats Ecocert NOP et EOS):

• Coopérative Wahat Tighmert à Tighmert : produits dérivés du cactus

• Coopérative Taskala à Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek : dattes Bouytoub

• Coopérative Al Batha à Foum Zguid : Henné Bio

• Coopérative Doudrar à Tata : Huile d’argan

• Coopérative Afra à Tata :

• Coopérative Lekhnoug, Ait ouabelli : Henné récolté feuille-à-feuille

(Une vingtaine d’autres produits des terroirs du Maroc saharien sont en cours de certification par Ecocert) 7. Trophée du Tourisme Responsable 2010 (thématique : Développement économique et social). 8. Trois établissements d’enseignement primaire déclarés «Eco-écoles»

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

273


Sa Majesté le Roi Mohammed VI accompagné du Président du Gabon, lors de la cérémonie de remise des labels d’indication géographique (édition 2013 du Salon International de l’Agriculture de Meknès). Le Cluster des Oasis du Sud a reçu le label IGP «Couscous Khoumassi».

Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid remettant au Cluster des Oasis du Sahara le trophée du meilleur stand lors de l’édition 2012 du Salon International de l’Agriculture de Meknès (SIAM).

274

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Certification par ECOCERT du henné biologique de Foum Zguid.

Le trophée du SIAM, édition 2012.

Trophée du Tourisme Responsable 2010 (thématique : Développement économique et social).

Sélection du projet de réhabilitation du Ksar d’Assa dans la short list des candidatures 2013 au prix international Aga Khan Award for Architecture.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

275


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Premier témoignage

276

« Mettre les concepts en action, le pragmatisme du POS :

Droits humains, équité du genre,

gouvernance démocratique, croissance inclusive et adaptation au changement climatique… sont parmi les concepts

et cadres qui ont guidé le POS. La planification locale a permis aux

Plans Communaux de Développement

d’être un cadre fédérateur pour inscrire ces concepts de manière très pragmatique au niveau local. Quand les citoyens sont impliqués dans la

réalisation des priorités qu’ils ont choisies, le mot démocratie a bien un sens pour eux. Les conseils communaux donnent l’espace aux femmes qui ont même créé le premier Réseau des femmes élues. Des femmes sont aussi des partenaires importants dans les projets créateurs de revenus. Gîtes chez

l’habitant et coopératives ne sont plus l’apanage des hommes dans les oasis

du Sud. La résilience au changement climatique fait partie intégrante des PCD et des projets de développement; les modèles innovants mis en place tels que le projet de l’oasis d’Iguiwaz, la gestion intégrée de l’eau, etc. en sont une illustration»

Mourad WAHBA Directeur Adjoint Regional Bureau for Arab States, UNDP, New-York

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième témoignage « Des tournants majeurs et des perspectives prometteuses:

Partant d’un projet pilote, le POS a su très

vite s’adapter pour mieux répondre aux besoins locaux. La première restructuration du projet a repositionné le POS en tant que levier pour

accompagner les capacités des collectivités locales à assumer leur rôle de développement et

de formuler et initier leur Plan Communaux de Développement (PCD). La démarche pragmatique

préconisée « planifier pour la durabilité et agir sur les priorités » a très vite

généré des changements dans la vie des citoyens. Les 8 communes modèles ont pu convaincre et créer une demande de la part de la population et des acteurs locaux. Dès lors il a fallu passer à la phase de généralisation aux 56 communes rurales couvertes par le POS. Un autres tournant majeur qui a permis au POS

de se repositionner comme un levier d’attractivité territoriale et de mobilisation des partenariats et d’investissements conséquents (82 partenaires et 76 millions

de Dollars US mobilisés). Dans sa phase de maturité, le POS est aujourd’hui porté par les leaders locaux et l’élite du terroir qui ont émergé de sa démarche

ancrée sur la démocratie locale et le renforcement des capacités. Contraintes et succès sont autant de leçons apprises que le POS est actuellement prêt à partager avec d’autres territoires dans le cadre de la coopération Sud-Sud. »

El Kebir Mdarhri Alaoui Country Programme Adviser Regional Bureau for Arab States, UNDP, New-York

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

277


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Troisième témoignage

278

« Le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb a coopéré depuis 2007 avec le PNUD et l’Agence du Sud pour le développement du programme POS. Notre mission a été au départ d’apporter des conseils et avis techniques dans les domaines en rapport

avec la culture et le développement dans la région de Guelmim. La concordance

des priorités stratégiques du programme POS avec celles de l’UNDAF du Maroc et des priorités de l’UNESCO nous ont conduit à privilégier le développement d’un

partenariat dans le cadre de la préparation puis de la mise en œuvre du programme

conjoint culture et développement du Maroc financé dans le cadre du MDG-F.

Les cinq Agences des Nations Unies et leurs partenaires nationaux ont opté pour le choix stratégique d’appuyer l’Agence du Sud dans le déploiement de son

action de développement basé sur la culture en zones oasiennes et de faire de la région de Guelmim une région pilote et de convergence pour la réalisation de ce

programme qui fut mené entre 2008 et 2012. Ce partenariat fut réussi comme le démontrent les multiples réalisations accomplies grâce au professionnalisme et

à la persévérance de la dynamique équipe du POS. Nous disposons désormais au

Maroc d’exemples pratiques et visibles de la réussite de la mise en rapport de la culture avec le développement. Ces réussites qui ont été présentées aussi bien

à la Conférence générale de l’UNESCO qu’au Siège des Nations Unies à NewYork assurent une grande visibilité et un rôle de leadership pour le Maroc dans le

domaine de la culture et du développement. Ceci a été concrétisé par le choix par

les Nations Unies du Maroc comme seul pays arabe pour mener une consultation

nationale sur les liens entre culture et développement et les modalités de prise en compte de la culture dans les Objectifs du Post-2015.

La contribution du POS à tout ce processus a été déterminante et la dynamique de développement exemplaire qu’il a développée mérite d’être connue, reconnue et pérennisée. »

Michael T.L. Millward Représentant de l’UNESCO pour le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et la Tunisie, Directeur du Bureau multipays de l’UNESCO à Rabat

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Quatrième témoignage « Les oasis par la présence de l’eau affleurante, ont toujours joué un rôle

important dans les routes commerciales du sud vers le nord, Marrakech d’abord et la Mecque beaucoup plus loin… Les voyageurs y trouvaient de quoi se

restaurer et se désaltérer. Les oasis étaient le foyer d’établissements humains

très importants dans le désert, avec une production agricole non négligeable, souvent en étroite association avec l’élevage transhumant. Les oasis sont des

espaces dépendant de la disponibilité de l’eau et mis en culture par irrigation, avec des canaux (séguias) gérés de manière collective et traditionnelle. Les oasis

n’existent qu’en fonction de la présence humaine, et quand elles se dépeuplent, elles meurent par ensablement

Le Maroc conscient aujourd’hui de la fragilité des oasis et de leurs populations

ancestrales a souhaité enrayer leur déclin et a fait appel aux Nations Unies pour une active collaboration axée sur le développement humain

Pour sauvegarder la vie en oasis, des programmes ambitieux et complexes tels que le Programme Oasis Sud ont été mis en place depuis une dizaine d’années, avec

un succès croissant. Le but est de protéger la vie typique des habitants dans

leurs oasis ancestrales en rentabilisant leurs cultures agricoles productives, essentiellement le palmier dattier, mais aussi et surtout en valorisant leurs traditions et leur style de vie si précieux dans un contexte de développement durable diversifié. »

Emmanuel Dierckx de Casterlé Représentant Résident PNUD Maroc (2002-2006)

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

279


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Cinquième témoignage « De par son importance et son ambition, le Programme Oasis Sud s’inscrit dans une perspective de développement durable. Personne n’en doute aujourd’hui dans les provinces du Sud du Royaume. Personnellement, je suis admiratif des

actions de préservation des écosystèmes oasiens, de valorisation des atouts et potentialités du territoire, de génération de revenus et d’emplois, de promotion de

l’économie sociale et de développement de l’écotourisme. Au niveau de la province de Guelmim, les élus et la population locale accordent un intérêt particulier au POS et notre partenariat sérieux et crédible ne fait que témoigner de cette implication eu égard aux objectifs et aux réalisations axés essentiellement

sur le développement humain. A ce

propos, je souhaiterais exprimer ma reconnaissance aux efforts déployés au quotidien par l’Agence du Sud. J’espère

que la dynamique économique engendrée par ces actions pourra se généraliser à une échelle globale du territoire de la province. »

Mohamed BELFQIH, Président du Conseil provincial de Guelmim

Sixième témoignage « La mise en œuvre du POS en 2006 au niveau de la province de Tata a

coïncidé avec le démarrage effectif des actions de lINDH. La province a donc

connu l’enclenchement d’une dynamique basée sur de nouvelles approches de développement territorial. Le POS a permis l’ancrage des outils de bonne gouvernance au niveau de sa zone d’intervention et ce à travers des actions de proximité, (renforcement tissu

des

associatif,

des

capacités élus

du

locaux,

et des autres intervenants au niveau

local). La généralisation du processus d’élaboration des PCD pour l’ensemble des communes de la province, opération

appuyée par le conseil provincial, a donné une nouvelle impulsion au développement territorial. »

Mustapha TADOUMANTE, Président du Conseil provincial de Tata 280

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Septième témoignage « Au début, quand on m’a parlé d’une tente officielle pour le moussem de

Tan Tan, j’ai tout de suite adhéré au projet, vu que sa dimension patrimoniale ne pouvait qu’apporter une grande plus-value au moussem, qui met à juste

titre la tente sahraouie à l’honneur. Néanmoins, quand le projet nous a été présenté officiellement par le POS, je n’ai pas caché ma méfiance quant aux aspects techniques et au calendrier d’exécution. Les équipes techniques et opérationnelles du POS nous ont convaincu de la possibilité de mettre en place

ce projet dans les délais requis. Nous avons alors apporté tout notre soutien à ce grand chantier.

Je rappelle ici que l’une des idées fortes, à la base de la réussite de ce projet, est la grande dynamique induite au niveau régional et local de ce projet. L’ensemble

des acteurs locaux y a été associé. Nous nous sommes sentis impliqués dans la conduite et le pilotage du projet et cela nous a responsabilisé davantage pour

accompagner le POS. La tente officielle du moussem de Tan Tan est pour nous, élus de cette province, un modèle parfait de convergence et un cas d’école pour une économie sociale et solidaire exemplaire. La tente est aussi considérée comme

une plus-value pour l’artisanat local et le savoir-faire ancestral. Je souhaite que cet esprit créatif soit maintenu, générant d’autres projets bénéfiques pour le territoire de Tan Tan. »

Ali GUERMOUN Président du Conseil provincial de Tan Tan

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

281


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Huitième témoignage « L’agence du Sud, avec l’appui de ses partenaires locaux, a réussi à mettre en place une grande dynamique locale ayant contribué à renforcer le processus démocratique, la gouvernance locale et l’égalité des chances.

Fruit de cette dynamique, le programme Oasis Sud marque un arrêt avec les approches passées et constitue un tournant décisif dans la planification

stratégique, la conception et la réalisation des projets qui se font actuellement

selon un large processus de concertation et de partenariat, mettant l’élément humain en avant. C’est aussi un exemple à suivre en matière de mobilisation des

ressources et de partenariats. A en juger à travers l’importance du portefeuille

de projets mis en place. Les réalisations si nombreuses constituent, par ailleurs, un gisement de « cas de réussites » dans de nombreux domaines et thématiques : planification communale, écotourisme, produits de terroir, artisanat, etc. Il s’agit d’un programme qui a su concevoir, tester et mettre en place de nouvelles visions et approches et innovations de développement

territorial

durable,

qui

accordent la place de choix à l’élément

humain, et ce en exécution des Hautes Orientations

Royales. »

Rachid TAMEK, Président du Conseil Provincial d’Assa Zag

Neuvième témoignage « Tous les acteurs locaux souhaitaient

une tente traditionnelle pour la neuvième édition

du

moussem

de

Tan

Tan.

La

réalisation de ce projet a permis de regrouper plusieurs associations et métiers féminins et ses impacts sont nombreux. Ce projet

témoigne de l’efficacité de l’approche de

participation et de concertation suivie. Il a

aussi montré le rôle joué par le POS pour organiser et suivre ce chantier important. Nous

souhaitons

mettre

en

nouveaux projets similaires. »

place

de

Mohamed ABAHNINI, Président de la commune de Ben Khlil 282

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Dixième témoignage « En 2003, nous avions constitué une association de développement agricole et de protection de l’environnement, en raison de nos soucis de

préserver un patrimoine naturel dominé essentiellement par le cactus.

Une ressource importante pour les sols et pour la faune. En 2007, une dynamique nouvelle a été initiée avec le POS par la signature d’une convention de partenariat qui a permis le désenclavement des sites de

cactus, la protection d’une réserve d’un millier d’hectares de cactus par

la construction d’un mur de clôture en pierres sèches et la création de points d’abreuvement du gibier. Nos ambitions développées par le

POS n’ont cessé de croître et nos doléances incessantes nous ont permis de signer une deuxième convention de 3 Millions de Dirhams en

partenariat avec l’Agence du Sud et le ministère de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire et dont l’objectif est la création d’un bivouac au sein de l’espace de cactus, pour le développement de

l’écotourisme. Sur la base du PCD de la commune, un nouveau programme d’économie sociale a été

lancé avec l’Agence du Sud, dont la commune a pu bénéficier d’environ 6,3 Millions de Dirhams. »

Rguibi Gendali, Président depuis 2009 de la commune rurale de Labyar

Onzième témoignage « Le projet de réalisation d’un grande khayma officielle

pour le moussem de Tan Tan a insufflé une véritable

dynamique dans la ville et la province de Tan Tan. Les répercussions du projet sont nombreuses, notamment

en termes de préservation et de valorisation du savoirfaire des femmes, mais je tiens à souligner que cette

opération a bénéficié directement à 102 femmes de la

province, dont 74 étaient occupées dnas le tissage des

flij et 28 dans le tissage des hsaira. Le POS est un

partenaire crédible doté d’une vision structurante et participative du développement. »

Taib ABAHNINI, Vice-président de la Commune Urbaine de Tan Tan

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

283


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Douzième témoignage

284

« Avec l’appui du POS, nous avons pu instaurer une nouvelle dynamique qui s’est traduite par une forte mobilisation des associations féminines dans les

cinq douars de la commune. Ces associations n’étaient pas uniquement des

bénéficiaires du programme, mais aussi des partenaires. En effet, elles ont réussi plusieurs actions malgré l’insuffisance des connaissances de certains porteurs de projet en matière de gestion administrative et financière.

La majeure partie des activités du programme dans la zone a concerné les femmes

et les jeunes, on peut citer entre autres, dans ce cadre, les projets d’élevage D’man, introduit dans la commune depuis 2006, l’unité de conditionnement de dattes Taskala, dont les produits sont commercialisés au niveau local, national

et dans les différentes foires à l’échelle nationale et internationale, le foyer

féminin Tifaouine, la promotion touristique et la préservation du patrimoine matériel et immatériel, sans oublier l’appui apporté par le POS aux autres produits locaux, tel que la vannerie, le couscous, les PAM...

Adoptant la même approche, nous avons réussi l’implication et l’appropriation

des projets par leurs porteurs, et aussi la forte mobilisation de l’ensemble des

couches sociales de la commune lors du processus de l’élaboration du Plan

Communal de Développement. Apres l’adoption du PCD par le conseil communal et avec l’appui du POS et de l’Agence du Sud, nous avons initié, avec succès, le

développement de partenariats et la mobilisation de fonds pour la mise en œuvre des projets prioritaires de la commune. »

Hassan IHIRI, Président de la Commune rurale de Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Treizième témoignage « Je suis Président du Conseil communal de Targa Wassay depuis

2009. En effet, c’est ma première expérience politique après avoir servi en tant qu’enseignant au Ministère de l’Education Nationale.

Il est à noter que l’expérience du POS au sein de cette commune a commencé bien avant que je n’arrive, et ce, à travers la convention de partenariat établie dans le cadre du programme cactus et qui a permis

de mettre en œuvre des actions de développement de la filière cactus

dans la zone. Depuis mon arrivée, tous les membres du conseil ont exprimé leur souhait de chercher de nouveaux partenariats avec le POS afin de déclencher des actions de développement local. Ce souhait

émane de l’expérience spectaculaire au sein des communes voisines

telle que la commune d’Asrir. Les membres du conseil étaient à la recherche d’un encadrement approprié et de l’expérience avérée du POS dans le domaine du développement territorial.

Après avoir contacté les responsables locaux et centraux du POS, la commune a pu bénéficier

d’une convention multi-partite (POS, Ministère de l’habitat et de l’aménagement du territoire et 4 communes rurales de la province de Guelmim). Une convention financée dans le cadre du FDR en 2010 dont le montant qui revenait à notre commune est de 1,8 MDH, dédié principalement au

développement de la filière cactus et à la gestion des déchets solides. Cette convention a donné une impulsion au développement local : construction d’un abri de collecte des fruits de cactus, acquisition d’une camionnette benne, équipements nécessaires à la gestion des déchets solides. Le

POS et ses partenaires ont fait preuve de flexibilité de programmation, en approuvant l’utilisation de fonds non utilisés pour de nouveaux projets d’une valeur d’environ 800.000 DH, visant l’adduction d’eau potable au profit d’environ 80 foyers.

Je dois également souligner le rôle incontournable du POS dans l’opération d’encadrement des

fonctionnaires du conseil communal pour l’élaboration du Plan Communal de Développement. Grâce au PCD, la population de la commune de Targa Wassay, représentée par la société civile et les élus, s’est appropriée la démarche de planification. Actuellement, la commune dispose d’un outil

de planification stratégique qui lui permet une meilleure visibilité du développement territorial local.

C’est ainsi qu’un programme prioritaire d’économie sociale fût élaboré, avec une première tranche de 6 projets en cours d’exécution.

Dans ce même contexte, je profite de l’occasion pour saluer les efforts déployés par l’équipe

locale du POS dans l’accompagnement de la commune durant toutes les phases du programme et sollicite d’accélérer davantage le rythme de mise en œuvre. Enfin, je tiens à remercier vivement, en

mon nom personnel et au nom de tous les élus, le Directeur général de l’Agence du Sud, ainsi que les coordinations locale et nationale du POS qui n’épargnent aucun effort pour venir en aide à notre commune dans le domaine du développement territorial. »

Mohamed Baalat, Président de la Commune rurale de Targa Wassay

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

285


AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Quatorzième témoignage « La municipalité de Zag a eu l’honneur d’accueillir le comité de démarrage du

programme POS à ZAG en 2007. Depuis ce jour, le programme a fait quelques

initiatives notamment en matière d’énergie renouvelable, de lutte contre l’érosion, d’activités génératrices de revenus, ainsi que le PCD de la municipalité de Zag.

Cependant, ces efforts restent pour nous limités par rapport aux besoins de la

municipalité, nous recommandons donc le déploiement de projets supplémentaires par le POS dans l’avenir. »

Abou El Kacim EL OUAFI, Vice-Président de la Municipalité de Zag

Quinzième témoignage « La commune rurale de Labouirat était une

commune non ciblée par le Programme Oasis

Sud depuis 2007. En tant que président de

la commune, j’ai demandé plusieurs fois son intégration comme territoire cible du POS car j’ai vu l’expérience du programme et la dynamique créée au niveau des communes ciblées.

En 2010, nous avons commencé le partenariat avec le POS par le biais de l’INDH. Puis en

2012, nous avons démarré le processus du PCD avec le POS, qui nous a permis d’élaborer une vision pour le développement de la commune. C’est également une vision de partenariat avec le POS dans l’avenir. »

El Kherchi El kentawi, Président de la Commune de Labouirat

286

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Seizième témoignage « Presque toutes les oasis du Maroc sont connues pour leur henné, mais je crois que le henné de Foum Zguid est le meilleur.

La coopérative Al Batha regroupe dix agriculteurs engagés dans une démarche de valorisation du henné. En 2008, avec l’appui du POS, on s’est engagés dans un processus de conversion

à l’agriculture biologique, en adoptant un nouveau système d’irrigation en passant du gravitaire au goutte à goutte. Comme ça, on a une culture à haute valeur ajoutée, qui

permet aux agriculteurs d’améliorer leurs revenus, et en même temps on préserve les ressources en eau de l’oasis.

Depuis le mois de mai 2010, la certification Bio a été accordée à la coopérative. Nous

avons donc été les premiers au Maroc à produire du henné Bio. Aujourd’hui, il existe de nombreuses possibilités pour vendre ce

henné, que ce soit localement, au niveau

national ou international. Cette culture, avec sa spécificité biologique, nous assure

de nouveaux marchés, et je crois que ce mode de conduite devrait être étendu à l’ensemble de l’oasis. »

Abdallah Bouchihab, Président de la coopérative Al Batha, Foum Zguid

Parcelle de henné irriguée au système de goutte -à-goutte.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

Inspection de la récolte stockée sous ombrière.

VII. Un programme crédible

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AUTOUR D’UN PROGRAMME CRÉDIBLE

TEMOIGNAGES

Dix-septième témoignage

288

« Les ressources financières de notre commune sont très limitées, tandis que les attentes de la population locale sont importantes. Mais ce n’est pas uniquement ce besoin de financement qui a motivé notre partenariat avec le Programme Oasis Sud.

C’est aussi le professionnalisme de l’équipe

du POS. L’appui du POS dans le processus d’élaboration du PCD de la commune en 2010, a en effet permis une grande participation de la population et des différents acteurs locaux du développement.

Le conseil communal a par la suite développé

le partenariat avec l’Agence du Sud et le

programme pour réaliser plusieurs actions

prioritaires. Ces dernières ont généré une grande

mobilisation de la société civile, notamment les ONG (associations et coopératives).

La dynamique qu’a connu la commune ces dernières années, était essentiellement constituée

d’actions

orientées

vers

les

couches

sociales

démunies,

particulièrement les femmes et les jeunes : projet câpres, projet tentes, crèche,

élevage avec le fonds renouvelable... La réussite de ces actions doit beaucoup à l’appui de l’Agence du Sud et du POS, localement et au niveau central. »

Kaltouma AIT MOULAY M’HAND Vice-Présidente du Conseil municipal d’Akka Ighane

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Les câpres cueillies par les jeunes filles d’Akka Ighane sont soigneusement nettoyées, triées et calibrées. Conservées en saumure, ces câpres sont essentiellement destinées à l’exportation (France, Espagne et Italie).

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VII. Un programme crédible

289


« Il faut creuser les puits aujourd’hui pour étancher les soifs de demain. » Proverbe beydane

290

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


VIII. Un programme d’avenir

291


292


Plus qu’un souhait, une vision En plus de huit années de présence, le POS a accumulé une connaissance de terrain riche de centaines de projets mis en place, qui sont surtout autant d’expériences de partage et de complicité avec les populations locales. En près d’une décennie, le programme a changé le visage d’un territoire et la connaissance de ce territoire a transformé l’approche du programme, qui a appris de ses succès comme de ses échecs. Le territoire est en constante mutation et le programme l’accompagne, en mettant régulièrement à jour sa base de données d’études analytiques, en l’approfondissant, comblant les lacunes et mettant à jour les chiffres obsolètes. Ce travail de perpétuelle remise en question permet la grande élasticité du POS, qui s’adapte à tout nouveau contexte, et identifie en permanence de nouvelles opportunités. Aujourd’hui, alors que sa mission initiale de revigoration des oasis du Sud a été largement accomplie, le programme ne sombre pas dans l’autosatisfaction pas plus qu’il ne présente de symptômes de lassitude. Au contraire, son énergie semble renouvelée avec la conception d’une nouvelle gamme de projets, autant de défis d’un avenir pour lequel on pose dès aujourd’hui les jalons du succès.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VIII. Un programme d’avenir

293


294


Une territorialisation des filières anciennes et nouvelles Le POS poursuit son travail minutieux d’identification des ressources et potentialités de la région, traduites en produits du terroir spécifiques et originaux. Mais, qu’il s’agisse de filières établies ou nouvellement définies, leur structuration obéit désormais à un principe fondamental qui ne pouvait être mis en application qu’après l’analyse soutenue de nombreuses études de terrain. En effet, le mot d’ordre pour l’avenir est de territorialiser et bien dimensionner les unités de valorisation à mettre en place. En ce qui concerne les huiles alimentaires, par exemple, le même principe de création d’une unité principale accompagnée d’unités satellites de prétraitement sera mis en place, centré sur Ifrane de l’Anti-Atlas pour l’olive et Bouizakarne pour l’Argan. La localisation des unités satellitaires a été détaillée, et les master plans des unités principales ont également été établis, la production d’huiles alimentaires - et cosmétique pour ce qui est de l’Argan - d’une qualité digne de labelliser la région avec brio est une question d’avenir immédiat.

Une coopérative de production d’huile d’olive à Ifrane de l’Anti-Atlas.

Emballage estampillé «Cluster des Oasis du Sud» d’une huile d’Argan alimentaire de la région de Tata.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VIII. Un programme d’avenir

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Les miels du désert, aussi inattendus que rares et endémiques, seront également fédérés autour d’une unité centrale située à Tiglit, au pied du Jbel Guir avec ses champs d’euphorbe, et à quelques dizaines de kilomètres des steppes à Acacia ou Tamarix des provinces de Guelmim et d’Assa. Au-delà du miel récolté sur place, de nouveaux produits à haute valeur ajoutée y seront conditionnés, tels que la gelée royale ou le propolis. La filière cameline, par ailleurs, justifie à elle seule la mise en place d’un sous-programme avec des équipes entièrement dédiées. Véhicule identitaire de toute une région, cet animal a longtemps symbolisé le prestige plutôt que la valeur commerciale. Ses usages pourtant sont multiples et variés. Ses débouchés dans les produits du terroir carnés ou lactés, l’artisanat de son cuir et de ses poils, son utilisation en méharée touristique ne sont qu’une partie du large spectre de son exploitation. Une note de synthèse a été établie pour initier un vaste programme d’action qui devra mobiliser des partenaires nationaux et internationaux du secteur de l’agriculture. De nouvelles filières ont par ailleurs été identifiées, et ne demandent qu’à être mises en œuvre sur le terrain : • la filière équine, à l’instar de la filière cameline, offre un large éventail de possibilités, même si les ordres de grandeur sont à des échelles incomparables, le cheval étant largement moins répandu dans la région. Toutefois, elle procède du même principe de fierté identitaire, et une grappe de projets allant du renouvellement du cheptel à la revitalisation de tous les métiers annexes (maréchaux-ferrants, selliers, harnacheurs…) a été conçue. • la filière des plantes aromatiques et médicinales, qui a jusqu’ici fait uniquement l’objet de quelques jardins d’essai d’acclimatation, a aussi été l’objet d’études concrètes. Celles‑ci ont débouché notamment sur la conceptualisation détaillée d’unités de transformation spécialisées, telles que pour le conditionnement de gomme arabica à Fam El Hisn ou la distillation d’huile essentielle d’armoise à Tata. • Le cactus, dont la valorisation multiscalaire a fait l’objet d’un sous-programme dédié débouchant sur le concept du cactopôle, offre lui aussi de nouvelles perspectives d’avenir. Un projet industriel privé table sur l’utilisation de ses raquettes pour la production de biodiesel, nouvelle source d’énergie propre qui pourra alimenter les transports publics de nombreuses grandes villes du Sud du Royaume.

296

Programme Oasis Sud - une expérience marocaine de développement durable


Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VIII. Un programme d’avenir

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Une nouvelle échelle de développement Après avoir semé des unités de produits du terroir sur cinq provinces distantes de près de huit cent kilomètres aux points les plus éloignés, le temps de la rationalisation de la récolte est venu. A travers différents groupements d’intérêt économique ou du Cluster des Oasis du Sahara (COS), cette production variée et diffuse est certes déjà en partie fédérée dans sa commercialisation. Toutefois, le succès rencontré par plusieurs de ces produits du terroir auprès d’un public tant local que régional, national et international, invite à une réflexion sur les voies de production à plus grande échelle. C’est ainsi que sont nés les concepts du cactopôle de Ouaâroune à Asrir et de l’agropôle de Fam El Hisn. Le cactopôle dérive son nom du cactus, unique ressource naturelle présente en quantité pléthorique dans cette région aride. Il s’agit d’un quartier industriel d’excellence, initialement prévu pour la valorisation de ce seul or vert, le figuier de Barbarie. Localisé stratégiquement le long de la route nationale N°1, à un kilomètre de la station de traitement des eaux usées de la ville de Guelmim, regroupant des unités de transformation complémentaires, il a été conçu pour accueillir également la recherche expérimentale appliquée, et tous les services nécessaires au fonctionnement d’une zone d’activités prévue sur 25 hectares d’une assiette foncière mise à disposition. Une convention à partenariat multiple, impliquant plusieurs ministères, a déjà permis la viabilisation d’une première tranche de dix hectares de terrain, prête à recevoir les investisseurs privés. Le POS réfléchit aujourd’hui au mode de gestion des lots à attribuer, pour aider la commune d’Asrir à gérer ce nouveau patrimoine. Toutefois, durant les trois années écoulées entre l’étincelle de départ qui paraissait une utopie sympathique et la livraison d’un lotissement équipé et aménagé, les résultats du POS sur le terrain des produits du terroir a permis d’élargir le concept du cactopôle, qui s’ouvre désormais à plusieurs filières locales autres que le cactus, en se proposant d’héberger des unités fédératrices de leur production.

Deuxième partie : lecture analytique du Programme Oasis Sud

VIII. Un programme d’avenir

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Plusieurs projets d’unités d’envergure ont été dûment pensés et calibrés : Un atelier de conditionnement des produits du terroir de la marque Nadweyya du Cluster des oasis du Sahara (COS), un showroom, une unité de fabrication d’aliment de bétail à base de cactus et produits oasiens, une minoterie fournissant des farines de qualité aux coopératives de couscous, les locaux d’une pépinière pour les jeunes entrepreneurs de la région. Un budget d’amorce de près de 10 millions de dirhams a également été mobilisé pour initier les constructions de ces unités. Les investisseurs privés trouveront ainsi auprès du POS des idées longtemps réfléchies, un encadrement à la longue expérience, et la facilitation auprès des autorités locales. Pour s’installer dans le cactopôle de Ouaâroune, il leur suffira de choisir parmi les projets formulés ou ceux préconisés et pressentis, tels qu’une unité de transformation des produits laitiers et carnés camelins, ou des unités agrégatives de la production de miel, de henné, de dattes, de maraîchage, d’huiles alimentaires, ou de bien d’autres produits du terroir à l’échelle d’une région.

Une cliente des produits Nadweyya du COS.

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Une nouvelle coopérative paie sa cotisation pour rejoindre le tour de table de la société COS Social Business (2012).

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L’agropôle de Fam El Hisn est issu d’une autre logique, géographique. Fam El Hisn est le point nodal à la croisée des chemins menant à Tata, Guelmim ou Assa. C’est donc un lieu stratégique de concentration des flux venant d’une multitude d’oasis environnantes, toutes synonymes de production dattière. Alors que le POS avait déjà installé trois unités communautaires de stockage et valorisation des dattes à Taghjijt, Kasbat Sidi Abdallah Ben M’barek et Tata, leur capacité cumulée atteint à peine les cinquante tonnes à l’année. L’unité semi industrielle de valorisation des dattes, socle principal de l’agropôle de Fam El Hisn, en traitera à elle seule autant. Le second socle de cet agropôle sera constitué d’une unité de valorisation du maraîchage beldi, alimentée principalement par la production de l’oasis attenante d’Icht, connue et réputée pour la qualité de ses semences beldi originelles, naturelles et locales. Ces deux unités semi industrielles, répondant aux normes ONSA, seront gérées de façon professionnelle, avec un encadrement de bureau d’études spécialisé, le POS tirant ici la leçon de ses erreurs du passé. Cet agropôle est le fruit d’un long travail d’identification des potentialités et de dimensionnement adéquat des unités par les équipes du POS, mais aussi l’expression de la matérialisation d’un nouveau concept national de gouvernance, le plan de développement urbain. Grâce aux capacités de lobbying du maire local, un budget d’une dizaine de millions de dirhams a été mobilisé auprès de différentes institutions d’Etat (Agence du Sud, DGCL, ministères de l’habitat, de la jeunesse et des sports, collectivités locales, ONEP...), et l’avenir est déjà vu en grand : Aux deux unités principales viendra s’ajouter une unité de valorisation des plantes aromatiques et médicinales, visant principalement la gomme arabique tirée des nombreuses forêts d’Acacia environnantes, qui constituera une première sur le plan national voire mondial, et une minoterie qui pourra tirer profit de l’exubérance des limons du Draâ voisin, à la production de blé tendre et d’orge aussi généreuse que patrimoniale.

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Une stratification des structures de commercialisation Le programme a identifié des dizaines de produits du terroir, dont l’originalité le dispute bien souvent à la saveur. Certains d’entre eux ont même été une révélation pour la population locale, mais l’accès du grand public à ces nouveautés nécessite une logistique de distribution et de commercialisation dépassant les capacités des unités de production ponctuelles. Parce que l’union fait la force, et parce qu’il s’agit de faire émerger une image de qualité à l’échelle d’une région, le Cluster des Oasis du Sahara (COS) a été créé par le programme, et doté d’équipements et de moyens pour assurer un rôle d’interface entre le producteur et le consommateur final. Ce cluster fédère près d’une centaine d’unités de produits du terroir de toute la région, et assure la promotion et la commercialisation de leur production. Ce processus est déjà en marche à travers la mise en vente d’une ligne variée de produits alimentaires, conditionnés dans des emballages uniformisés et haut-de-gamme, sous l’ombrelle de la marque déposée Nadweyya, qui se propose à terme d’inclure tous les produits du Maroc saharien. Car si le passé du programme a été synonyme de mise en production, la commercialisation ciblée et calibrée est le défi du futur. Cela passera d’abord par l’inclusion dans la gamme Nadweyya de nombreux nouveaux produits, tels que les dérivés carnés et laitiers de la filière cameline, la gelée royale et le propolis de la filière apicole, ou les essences des plantes aromatiques et médicinales. Mais cela impliquera aussi l’extension de la marque Nadweyya aux nombreux articles cosmétiques également produits par des coopératives membres du COS. A l’image de ce que fait le COS pour les produits alimentaires et cosmétiques, les filières artisanales vont également être structurées en groupements d’intérêt économique et fédérées dans un cluster dédié. Le travail de conception de nouveaux produits, réalisé par six artistes designers de Rabat sera articulé en produits standardisés, aux normes qualitatives de production les plus strictes, et étudiés pour entrer en adéquation avec les besoins des marchés ciblés.

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Le premier point de vente des produits de terroir du COS mis en service à Guelmim dès juillet 2012.

Présentation de la ligne cosmétique Alaya du COS lors de l’édition 2013 du Salon International de l’Agriculture de Meknès.

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Ces deux clusters travailleront également en étroite collaboration avec l’ASTOS, réseau des professionnels du tourisme de la région, pour garantir l’établissement d’une imbrication de l’image de marque des destinations comme des productions de toute la région. Après l’ouverture d’un premier magasin pour les produits Nadweyya dans le chef-lieu de région, Guelmim, dès 2011, et d’un second à la marina de la capitale du Royaume, Rabat, en 2014, les projections futures appartiennent aux audacieux. Marrakech ? Paris ? Dubai ? Autant de possibilités d’avenir... En attendant, le futur proche et conventionné va aussi aménager le souk de Tata, afin de recaser dignement sa centaine de marchands d’artisanat ambulants.

Point de vente des produits du terroir du COS à la Marina du Bou Regreg à Rabat.

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Un jeune porteur de projet du Ksar d’Assa reçoit un groupe de touristes.

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La mise en valeur du patrimoine et la mise à niveau de l’écotourisme Après huit ans de mise en évidence du patrimoine et de mise en valeur touristique des atouts de la région, le POS continue de se projeter dans la promotion de nouvelles niches. Le patrimoine juif marocain en est une, dans une région qui a connu des royaumes pluriséculaires et une population hébraique qui a fait partie intégrante de la culture des oasis locales. Avec la présence de plusieurs tombeaux de saints et de nombreux sites de pèlerinage pour les juifs du monde entier, la région recèle de grandes possibilités pour la mise en place d’un circuit du souvenir à offrir aux enfants d’émigrés marocains de confession juive. Un autre projet est celui de la création d’un musée à Guelmim dédié aux mondes oasiens et transhumants et s’inscrivant dans la logique de réseau de musées du Maroc Saharien mis en place par l’Agence du Sud. Une autre idée sur le point d’être matérialisée consiste en la création d’un grand bivouac modulaire, qui sera installé dans la commune littorale et saharienne d’El Ouatia (province de Tan Tan). Constitué de dizaines de tentes de diverses tailles, il pourra également mobiliser tout ou partie de cet équipement à l’occasion de la tenue de moussems ponctuels dans l’ensemble des provinces du Sud du Royaume. La mise à niveau de l’écotourisme de la région, défi majeur d’avenir, est une tâche qui incombera à l’association touristique des oasis du Sud (ASTOS), créée et appuyée par le programme POS. Au-delà de la restructuration programmée de l’ASTOS selon une approche synergique et trans-thématique de recoupement avec les filières de l’artisanat et le COS, les chantiers sont en effet nombreux. Il s’agira d’abord de mettre à niveau l’offre touristique, et cela passera par de nombreuses formations. Un transfert de savoir-faire est ainsi prévu pour les gîteurs et aubergistes qui devront bénéficier des recettes élaborées par de grands chefs cuisiniers de Casablanca, à partir de produits des terroirs oasiens et sahariens.

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Un accompagnement systématique se fera pour tous les membres de l’ASTOS, anciens et nouveaux, afin d’amener leur produit touristique à un niveau aux normes des exigences de différents labels de qualité, tel que le classement en « clé verte ». La promotion de tous ces produits, reliés entre eux en grappes aussi cohérentes que fonctionnelles, sera également du ressort de l’ASTOS, que le POS conçoit en véritable porte-étendard de l’écotourisme de toute une région. L’ASTOS sera ainsi responsable autant de la mobilisation de fonds nécessaire aux actions de sensibilisation et de marketing (édition de diverses brochures, topoguides, dépliants, participation à des foires), que de la mise en vente des différents produits touristiques identifiés et fédérés. Le rôle d’un programme qui a su révéler tous ces produits touristiques sera, à l’avenir, de promouvoir et encadrer leur commercialisation auprès du grand public national comme international, en veillant en particulier à la mise à niveau des structures touristiques de toute une région, à travers la mise en place d’un fonds pour la promotion de l’écotourisme.

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La documentation et le marketing territorial Le POS a eu le mérite de révéler à la population locale une multitude de richesses, et son accomplissement majeur a été de démontrer comment ces richesses peuvent être valorisées. Car le POS n’a pas assuré un développement « classique », basé sur « l’exploitation » de ressources, mais a bel et bien valorisé des richesses souvent insoupçonnées. L’aventure du POS s’est conjuguée au passé et au présent, elle va s’écrire encore au futur. Le déroulé de cette dynamique mérite de pouvoir être suivi en temps réel, et le meilleur outil pour cela sera mis en place à travers la réalisation d’un portail internet dédié au développement durable, ouvert au grand public et aux opérateurs de développement. Et pour faire connaître au monde ce territoire que le programme a révélé à ses propres habitants, toute une panoplie de supports de communication reste à compléter. Une brochure de présentation pour attirer les investisseurs du cactopôle est ainsi en chantier, alors que des topoguides présentant exhaustivement plusieurs communes oasiennes sont en cours d’élaboration. Le programme a déjà contribué à la collection « Histoire et sociétés du Maroc saharien » de l’Agence du Sud à travers plusieurs beaux livres, tels que ceux relatant les oasis de Tata, le moussem de Tan Tan, ou les produits des terroirs du Maroc saharien, et continuera à en produire, à l’image de l’ouvrage sur Khenifiss actuellement en cours d’achèvement. Et pourquoi pas un livre consacré exclusivement à la genèse et à la perpétuelle réinvention du programme lui-même ? Vous le tenez entre vos mains.

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Ministère de l’Intérieur Direction Générale des Collectivités Locales

Drylands Development Centre

56 Communes Urbaines et Rurales

Conseil Régional de Guelmim - Es Semara

Province de Tarfaya

Province de Tan Tan

Province de Guelmim

Province d’Assa-Zag

Ville d’Agde

Province de Tata

Commune de Portiragnes

Entraide Nationale

BSF


Ministère de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire

Ministère Chargé de Marocains Résidant à l’Etranger et des Affaires de la Migration

Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime

Ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie Numérique

Ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement superieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique

Ministère de l’Artisanat, de l’Economie Sociale et Solidaire

Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires

Coopération japonaise

Centre Régional d’Investissement de la Région de Guelmim - Es Semara

Office Régional de Mise en Valeur Agricole d’Ouazazate

Porteurs de projets 33 associations 158 coopératives 4 fédérations 14 sociétés 108 promoteurs

Ministère du Tourisme

Ministère de la Culture

Amis d’Ifrane Atlas Saghir

TOUrisme Solidaire Su d

Académie Régionale de l’Enseignement et de la Formation

Chambre de l’Agriculture de la Région de Guelmim - Es Semara


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